Istanbul : Le Centre qui a Dévoilé les Plans Profonds Européens

Istanbul : le Centre qui a Déjoué les Complots Profonds Européens

L’État profond britannique savait qu’Istanbul était un centre important qui perturbait les équilibres en Europe. Ils croyaient également que leurs projets n’aboutiraient jamais tant que les Turcs contrôleraient Istanbul, ils voulaient donc déposséder les Turcs d’Istanbul, des détroits et de la Thrace. Ils étaient persuadés qu’une administration turque sans Istanbul n’aurait plus son mot à dire sur les questions européennes.

L’État profond britannique a toujours choisi de dissimuler ses plans de dislocation de l’Empire ottoman derrière divers prétextes. Pendant la Première Guerre mondiale, le prétexte utilisé par ce projet impérialiste était la protection des droits des minorités. Ils ont répandu auprès du public britannique la fausse idée que l’Empire ottoman était impitoyable envers ses sujets chrétiens et que les Arméniens, les Grecs, les Assyriens et les Arabes chrétiens des terres ottomanes étaient menacés. Ils ont fondé ces affirmations sur les fausses allégations selon lesquelles les Chrétiens étaient les véritables propriétaires de l’Anatolie et que les Turcs l’avaient prise de force. Par exemple, le vicomte James Bryce, un membre du parlement, a déclaré lors d’un discours à la Chambre des lords : « L’Asie mineure, la Syrie, l’Arménie et l’Arabie étaient les demeures des anciennes civilisations, certaines d’entre elles, sous leur  gouvernement, il y a 1000-1500 ans, menaient une vie authentique, jouissaient d’une prospérité nationale et avaient une idée claire de la place qu’ils occupaient et de la mission qu’ils avaient dans ce monde, autant de choses qu’ils ont perdues sous une tyrannie funeste qui les ont dominé pendant six siècles. »  À point nommé, il a rajouté que la Grande-Bretagne devrait apporter son aide à ces anciennes civilisations pour leur rendre leur liberté. L’État profond britannique avait déclaré qu’une fois qu’Istanbul serait occupée, les politiques soi-disant injustes prendraient fin. Les journaux britanniques continuaient à affirmer qu’Istanbul n’était pas la capitale nationale des Turcs et que la majorité de la population était non-musulmane. Cependant, selon le recensement de 1919, 67% des habitants d’Istanbul étaient musulmans. Le nombre était censé être plus élevé mais la plupart des Musulmans avaient péri lors de la guerre des Balkans et de la Première Guerre mondiale.

Istanbul dans les années 1900 …
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Forces d’occupation à Istanbul
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Forces d’occupation à Taksim
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Les troupes Britanniques au port de Karaköy, Istanbul, pendant les années d’occupation

Contrairement aux rumeurs que l’État profond britannique voulait répandre, les politiques concernant les minorités de l’Empire ottoman étaient extrêmement libérales et généreuses. L’Empire ottoman avait protégé les droits des minorités pendant 600 ans et ces minorités étaient considérées comme des parties importantes de la nation ottomane. Les membres des groupes minoritaires n’avaient aucun mal à gravir les échelons sociaux pour accéder à des postes administratifs. La plupart d’entre eux travaillaient dans des domaines artistiques et dans le commerce et menaient une vie prospère dans les plus belles régions d’Istanbul et dans l’Empire ottoman en général tout en bénéficiant d’un support important de la part du gouvernement ottoman. Même après la dissolution de l’Empire, ils étaient toujours présents en Turquie et ont offert leur soutien au nouvel État turc. Les rumeurs qui circulaient à propos des minorités n’étaient rien d’autre qu’une propagande néfaste. Même certains des espions britanniques qui étaient parti à Istanbul pendant cette période pour recueillir des renseignements ont admis plus tard que la politique turque des minorités était admirable.

Néanmoins, l’État profond britannique a continué de diffuser sa propagande en utilisant les minorités, convaincu que des fausses déclarations de « croyances et de groupes persécutés » constitueraient un moyen d’influence efficace. Ils avaient raison, la politique d’occupation de l’État profond britannique avait trouvé un soutien chez certains membres des minorités. Le patriarche grec d’Istanbul déclarait dans une lettre adressée à la Conférence de paix de Paris que la question de l’Est (le projet de dislocation de l’Empire ottoman) ne serait jamais résolue tant qu’Istanbul ne redeviendrait pas grecque.

De même, les sujets chrétiens de l’Empire ottoman tels que les coptes en Égypte, les Maronites au Liban et les Chrétiens assyriens en Syrie, considéraient l’occupation d’Istanbul comme une étape vers leur indépendance et soutenaient ce projet. Parmi les sujets ottomans, seuls les Juifs, notamment le grand rabbin Nahum Efendi, ont soutenus les Turcs contre la cupidité des Européens.

Les Stratégies Britanniques pour Justifier l’Occupation

L’État profond britannique a eu recours à diverses méthodes pour occuper Istanbul et des pratiques similaires peuvent encore être observées de nos jours. Il est essentiel de mettre ces méthodes au grand jour pour comprendre le danger auquel le monde est confronté. Le projet d’exclusion des Turcs d’Anatolie, toujours en cours même après 100 ans, a atteint son point culminant avec l’occupation d’Istanbul. Pour atteindre cet objectif, l’État profond ne s’est pas empêché de tromper son propre peuple ainsi que ses alliés. Des millions de personnes ont été manipulées dans ce grand stratagème par une poignée d’acteurs de l’État profond. Voyons comment.

◉ L’État Profond Britannique a d’Abord Affirmé qu’Il ne Voulait Pas l’Anatolie

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Tevfik Pacha, commandant du Septième Corps au Yémen, a été exilé avec d’autres commandants patriotes, parce qu’il a refusé de se plier aux exigences de l’Etat Profond Britannique.

Lors de son discours devant le Parlement, le 5 janvier 1918, le Premier ministre Lloyd George avait assuré aux membres du Parlement qu’il n’y aurait pas de guerre pour Istanbul, l’Anatolie ou la Thrace. Sur ces terres, la plupart des habitants étaient turcs. La vérité est que Lloyd George essayait seulement de causer une diversion et tentait de convaincre son peuple et l’Empire ottoman qu’il ne revendiquait pas ces territoires.

En outre, il n’y avait aucune suggestion pour occuper Istanbul dans l’armistice de Moudros qui a marqué la fin de la Première Guerre mondiale pour l’Empire ottoman. Au contraire, l’amiral Calthorpe, qui a signé l’armistice au nom des puissances alliées, a assuré verbalement que les Britanniques n’avaient pas l’intention d’occuper Istanbul, de mettre fin à l’Administration ottomane ou de prendre le contrôle des forces militaires ottomanes. La délégation ottomane qui était revenue d’Istanbul après l’armistice a apporté la lettre personnelle de Calthorpe avec elle. Dans cette lettre, Calthorpe a assuré que les soldats français et britanniques ne seraient postés que dans le détroit et qu’une petite unité de l’armée turque serait autorisée à rester sur place en tant que signe de la souveraineté ottomane.

Cependant, seulement 13 jours après l’armistice, les troupes britanniques et françaises sont entrées à Istanbul. Calthorpe, qui avait personnellement promis qu’Istanbul ne serait pas occupée, fut nommé haut-commissaire britannique et la première chose qu’il a décidé de faire était d’arrêter 200 personnes appartenant au gouvernement de Tewfik Pacha et d’en exiler une trentaine à Malte. Tous ceux qui ont été arrêtés étaient des administrateurs turcs et musulmans. Ce faisant, Calthorpe avait clairement indiqué qu’Istanbul était occupé et que quiconque refuserait de coopérer avec les occupants serait puni de la manière la plus sévère qui soit. Il a, par la suite, envoyé un message au ministère des Affaires étrangères certifiant que les arrestations étaient « très satisfaisantes » et qu’elles avaient intimidé les meneurs d’une éventuelle rébellion à Istanbul.1

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Un soldat Turc nettoie sa chaussure avant d’aller sur le champ de bataille

De nombreux officiers, qui figuraient sur la liste noire pendant la guerre, ont également été exilés. Lorsque les Britanniques sont arrivés à Istanbul, ils ont commencé une chasse à l’homme, non seulement à Istanbul mais aussi dans toute la Turquie. Leur première demande portait sur la capture et la punition de 9 commandants turcs : Ali Ihsan Pacha (commandant de la 6ème Armée), Fahrettin Pacha (Commandant du 5ème corps de la cavalerie), Nuri Pacha (commandant de l’armée islamique du Caucase), Mürsel Bey (commandant de la 5ème division du Caucase), Yakub Shevki Pacha (commandant de la 9ème armée), Nihat Pacha (Chef d’état-major de la 2ème armée à Pozanti), Galip Pacha (commandant de la 40ème division du Yémen) et Tewfik Pacha (commandant du 7ème corps au Yémen). Il était évident que ces commandants turcs avaient été spécialement choisis pour leur remarquable performance contre les offensives britanniques. Pourtant, l’État profond britannique avait terriblement échoué dans son jugement du patriotisme turc car ils avaient estimé que le ciblage des commandants donnerait des résultats. Comme le montreraient les jours suivants, capturer et exiler 100 à 150 personnes d’un pays profondément patriotique ayant toujours vécu de manière indépendante ne ferait abandonner en rien leur lutte pour l’indépendance.

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À la suite de l’Armistice de Mudros, la Marine Alliée a jeté l’ancre dans le Bosphore le 13 novembre 1918.
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(1) Louis Franchet d’Espèrey, commandant des forces d’occupation Françaises, marchant de Galata à Şişhane
(2) Le commandant Français Louis Franchet d’Espèrey rencontre le maréchal Britannique Edmund Allenby au port d’Istanbul

Yakub Shevki Pacha, qui avait refusé de démanteler la 9ème armée, a ignoré l’ordre britannique de rendre les armes et les munitions et a plutôt transféré ses stocks de nourriture vers l’Ouest. Naturellement, il figurait en tête de liste britannique des « personnes à exiler à Malte ». Comme lui, tous les membres du parlement de Kars seraient exilés à Malte. Halil Pacha et Mehmed Djemal Pacha, de l’armée caucasienne ainsi que de nombreux officiers turcs tels que Ali Rifat et Mürsel Bey, qui étaient des commandants de division, ont été inscrits sur la liste noire par les Britanniques au cours des premiers mois de l’armistice. Pendant ce temps, les plans pour capturer, juger et exiler ces commandants étaient en cours au quartier général des occupants.

De nombreux intellectuels et diplomates pro-britannique ont considéré les promesses faites avant l’occupation comme des garanties. Cependant, après l’armistice, le Premier ministre britannique Lloyd George a affirmé que ses déclarations précédentes ne constituaient pas une garantie pour les Turcs mais visaient plutôt à rassurer son propre public, en particulier les Musulmans indiens qui ne voulaient pas combattre d’autres Musulmans. Il espérait que cela justifierait l’occupation.

Il est important de garder à l’esprit que l’État profond britannique peut faire des déclarations pour créer une diversion, il peut prétendre être un allié, faire des promesses ou signer des lettres officielles. Cependant, toutes ces promesses n’ont absolument aucun effet sur les membres de l’État profond et sur leur détermination à exécuter leurs plans initiaux. Ils ne cesseront jamais d’essayer de mettre à exécution leurs plans sinistres élaborés il y a plusieurs siècles à huis clos. Par conséquent, tomber dans le piège à cause de ces paroles trompeuses pourrait s’avérer désastreux pour l’avenir.

◉ L’État Profond Britannique a Garanti à ses Alliés que l’Anatolie Serait un Mandat Américain

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des cartes ont été redessinées lors de la Conférence de paix de Paris de 1919. Des représentants de 32 pays ont assisté à la conférence. Celle-ci a débuté le 18 janvier 1919 et un total de 1646 sessions ont eu lieu dans cet évènement de plusieurs mois. Mais cette large participation ne visait qu’à maintenir les apparences. Les véritables décisions de la conférence ont été prises par les « Big Four » : Le Premier ministre britannique Lloyd George, le Président américain Woodrow Wilson, le Premier ministre français Georges Clemenceau et le Premier ministre italien Vittorio Emanuele Orlando.

Les 5 traités qui ont mis fin à la guerre ont été élaborés lors de la Conférence de paix de Paris : le traité de Versailles signé avec l’Allemagne la même année, le traité de Saint-Germain-en-Laye avec la République d’Allemagne-Autriche, les traités de Neuilly-sur-Seine avec la Bulgarie et de Trianon avec la Hongrie et le traité de Sèvres avec l’Empire ottoman ont tous été exposés durant cette conférence.

Avant d’examiner les projets de démantèlement de l’Empire ottoman, il convient d’évoquer brièvement le Traité de Versailles. Avant ce traité, le peuple allemand était assuré que les principes connus sous le nom de « quatorze points de Wilson » seraient les fondements du traité. Cependant, une fois le moment de la signature arrivé, un gros plan de colonisation était apparu et cela était une insulte complète aux yeux des Allemands. Les conditions difficiles ont obligé l’économie allemande à travailler pour les puissances alliées pendant des années. De nombreux historiens s’accordent à dire que les termes durs de ce traité ont conduit à l’ascension du régime nazi et à des sentiments de vengeance au sein du peuple allemand.

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Un tableau représentant le Traité de Versailles signé avec l’Allemagne. Selon de nombreux historiens, les conditions difficiles du traité ont joué le rôle le plus important dans la montée du Parti Nazi Allemand.

L’Angleterre et la France ont conclu un pacte lors de la Conférence de paix de Paris pour partager les terres ottomanes d’Arabie, de Thrace, de la Méditerranée et de la mer Egée. Elles voulaient faire de la Turquie un petit pays asiatique pris au piège à l’intérieur de l’Anatolie. Selon leur plan, la petite Turquie prise au piège sur cette terre aurait été placée sous mandat des États-Unis.

Autrement dit, le projet de l’État profond britannique pour la Conférence de paix de Paris était de placer les pays qu’ils estimaient incapables de se gouverner eux-mêmes sous le mandat de pays développés. Les territoires du Moyen-Orient ont été répartis selon ce plan. L’Angleterre a fait une proposition à la Conférence du 21 mai 1919 dans laquelle elle a suggéré que la Mésopotamie, la Syrie et la Palestine soient placées sous mandat français et britannique et que l’Empire ottoman soit sous mandat des États-Unis. Découvrons la vérité sur ce plan dans le télégramme que Halide Edip Adıvar a envoyé à Mustafa Kemal Pacha le 10 août 1919 :

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1. Le Premier Ministre Britannique David Lloyd George, le Premier Ministre Italien Vittorio Orlando, le Premier Ministre Français Georges Clemenceau et le Président Américain Woodrow Wilson à la Conférence de Paix de Paris
2. Une image de la Conférence de Paix de Paris

La situation des affaires étrangères à Constantinople est la suivante : Bien que la France, l’Italie et l’Angleterre aient offert au Sénat américain un mandat sur la Turquie, ils tentent par tous les moyens de les empêcher de l’accepter.
Il ne fait aucun doute que chacune de ces puissances veut s’assurer de sa part lorsque le pays sera divisé.
La France, ayant subi des déceptions en Syrie, veut se faire dédommager en Turquie. L’Italie, qui est ouvertement impérialiste, déclare clairement qu’elle est entrée en guerre avec pour seul objectif d’avoir droit à sa propre part du butin anatolien.
Le rôle joué par l’Angleterre est un peu plus compliqué.
En ce qui concerne l’avenir, l’Angleterre ne souhaite nullement que la Turquie reste unie, se modernise ou jouisse d’une véritable indépendance. Un État turco-musulman, puissant et doté de toutes les exigences et idées modernes et avec particulièrement un calife en tête, serait un très mauvais exemple pour les sujets musulmans d’Angleterre.
Si l’Angleterre pouvait obtenir l’ascendant sur la Turquie sans être entravé, elle la décapiterait et la démembrerait sans aucun scrupule et essayerait dans quelques années de la convertir en une colonie fidèle.2

Clairement, les plans de l’État profond britannique ont toujours été plus sinistres et plus compliqués. Soutenir le mandat américain n’était qu’un faux-semblant. Le véritable désir de l’État profond britannique était, depuis longtemps de désintégrer, d’affaiblir et de dévaster l’État turc.

Afin d’analyser avec précision les plans de l’État profond britannique, il est important de penser avec quelques coups d’avance. Il ne faut pas oublier que, bien que destiné à Churchill, l’affirmation suivante : « il était premier, dernier et tout le temps un grand Anglais, plus soucieux de préserver la position de l’Angleterre en Europe que de préserver la paix »3 s’applique en réalité à tous les membres de l’État profond britannique parce que pour eux, il n’y a ni alliés ni amis. Tout le monde dans leur plan n’est qu’un moyen pour arriver à une fin. Leur existence sert les plans de l’État profond britannique. Cela est vrai même pour les leaders, en apparence, les plus puissants du monde, car ils n’ont d’autre choix que de jouer le rôle qui leur ont été donné.

◉ Les Italiens Non Plus n’ont pas été Épargnés par les Stratégies Insidieuses de l’État Profond Britannique

Alors que la Première Guerre mondiale faisait rage, les puissances alliées ont tenu des réunions secrètes pour convenir sur la partition de l’Empire ottoman. Le premier accord secret, connu sous le nom de Traité de Londres, a été signé en 1915. Selon ce pacte secret conclu entre la Triple Entente (la Grande-Bretagne, la France et la Russie) et l’Italie, la ville d’Antalya et les régions méditerranéennes environnantes étaient destinées aux Italiens en échange pour eux de prendre place du côté des puissances alliées lors de la guerre. En raison de la révolution bolchévique, ce traité a été remplacé par l’accord de Saint-Jean-de-Maurienne de 1917, qui n’a été signé que par l’Italie, la France et la Grande-Bretagne. Selon le nouveau plan, les Italiens se verront également attribuer l’Anatolie occidentale, y compris Izmir en plus du littoral méditerranéen.

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1. La photo montre un défilé de soldats Grecs à Izmir, qui ont cru en cette promesse.
2. Une illustration des idéaux Grecs pendant l’occupation Grecque d’Izmir. L’Etat Profond Britannique a profité des ambitions impérialistes des Grecs. Il était trop tard quand les Grecs ont compris qu’ils avaient été trompés.

Une fois de plus, la scène d’après-guerre ne se déroulait pas selon les attentes des Italiens, mais allait très bien selon les plans initiaux des Britanniques. La coopération Eleftherios Venizelos-Lloyd George a abouti le 15 mai 1919 à l’occupation d’Izmir par les forces grecques et l’Anatolie occidentale est restée sous occupation grecque jusqu’au 9 septembre 1922, date à laquelle ils ont été forcés de se retirer par l’armée turque. L’État profond britannique, profitant des rêves impérialistes grecs, construisit une armée en Anatolie à la mesure de ses désirs. Cela a également empêché efficacement l’Italie d’avoir son mot à dire dans la région. Tout ce plan d’occupation était basé sur la propagande selon laquelle les Chrétiens locaux avaient besoin d’être protégés contre les soi-disant gangs musulmans. Ce plan sinistre a donc acquit une légitimité internationale. Cependant, le rapport suivant de la commission d’enquête inter-alliée basée à Istanbul, le 12 octobre 1919, indiquait clairement que ces allégations étaient complètement fausses :

L’enquête a montré que la situation générale des Chrétiens dans le vilayet d’Aydin était satisfaisante depuis l’armistice et qu’ils n’étaient pas en danger. La sécurité dans le vilayet d’Aydin et à Smyrne (Izmir) en particulier ne justifiait en aucun cas l’occupation des forts de Smyrne par l’application de l’Article 7 de l’armistice. De plus, la situation dans le vilayet ne justifiait pas le débarquement des troupes alliées à Smyrne.4

Mais même ce rapport n’était pas suffisant pour arrêter les plans de l’État profond britannique.

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1. Les forces d’occupation débarquent à Izmir
2.L’Etat Profond Britannique a promis de donner Izmir à la Grèce. (Ci-dessus) l’armée Grecque au port d’Izmir

L’État profond britannique a utilisé les Italiens au moment voulu, avec le prétexte d’être un allié fiable et avec quelques promesses. Mais quand l’Italie ne répondait plus aux intérêts des Britanniques, elle s’est retrouvée seule. Il va sans dire que les Italiens eux-mêmes avaient des projets d’occupations malveillants concernant l’Empire ottoman tout comme les autres puissances alliées et à cet égard l’Italie est tout aussi coupable que les autres. Mais ce qu’il faut souligner c’est que même envers ses propres alliées, l’État profond britannique poursuit toujours une politique égoïste et hypocrite.

Mustafa Kemal, chef de la Guerre d’indépendance turque et sauveur du peuple turc et de la Turquie, a profité de cette politique hypocrite des Britanniques : après 1920, le gouvernement italien a commencé à fournir des armes, de la logistique et des renseignements aux Turcs nationalistes.

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L’Armistice de Mudros était signé à bord de ce navire.
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Navires Alliés au Bosphore après la signature de l’Armistice de Mudros
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Une carte montrant les territoires occupés après la signature de l’Armistice de Mudros

◉ Une Revendication des Droits des Minorités est une Méthode Typique de l’État Profond Britannique pour Justifier ses Occupations

Selon l’armistice de Moudros signé après la guerre, les armées alliées étaient censées maintenir leurs positions actuelles et aucune occupation ne devait avoir lieu sauf en cas de menace. Cependant, comme expliqué précédemment, les Britanniques ont quand même occupé Istanbul et les Grecs ont repris Izmir. La seule prétendue justification pour ces occupations était la fausse affirmation selon laquelle les minorités étaient en danger. La 7ème clause de l’armistice de Moudros donnait aux puissances alliées le droit d’occuper des emplacements stratégiques en cas de menace pour la sécurité. En combinant le droit d’occupation reconnu par la 7ème clause avec les prétendues menaces auxquelles les minorités étaient prétendument confrontées, l’occupation de l’Anatolie avait été astucieusement mise en conformité avec le droit international.

Cependant, quelques jours après la signature de l’armistice, l’ambiance dans la ville était très différente. Le Parlement ottoman a approuvé l’armistice à l’unanimité. Le bureau de poste ottoman a imprimé des timbres pour l’armistice en croyant que c’était une bonne chose. 10 jours seulement après les déclarations optimistes de Rauf Bey, le Ministre ottoman des Affaires maritimes, le 13 novembre 1918, la flotte ennemie de 55 unités a franchi le détroit des Dardanelles et s’est ancrée à Dolmabahçe. Cette immense flotte était composée de 22 navires de guerre britanniques, 17 navires de guerre italiens, 12 navires de guerre français et 4 navires de guerre grecs.

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Soldats Italiens en parade devant le palais de Dolmabahçe

Cette occupation représentait l’apogée des plans séculaires de l’État profond britannique visant à désintégrer l’Empire ottoman et à exclure les Turcs d’Europe. La capitale était occupée, l’armée dissoute et les navires de commerce, les chantiers navals, les ports, les chemins de fer et les voies de communication étaient mis à la disposition exclusive des forces de l’occupation. L’ensemble de ce plan a été exécuté avec un prétexte juridique et a été soutenu par l’armée. De plus, la propagande néfaste était largement utilisée pour contrer tout soutient public potentiel envers l’Administration ottomane.

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Soldats Britanniques chahuteurs buvant et agissant odieusement sur les rives de Marmara pendant l’occupation d’Istanbul

Le sentiment anti-ottoman qui se propageait depuis des années en Europe et aux États-Unis par le biais de journaux, de romans et de pièce de théâtre était destiné à faciliter cette occupation. Des centaines de livres, de pamphlets et de brochures imprimés de caricatures représentant les Turcs comme des sauvages servaient à construire une image du turc musulman massacrant soi-disant des Chrétiens. La machine propagandiste a fait rage pour mettre l’opinion publique mondiale de son côté, plus particulièrement le public américain et britannique, en disant que l’Empire ottoman devait s’effondrer au nom du christianisme, de la liberté et des droits de l’homme. Toute sorte d’opinion opposée qui aurait pu défendre les droits des Ottomans et de la justice était d’avance réduit au silence. L’État profond britannique avait bien fait attention à ce que son plan ne comporte aucune faille. Même si ce plan sinistre avait été interrompu il y a 100 ans avec la Guerre d’Indépendance anatolienne, il est toujours à l’ordre du jour. Actuellement, les terres anatoliennes sont encerclées de toutes parts et seul l’esprit de solidarité et de patriotisme peuvent tenir tête à ce complot.

Si Allah vous donne Son secours, nul ne peut vous vaincre. S’Il vous abandonne, qui donc après Lui vous donnera secours? C’est Allah que les croyants doivent faire confiance. (3 : 160)

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(1) Flotte Alliée au large de Dolmabahçe pendant les années d’occupation
(2) Les troupes Alliées débarquant à Sarayburnu
(3) Le Saturday Evening Post, publié aux États-Unis en 1910, décrit les soldats Turcs comme des barbares sauvages. Au cours de ces années, les médias Américains ont obtenu la plupart de leurs renseignements sur le Moyen-Orient par l’intermédiaire de la Grande-Bretagne, ce qui a entraîné une perception horrible des « Turcs ». (La nation Turque est au-dessus de telles allégations).

Un Journaliste de l’État Profond Britannique : Walter Lippmann

Selon de nombreuses sources, le gouvernement britannique a préparé les Quatorze points de Wilson, censés être le fondement des traités à signer après la Première Guerre mondiale, avec l’aide de Walter Lippmann, diplômé de Harvard et conseiller de Wilson, Président des États-Unis. Ces principes étaient censés être utilisés pour les négociations de paix. Cependant, il devint clair par la suite, à Versailles comme à Sèvres, que le document ne contenait pas la moindre trace d’une approche pacifique ni la signature du président Wilson. Le journaliste Lippmann, qui a rédigé les Quatorze points, est devenu plus tard un dirigeant du CFR (Council on Foreign Relations), l’organisation américaine sœur de Chatham House, qui est un institut sous l’influence de l’État profond britannique. Il a travaillé comme conseiller non-officiel de huit présidents américains. Avec le livre qu’il a écrit en 1946, il a été le premier à introduire le concept de « Guerre froide ». Aujourd’hui, Lippmann est reconnu par beaucoup comme le journaliste le plus influent du 20ème siècle ou même comme le père fondateur du journalisme moderne. Les présidents, les premiers ministres, les ministres peuvent changer mais les membres de l’État profond, profondément ancrés, ne changent pas.

NOTES :

  1. Gary Jonathan Bass, Stay the Hand of Vengeance: The Politics of War Crimes Tribunals, Princeton University Press, p. 121
  2. Mustafa Kemal Atatürk, Nutuk [The Great Speech]
  3. Robin Renwick, Fighting with Allies: America and Britain in Peace and War, Palgrave Macmillan, 1996, p. 89
  4. Documents of the Inter-Allied Commission of Inquiry-Appendices: Documents of the Inter-Allied Commission of Inquiry into the Greek Occupation of Smyrna and Adjoining Territories, http://www.ataa.org/reference/iacom.pdf

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