6. Les Espions Britanniques dans l’Empire Ottoman

6. Les Espions Britanniques dans l’Empire ottoman

Les ambassadeurs, consuls et diplomates britanniques méritent une attention particulière dans toute étude concernant les activités de l’État profond britannique dans l’Empire ottoman. Ces officiers, qui se trouvaient sur les terres ottomanes soi-disant pour servir en tant que diplomates, travaillaient le plus souvent comme espions. En effet, ils ont énormément aidé l’État profond britannique à atteindre ses objectifs. Certains d’entre eux se sont liés d’amitié avec des bureaucrates turcs, d’autres ont tenté d’influencer la politique turque. Certains d’entre eux ont incité aux révoltes parmi des minorités qui vivaient pacifiquement jusque-là sur les terres ottomanes, et ils leur ont offert un soutien logistique. Lorsque les actes d’amitié ou les promesses d’assistance économique ne fonctionnaient pas, ils n’hésitaient pas à recourir à la menace ou au chantage.

L’État profond britannique utilisait également des espions professionnels. Ces personnes qui pouvaient être déguisées en archéologues ou en voyageurs, ont œuvré pour susciter des sentiments anti-Ottomans parmi les minorités qui vivaient sous gouvernance ottomane. Gertrude Bell, une archéologue et espionne britannique, qui a planifié et mis en œuvre les révoltes en Irak, en Syrie et en Jordanie, en est un exemple notoire. Bell, avec ses activités d’espionnage, a tellement impressionné l’État profond britannique qu’elle a été surnommée plus tard « fille du désert » ou « la reine sans couronne du désert ». Parlant couramment l’arabe, le persan et le turc, Bell se lie d’amitié avec les habitants et les commerçants de Jérusalem, de la Syrie et de l’Irak, gouvernés par les Ottomans. Sous prétexte de mener des études archéologiques, elle a dessiné des cartes des régions et les a envoyées à la Société Royale de Géographie Britannique. Elle a contribué à la perte des Ottomans de Mossoul, Bagdad et Bassorah.

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L’archéologue/espionne Britannique Gertrude Bell lors d’un pique-nique avec l’Emir Faisal. Quelques années plus tard, Gertrude sépare l’Irak de l’Empire Ottoman et Faisal en sera le Roi.
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(1) De gauche à droite, Wyndham Deedes, Emir Abdullah, Herbert Samuel et Gertrude Bell
(2) T. E. Lawrence, main dans la main avec l’Emir Abdullah

À la Conférence de Paix de Paris de 1919, Bell a aidé Churchill, l’un des membres les plus en vue de l’État profond britannique, à tracer les frontières de l’Irak avec une règle.

L’espion britannique T. E. Lawrence était responsable des révoltes arabes au Hedjaz, comme les lecteurs l’ont vu dans le chapitre précédent. L’État profond britannique a utilisé Lawrence pour mener la révolte et a fourni de l’argent et des armes aux Arabes, pour être utilisés contre l’Administration ottomane. Après les révoltes, la région est passée sous contrôle britannique.

L’ordre que « Lawrence d’Arabie » a donné aux rebelles arabes au moment du retrait de l’armée turque montrait clairement sa haine des Turcs : « Le meilleur d’entre vous est celui qui m’apporte le plus de Turcs morts ! Non prisonniers ! »139

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La Conférence du Caire tenue secrètement en 1921, sous la présidence de Winston Churchill. La photo montre les espions Bell et Lawrence.
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1. Méditerranée
2. Liban
3. Syrie
4. Plateau du Golan
5. Irak
6. Cisjordanie
7. Bande de Gaza
8. Jourdain
9. Amman
10. Mer Morte
11. Israël
12. Egypte
13. Arabie saoudite
La section concave de la frontière entre la Jordanie et l’Arabie saoudite, pointant vers Amman, est appelée Winston’s Hiccup.

Bell et Lawrence ont assisté à la Conférence du Caire tenue en 1921, présidée par Churchill. Churchill a surnommé les participants du rassemblement les « Quarante Voleurs » pour avoir pillé le territoire ottoman. Lors de la conférence, il a été convenu que la Grande-Bretagne maintiendrait son mandat sur la Palestine et qu’Abdullah de la famille Hachémite serait le roi de Jordanie, tandis que Faiçal de la même famille devrait être le roi d’Irak. Il a également été décidé que Hussein, le Chérif de La Mecque, devrait contrôler le Hedjaz, tandis que la famille des Saoud devrait contrôler la péninsule arabe et le Nejd. La Grande-Bretagne fournirait une assistance financière à toutes ces personnes, tandis que la Royal Air Force « Force aérienne royale » serait responsable de la sécurité dans la région. Conformément aux décisions, les Britanniques ont bombardé des milliers de villages et martyrisé des dizaines de milliers de civils. Toutes ces terres partagées à la conférence étaient d’anciens territoires ottomans. La forme en zigzag à la frontière entre la Jordanie et l’Arabie Saoudite est connue sous le nom de « Winston’s Hiccup » (le Hoquet de Winston). Des années plus tard, Churchill se vanta d’avoir créé la Transjordanie « d’un trait de plume un dimanche après-midi au Caire ».140 C’était aussi facile pour l’État profond britannique de jouer avec les pays, les États et les peuples.

Rapport sur la manière dont l’État Profond Britannique a Influencé les Hommes d’État Ottomans

Les ambassadeurs de l’État profond britannique ont été capable de faire entrer l’Empire ottoman en guerre à souhait, de lui faire signer des traités de paix favorables aux Britanniques, de renverser les sultans Ottomans et de faire exécuter des grands vizirs. Ils ont obtenu ce pouvoir par l’intermédiaire de certains hommes d’État ottomans qu’ils contrôlaient. Ces personnes étaient des hypocrites qui ont trahi leur pays et ont choisi de servir l’État profond britannique. Pour cette raison, l’État profond britannique a surveillé de près les hommes d’État turcs tout au long de l’histoire. Un rapport envoyé le 18 janvier 1907 par G. Barclay, officier de l’ambassade de Grande-Bretagne, illustre bien cette tendance. Le rapport, qui fournissait des informations sur les officiers supérieurs ottomans aux institutions de l’État profond britannique, comprenait des descriptions et même des propos désobligeants à propos de ces personnes et même de leurs épouses. Certains des exemples du rapport peuvent être trouvés ci-dessous :

Le Grand Vizier Kamil Pacha: Juif Chypriote. Talentueux et honnête. Exilé à Rhodes et réfugié au Consulat Britannique.

Said Pacha: Ancien grand vizir. Aussi appelé Petit Saïd Pacha. Extrêmement énergique et ambitieux. Il aime profondément son pays. Extrêmement intelligent. Très impatient. Il était pro-britannique auparavant, mais maintenant il soutient les Russes.

Tevfik Pacha, Ministre des Affaires Etrangères: Manque de compétences diplomatiques. Bien que sa femme soit allemande, il soupçonne les Allemands.

Memduh Pacha, Ministre de l’Intérieur: Très borné, hostile aux Chrétiens. De temps en temps, il travaillait dans le sens des intérêts britanniques. Il est connu pour son acceptation sans scrupule de pots de vins.

Ferid Pacha: Grand Vizir. Soutenu par les Allemands. Il soutient toujours l’Allemagne..

Ragıp Pacha, Chambellan:Une des personnes les plus influentes pouvant influencer le sultan. Il a fait fortune en utilisant l’influence du Palais. Proche des intérêts britanniques.

Mehmet Nuri Bey:Fils d’un Français nommé Chateauneuf. Il a étudié en France. Un espion pour le Palais. Malgré sa beauté, il est dégénéré.

Le bureau des Affaires étrangères britannique a continué de recueillir systématiquement des informations sur les hommes d’État Turcs. (L’exemple le plus récent concerne les archives divulguées par WikiLeaks). Un autre langage diplomatique arrogant a été trouvé dans les archives de 1933-1939, sous la forme d’informations confidentielles envoyées à Londres par Percy Loraine, qui était Ambassadeur britannique en Turquie, avec la note « sur les Principales Personnalités Turques ». La lettre contenait des informations non officielles sur 96 hauts fonctionnaires, journalistes et intellectuels de la nouvelle République de Turquie :

Yunus Nadi Abalıoğlu: Journaliste. Petit, gros. Porte des lunettes papillon. Peut changer d’avis rapidement en fonction des circonstances. Un homme sans cœur, mou.

Celal Nuri İleri: Journaliste. Extrêmement pro-occidental. Intelligent. Sournois. A probablement des tendances communistes.

Ahmet Ağaoğlu: Fils d’un homme Juif du Caucase qui a embrassé l’islam. A travaillé pour les services secrets russes. Après 1926, il a en quelque sorte tempéré sa position contre la Grande-Bretagne.

Yakup Kadri Karaosmanoğlu: Petite taille. Apparence médiocre. Belle femme, parle anglais.

Ahmet Ferid: Pro-bolchévique. Opportuniste, n’a pas de principes. Son épouse séduisante l’a aidé dans ses réussites à l’ambassade de Londres.

Kazım Özalp: Très probablement anti-Allemand et anti-Bolchévique. Accro au poker.

İbrahim Tali Öngören: Médecin. Tête de bœuf, petit.

Hasan Saka: C’était un sympathisant bolchévique. Peu attrayant. Turbulent.

Ali Çetinkaya: Lorsqu’il était ministre des Travaux publics, il a œuvré à la nationalisation des entreprises étrangères.

Fethi Okyar: A un visage mongol. Homme modeste. A une femme très séduisante qui parle anglais.1

1. Soner Yalçın, ‘İngiliz ‘WikiLeaks’inde Ünlü Türkler’, (Turcs Célèbres dans les WikiLeaks Britanniques), Hürriyet, 04.12.2010, http://www.hurriyet.com.tr/ingiliz-wikileaks-inde-unlu-turkler-16452176

Certains Espions Britanniques qui Ont Réussi à s’infiltrer dans l’Empire ottoman

Ármin Vámbéry

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Ármin Vámbéry est devenu un espion pour le royaume Britannique après avoir acquis la confiance d’Abdul Hamid II et s’être installé dans le palais.

Le Hongrois Ármin Vámbéry, qui avait plusieurs titres collés devant son nom, tel que voyageur, explorateur, derviche, conférencier, auteur et négociateur international, était professeur de langues orientales à l’Université royale de Pest. Il vint dans l’Empire ottoman pour étudier la turcologie en Asie centrale et espionna les Sultans ottomans pour le compte de l’État profond britannique. Il a été élevé en tant que juif, mais plus tard il s’était converti deux fois. Il est d’abord devenu Chrétien, puis Musulman. Il parlait cinq langues.

Bien qu’il ait perdu la foi à un jeune âge, il s’est déguisé en derviche voyageant en Asie centrale. Il a embrassé les idées darwiniste/matérialiste. En 1857, il arriva à Istanbul et commença à donner des cours particuliers au palais. Il était constamment aux côtés du sultan Abdülhamid II et donnait des cours privés de français à Midhat Pacha. Il était la seule personne à pouvoir gagner la confiance d’Abdülhamid II en très peu de temps.

Selon Richard Norton-Taylor de The Guardian, « son utilité supposée pour les Britanniques était qu’il était un conseillé très écouté du sultan de la Turquie, « votre ami à Constantinople », ainsi que le décrivait son responsable à Londres.»141

Le sultan Abdülhamid II a appelé Vámbéry en Turquie dans les années 1880. En conséquence, il resta au palais Yıldız en tant qu’invité spécial du sultan. Lorsque Lord Salisbury s’aperçut que Vámbéry pouvait entrer dans le palais, il l’invita au bureau des Affaires étrangères et lui confia la mission d’espionner le sultan.

En raison de ses compétences linguistiques, Vámbéry a été embauché comme traducteur par le ministère ottoman des Affaires étrangères. Reconnaissant le potentiel que représentait Vámbéry, les médias occidentaux l’ont également engagé comme correspondant à Istanbul, dans l’espoir de tirer parti de ses renseignements et de ses observations. Il fut reçu avec un grand enthousiasme, particulièrement en Grande-Bretagne, et des dîners furent organisés en son honneur ; il a même reçu une invitation de la reine Victoria.

La Chambre des communes a soulevé la question de la véracité des rumeurs selon lesquelles Vámbéry aurait été envoyé à Abdülhamid II pour une mission spéciale confiée par le secrétaire d’État aux Affaires étrangères et si les rumeurs étaient véridiques, en quoi consistait la mission. La réponse était claire en déclarant que les rumeurs étaient complètement infondées. Cependant, seulement un mois auparavant, Vámbéry s’était rendu à Istanbul sur ordre de Lord Salisbury et avait soumis un long rapport confidentiel au ministère des Affaires étrangères sur Abdülhamid II et l’Empire ottoman.

Le sultan Abdülhamid II a déclaré : « Je souhaite également beaucoup parvenir à un accord avec les Britanniques ; je n’hésiterai pas à proposer les compromis nécessaires, aussi longtemps qu’ils le voudront. » Il proposa même une alliance aux Britanniques par le biais de Vámbéry.142

Charles Arbuthnot

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Le général Sebastiani et des officiers Français montrant le plan de défense du sultan Selim et des officiers supérieurs à Istanbul.

Charles Arbuthnot était ambassadeur de Grande-Bretagne auprès de l’Empire ottoman entre 1804 et 1807. Il était également derrière l’opération manquée de l’attaque de la marine britannique sur le détroit des Dardanelles et de son arrivée dans les eaux au large des îles des Princes pour menacer Istanbul.

Avant l’opération des Dardanelles de 1808, la Russie avait envahi les terres turques de Moldavie et de Valachie sans aucune déclaration de guerre. Poussés par l’ambassadeur de France Horace Sébastiani, les Ottomans ont entamé des préparatifs de guerre contre la Russie. Cependant, l’Ambassadeur britannique Arbuthnot, qui travaillait en liaison avec les Russes, lança un ultimatum aux Ottomans, demandant que Sébastiani soit renvoyé d’Istanbul, qu’un traité de paix soit signé avec la Russie, qu’un traité d’alliance avec les Britanniques soit renouvelé et les flottes de la marine britanniques et russes soient autorisées à franchir librement le détroit. Après cet ultimatum, les Britanniques ont soutenu les Russes lorsqu’ils sont entrés en Moldavie et en Valachie, puis ont exigé que les ports des Dardanelles soient cédés à la Grande-Bretagne. L’Ambassadeur Arbuthnot a déclaré qu’à moins que ces demandes ne soient satisfaites, il irait à Bozcaada et reviendrait avec la flotte britannique pour commencer à bombarder Istanbul.

Avec Arbuthnot à bord, la marine britannique dans les Dardanelles a fait couler quatre navires turcs, avec dix grandes galères, et elle est entrée dans la mer de Marmara pour avancer vers Istanbul. Lorsque la flotte britannique s’est ancrée à Istanbul, de nouvelles exigences se sont présentées et les Britanniques ont insisté pour que la marine turque soit confiée à la Grande-Bretagne. Cette attitude a suscité un immense scandale, d’abord chez les militaires, puis chez les étudiants de la madrasah. Les habitants d’Istanbul et, finalement, le gouvernement ont décidé de riposter. Des positions clés le long du rivage ont été aménagées en positions défensives et quelque 300 canons ont été placés. Au même moment, les habitants des îles des Princes et les pêcheurs menaient une guerre de guérilla contre les Britanniques. Tout cet effort de défense a forcé la flotte britannique à battre en retraite. Lorsque leur dernière tentative de menace échoua, la marine britannique se retira complètement. La défense d’artillerie aux Dardanelles n’a pas laissé passer la flotte britannique.

Henry Elliot

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Midhat Pasha, le Grand Vizier

Sir Henry Elliot, ambassadeur de Grande-Bretagne auprès de l’Empire ottoman, était un autre espion notoire qui travaillait pour l’État profond britannique. Il était un ami proche du grand vizir Midhat Pacha, qui a contribué à détrôner le sultan Abdülaziz Khan et a amené l’Égypte à se soumettre à la domination britannique en publiant un décret autorisant l’Égypte à emprunter de l’argent auprès de créanciers étrangers. Elliot fut l’un des architectes du coup d’État de 1876 et de la Guerre russo-turque (1877-78).

Lorsque Midhat Pacha devint grand vizir après le coup d’État, il organisa la « Conférence de Constantinople » à Istanbul avec la participation des Britanniques. À cette conférence destinée à empêcher la guerre, les Ottomans ont été contraints de donner l’indépendance à la Serbie et au Monténégro, ainsi qu’à la Bosnie-Herzégovine. La Grande-Bretagne savait parfaitement que les Ottomans n’accepteraient jamais de telles conditions et qu’ils déclareraient la guerre à la place. En effet, lorsque les conditions de l’accord ont été dévoilées, c’est encore la Grande-Bretagne qui a exhorté Midhat Pacha à résister, en lui promettant qu’en cas de guerre, il pourrait faire confiance à la Grande-Bretagne. Finalement, ce qu’Elliot (en d’autres termes, l’État profond britannique) souhaitait réaliser devint réalité, et l’Empire ottoman et la Russie se déclarèrent la guerre. Cette guerre a causé à l’Empire ottoman une de ses plus grandes pertes territoriales. Une fois de plus, ces tactiques bien connues étaient en jeu et l’accord de « paix » a été signé avec la médiation des Britanniques.

L’une des tactiques les plus connues de l’État profond britannique consiste à faire pression sur deux parties, à les pousser à se battre et à négocier un accord de paix entre elles. De même, le Traité de Karlowitz de 1699, qui marque les premières grandes pertes territoriales ottomanes à l’Ouest, a été signé sous la pression de l’Ambassadeur du Royaume-Uni, William Paget, Baron Paget (le 6ème). Le traité de Passarowitz, signé après les Guerres ottomane-vénitienne et austro-turque de 1715-1718 et qui a également entraîné la perte de territoires ottomans, a également été signé avec les ambassadeurs britanniques comme médiateurs. Tous ces traités étaient en réalité le résultat de la politique de l’État profond britannique. Cela ne devrait pas être surprenant – c’est toujours l’État profond britannique qui a secrètement ouvert la voie aux conflits et provoqué les guerres. Le véritable gagnant après ces traités a toujours été l’État profond britannique. L’Empire ottoman, en revanche, s’est rapproché de la destruction chaque fois qu’il était contraint de signer un traité à l’instigation de l’État profond britannique.

Austen Henry Layard

Henry Layard, qui a succédé à Henry Elliot en tant qu’ambassadeur de la Grande-Bretagne auprès de l’Empire ottoman, était un autre espion déguisé en ambassadeur. Après avoir été nommé membre du Conseil privé par le gouvernement de Gladstone, Layard est considéré comme la personne qui assura le contrôle britannique sur Chypre par le biais de la Convention de Chypre de 1878. Même s’il semblait être pro-turc, sa politique principale visait à faire rentrer les Russes et les Ottomans en conflit afin de les affaiblir mutuellement, réalisant ainsi l’intrigue de l’État profond britannique. L’octroi par Abdülhamid II de certaines concessions à l’État profond britannique, ce qui faciliterait le contrôle de Chypre par la Grande-Bretagne, rendit le travail de Layard beaucoup plus facile.

Layard a informé Robert Gascoyne-Cecil, alors secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, que, selon la tradition islamique, pour qu’un administrateur soit démis de ses fonctions de calife et détrôné, il devait être atteint d’une maladie mentale. Un stratagème basé sur ces informations provoqua le détrônement du sultan Murad V, auquel succéda Abdülhamid II, qui a dû céder à la pression de l’État profond britannique. C’était un exemple sinistre de la manière dont l’État profond britannique pouvait changer même les sultans ottomans en utilisant ses espions.

Footnotes:

139. Matthew Eden, The Murder of Lawrence of Arabia, New York: Thomas Y. Crowell, 1980, p. 180; T.E. Lawrence, Seven Pillars of Wisdom, Wordsworth Editions, 1997, p. 628

140. Frank Jacobs, “Winston’s Hiccup”, The New York Times, March 6, 2012, https://opinionator.blogs.nytimes.com/2012/03/06/winstons-hiccup/?_r=0

141. Richard Norton-Taylor, “From Dracula’s nemesis to prototype foreign spy”, The Guardian, April 1, 2005, https://www.theguardian.com/politics/2005/apr/01/highereducation.artsandhumanities1

142. Mim Kemal Öke, Saraydaki Casus: Gizli Belgelerle Abdülhamid Devri ve İngiliz Ajanı Yahudi Vambery [The Spy in the Palace: Documents Tell About the Rule of Abdul Hamid II and the British Spy Jewish Vambery] Istanbul, November, 1991, p. 252

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