Les Capitulations au Traité de Lausanne

Les Capitulations au Traité de Lausanne

Le mot « capitulation » fait généralement référence à un pays qui accorde diverses concessions et privilèges aux citoyens et consulats d’un autre pays sur ses terres, qui peuvent être financiers, commerciaux, juridiques, administratifs, etc.

Lorsque l’Empire Ottoman a commencé à accorder ces concessions aux états Européens et à leurs citoyens au 16ème siècle, les circonstances et les objectifs étaient différents. L’Empire était en émergence; On pensait que ces privilèges, accordés conformément aux circonstances de l’époque, contribueraient à l’économie. L’Empire n’a pas vu les répercussions de cette action risquée.

Les capitulations furent d’abord données aux Vénitiens pendant le règne du Sultan Mehmed le Conquérant, puis aux Français sous le règne du Sultan Soliman le Magnifique, suivis par d’autres États, notamment la Grande-Bretagne. Au début, les capitulations se sont limitées à la durée de vie des sultans qui les ont accordées, mais avec un accord signé avec la France en 1740, elles sont devenues permanentes. Après cette date, les capitulations accordées aux grandes puissances, notamment à la Grande-Bretagne, ont créé de graves problèmes dans l’économie, l’industrie et le système judiciaire Ottoman, entre autres. Au fil du temps, les privilèges commerciaux et juridiques ont augmenté et ont causé des problèmes majeurs au 19ème siècle. Au début, les privilèges étaient unilatéraux et servaient les intérêts de l’Empire Ottoman, mais ils se transformèrent plus tard en un système où certains droits de l’Empire Ottoman étaient confiés à des États étrangers par le biais d’accords bilatéraux.

L’Etat Profond Britannique a conduit les autres à gérer et à contrôler ces privilèges, parfois explicitement et parfois à secrètement.

Les Grands Intérêts de la Grande-Bretagne

Dans les années 1820, la Grande-Bretagne avait achevé sa révolution industrielle et était devenue sans rival sur les marchés mondiaux après avoir vaincu la France lors des guerres Napoléoniennes. Cependant, au cours des mêmes années, d’autres pays Européens en pleine révolution industrielle empêchaient les produits Britanniques d’entrer sur leurs marchés avec des mesures de protection. Cela a amené le capital Britannique à se tourner vers des pays non Européens; ainsi, entre 1820 et 1840, la Grande-Bretagne signa de nombreux accords de libre-échange avec des pays d’Amérique latine et la Chine, entre autres.422 Ces accords étaient parfois obtenus grâce au soutien des pouvoirs locaux et parfois par le recours à la puissance militaire. Par exemple, lorsque la Chine a interdit à la Grande-Bretagne de vendre de l’opium sur ses terres en 1839, la Grande-Bretagne a fait la guerre à la Chine en retour. Lorsque les Britanniques sont sortis victorieux de cette guerre, ils ont forcé le gouvernement Chinois à autoriser de vastes capitulations grâce à divers accords.

Cependant, tout cet effort intense n’a pas donné les résultats escomptés par l’Etat Profond Britannique.

Dans la première moitié du 19ème siècle, les taxes douanières en Europe ont augmenté et le commerce extérieur Britannique est entré dans une période de stagnation entre 1819 et 1835.423 Cette stagnation aurait gravement nui à la jeune industrie du pays et a nécessité de toute urgence la découverte de nouveaux marchés. Même dans sa période de déclin, l’Empire Ottoman était encore l’un des pays les plus riches du monde, avec son vaste territoire et sa population aisée. Ce marché appétissant et potentiellement rentable en a fait le centre de l’attention de l’Etat Profond Britannique. La Grande-Bretagne a fait tout ce qui était en son pouvoir pour signer un accord de libre-échange avec les Ottomans, dans le but d’exercer son influence sur ce marché.424 Le Traité de Balta Liman signé entre l’Empire Ottoman et la Grande-Bretagne en tant qu’accord commercial le 16 août 1838 était la promulgation de ce désir.

Les points saillants de l’accord étaient les suivants:

  1. De nouvelles capitulations seront ajoutées à celles déjà existantes.
  2. La Grande-Bretagne sera autorisée à acheter et vendre librement ses produits agricoles et industriels.
  3. L’empire Ottoman supprimera tous les monopoles sur le commerce intérieur ainsi que les interdictions à l’exportation.
  4. Les marchands étrangers jouiront des mêmes droits et privilèges que les marchands locaux de l’Empire Ottoman.
  5. Les taxes à l’exportation seront de 12% et les importations de 5%.

Le Traité de Balta Liman de 1838 a supprimé toutes les restrictions sur le commerce intérieur et extérieur et a facilité l’entrée de marchandises étrangères dans le pays. Cela facilitait également l’exportation de produits nationaux. Officiellement, elle a placé l’industrie et le commerce Ottomans sous contrôle Européen, mais en réalité, c’était sous contrôle Britannique.

L’aspect le plus significatif de ce système commercial était la perte irrévocable et significative de la souveraineté Ottomane sur son propre commerce extérieur. Les taxes supplémentaires précédemment perçues sur les exportations et les importations, qui constituaient la principale source de revenus de l’État, étaient limitées et l’Empire Ottoman ne pouvait plus percevoir de taxes supplémentaires auprès de ces sources dans des situations particulières comme la guerre.425

Au lendemain du traité de Balta Liman, le volume du commerce Britannique au Moyen-Orient a considérablement augmenté. Par exemple, en 1837, seuls 432 navires Britanniques étaient venus à Istanbul et avaient déchargé des marchandises de 86 253 tonnes, mais en 1848, ces chiffres ont augmenté respectivement à 1392 et 358 422 tonnes. L’augmentation s’est rapidement accélérée et en 1856, la Grande-Bretagne a envoyé 2 504 navires avec un total de 898 753 tonnes de marchandises.426 La Grande-Bretagne contrôlait complètement le marché Ottoman, tandis que les marchands Ottomans perdaient de leur force.

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Les Tentatives Ottomans d’Abolir les Capitulations

Les grandes puissances Européennes se disputaient avec acharnement pour tirer encore plus profit de l’Empire Ottoman défaillant. Comme les capitulations ont affaibli les Ottomans, l’État n’a même pas été en mesure de réglementer ses propres impôts. Les Turcs ont été prélevés, mais les marchands étrangers étaient exonérés d’impôts. Les étrangers qui vivaient sur des terres Turques n’étaient pas soumis à la loi Turque et ne pouvaient être amenés devant les tribunaux Turcs. En d’autres termes, ces personnes vivaient de manière complètement isolée dans le pays; dans un statut incroyablement privilégié, ils pratiquaient leurs propres lois dans l’Empire Ottoman. Ils ont fait plus d’argent avec le même commerce que les commerçants locaux mais n’ont toujours pas payé d’impôts. Même le secteur des soins de santé leur a offert des concessions spéciales.

Les capitulations se sont transformées en une blessure sanglante pour les Ottomans et, naturellement, de nombreux administrateurs Ottomans ont pris des initiatives pour arrêter le saignement.

Le premier débat au sein du cabinet Ottoman sur l’abolition des capitulations a eu lieu le 2 septembre 1914 et a abouti à la décision d’élaborer un mémorandum pour supprimer ces concessions.

En conséquence, une commission dirigée par Nazır Pirizade İbrahim Bey a été créée au ministère de la Justice.427 La Commission a rédigé le communiqué officiel à envoyer au grand vizir le 4 septembre et l’a envoyée le lendemain. Le gouvernement, lors de la réunion du Conseil des Ministres du 5 septembre, a décidé d’abolir toutes les capitulations, économiques et judiciaires.

Le 8 septembre, le gouvernement s’est réuni à nouveau, a lu le communiqué officiel et a décidé que le texte approuvé serait envoyé aux ambassadeurs dans la capitale le 9 septembre. Le sultan a approuvé l’abolition des capitulations le 8 septembre, le texte du communiqué lu est le suivant:

Avec l’accord des membres du Parlement, diverses concessions financières, administratives, économiques et judiciaires et tous les privilèges précédemment accordés aux étrangers résidant à l’Empire Ottoman, connus sous le nom de «capitulations», ainsi que leurs permis et privilèges associés sont abolis. Cette résolution, sur ordre du Sultan, entrera en vigueur le 18 septembre 1330 Hijri [le 1er octobre 1914 dans le calendrier grégorien].428

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Les Capitulations, qui exercent une pression immense sur l’Empire Ottoman, sont supprimées en 1914. Cependant, elles risquent de devenir un problème une fois de plus après la défaite de l’Empire Ottoman au cours de la Première Guerre Mondiale.Un bienfaisant distribue du pain au peuple Ottoman appauvri l’année de la fin de la Première Guerre Mondiale.

Les Capitulations doivent être Abolies pour une Totale Indépendance

La décision de l’administration Ottomane d’abolir unilatéralement les capitulations était une décision rationnelle, quoique différée. Près de deux mois avant la décision, la guerre mondiale avait éclaté en Europe et aurait pu se propager au territoire Ottoman à tout moment. Les états auxquels on avait donné des capitulations auparavant étaient trop occupés pour s’opposer à la décision. En effet, la déclaration d’abolition des capitulations a reçu un accueil joyeux de la grande majorité de l’Empire Ottoman. L’Empire se débarrassait enfin de ce lourd fardeau.

Même si les ambassadeurs Européens ont particulièrement soulevé des objections à l’abrogation des capitulations, l’Empire Ottoman n’a pas reculé. Bien sûr, certaines nouvelles réglementations ont été élaborées conformément aux demandes des ambassadeurs, mais elles ne ressemblaient pas aux capitulations. Ce fut une étape importante pour l’Empire Ottoman alors qu’il commençait à se libérer de ses chaînes. Cependant, l’atmosphère joyeuse n’a pas duré longtemps. L’Empire devait entrer dans la Première Guerre Mondiale, il fut ensuite vaincu et, le 30 octobre 1918, dut à nouveau subir l’imposition d’autres États. Sans surprise, les vainqueurs ont immédiatement rétabli les capitulations.

Durant les années de la Guerre d’Indépendance Turque, Mustafa Kemal a pris la question des capitulations très au sérieux et a montré sa position claire en faveur de la pleine indépendance lors des réunions du congrès. Lors des sessions du Pacte National au Parlement Ottoman (22-28 janvier 1920), les capitulations étaient à nouveau à l’ordre du jour. Le 6ème article des décisions prises était brièvement comme suit:

… Assurer la pleine liberté et l’indépendance pour mener à bien notre développement national et économique, comme tous les autres pays, est essentiel pour notre avenir. Pour cette raison, tous les facteurs qui entravent notre développement politique, judiciaire, commercial ou financier devraient être éliminés…429

Pour cette raison, Mustafa Kemal a donné des instructions strictes à la délégation qui se rendait à Lausanne pour éviter tout compromis sur les capitulations.

Bien sûr, les pays Européens se préparaient à rétablir les capitulations à Lausanne. C’est pourquoi la nouvelle République Turque était bien préparée pour régler le problème sans compromettre son indépendance. Encore une fois, la Grande-Bretagne, le seul pays à ne pas reconnaître l’indépendance de la nouvelle République Turque, a été le plus grand obstacle.

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La délégation de Lausanne

Sur la Route de Lausanne

L’instruction donnée à la délégation nationale qui s’est rendue à Lausanne était brève et concise: «Les capitulations ne peuvent jamais être acceptées. S’il est nécessaire, nous pouvons sortir des négociations.»430

En fait, tout le monde savait qu’il serait extrêmement difficile de trouver une solution à ce problème. De nombreux pays, présents ou non à la conférence, avaient un intérêt dans le maintien desdits privilèges. En outre, le monde occidental était habitué à ces privilèges depuis au moins 400 ans et toutes les relations mutuelles étaient basées sur ces derniers. Par conséquent, d’autres pays, alors qu’ils étaient parvenus à un accord sur le sujet, souhaitaient que les concessions continuent, ce qui rendait particulièrement difficile la perspective d’abolir complètement les capitulations à Lausanne.

Ismet Pacha, le chef de la délégation Turque, était au courant du problème et a déclaré :

 » Tous les Alliés et les États-Unis étaient contre nous sur cette question. Mais nous l’avons considéré comme l’un de nos sujets les plus cruciaux.« 431

Le Bras de Fer

Le 27 novembre 1922, la Commission des Finances et des Affaires Economiques s’est réunie pour discuter des capitulations et Ismet Pacha a exigé la levée de toutes les limitations qui entravaient l’indépendance économique de la Turquie. Il a expliqué qu’un pays ne pouvait être indépendant avec des capitulations et que la situation des étrangers en Turquie était déjà garantie par des lois générales en vigueur, comme c’est le cas dans tous les pays civilisés et indépendants, et que la délégation Turque n’accepterait d’être membre d’une commission que si elle se conforme à ces principes.432

La délégation française, venant d’un pays qui avait réalisé de gros profits grâce aux capitulations, a insisté pour que les capitulations soient remplacées par un autre système. İsmet Pasha a refusé l’offre, tout en sachant que le nouveau système inconnu pourrait compromettre la sécurité ou l’indépendance de l’État.

Lord Curzon prétendait que les capitulations étaient fondées sur les droits conférés par le traité et que même les Allemands, l’allié des Ottomans, s’opposaient à l’abolition du système. Il a également déclaré que les capitulations ne pourraient être abrogées que si elles étaient remplacées par un nouveau système convenu par toutes les parties.433

Cependant, les capitulations n’étaient pas négociables pour la Turquie, quoiqu’il arrive. Le 28 décembre 1922, les pourparlers ont abouti à une impasse. Les propositions de l’autre partie ont été rejetées au motif qu’elles violaient la souveraineté Turque. İsmet Pacha a défendu le cas Turc et a déclaré que: « le système judiciaire Turc serait à égalité avec les meilleurs systèmes judiciaires du monde« . Il a estimé que le remplacement du système par un système similaire, ou la nomination de juges étrangers en Turquie et toutes les autres propositions similaires, constituaient une atteinte à l’indépendance de la Turquie.434

Il n’est rien ressorti de concret des discussions menées dans de telles circonstances. İsmet Pacha et la délégation Turque ont refusé de céder aux exigences de nouvelles restrictions, sous quelque prétexte que ce soit, et ont combattu la pression et l’oppression. La conférence a pris fin le 4 février 1923 sans parvenir à un accord.435

La Deuxième Tentative Commence

Alors que les négociations de Lausanne aboutissaient à une impasse et étaient suspendues, Mustafa Kemal a prononcé un discours au Congrès Economique d’Izmir le 17 février 1923 et a précisé qu’il n’y aurait pas de concessions sur les capitulations:

L’Empire Ottoman a été privé de son indépendance matériellement et  dans les faits. Si un pays ne peut pas prélever des taxes sur les étrangers sur ses terres comme sur ses propres citoyens, si un pays est interdit de réglementer ses propres douanes… Et si un pays n’est pas autorisé à pratiquer son droit sur les étrangers vivant sur ses terres, alors ce pays n’est pas indépendant…436

Ces mots ont clairement montré comment l’abolition des capitulations était cruciale pour la partie Turque. À tel point que la suspension des pourparlers en raison du différend sur les capitulations n’a pas affaibli la détermination des Turcs. La partie Turque, qui vient de subir une guerre pendant dix années consécutives et qui a presque tout perdu, n’a pas hésité un instant à se préparer à nouveau à la guerre. Lorsque les négociations de Lausanne se sont arrêtées à cause du problème des capitulations, Mustafa Kemal a ordonné à l’armée Turque de commencer les préparatifs de guerre.

La vérité est que les Puissances Alliées ne voulaient pas non plus que les négociations de Lausanne soient suspendues. Après avoir combattu pendant la Première Guerre Mondiale, ce qui a causé d’immenses destructions, aucun d’entre eux n’était disposé à reprendre les hostilités; surtout après l’horrible guerre de quatre ans qui a détruit à la fois les vainqueurs et les perdants. De plus, les pays Européens ne pouvaient pas se permettre de «ne pas être du côté de la paix». Le public occidental, épuisé et battu, voulait la paix et, par conséquent, les puissances alliées devaient céder et ne pas persister dans les capitulations. Être le côté qui a arrêté les négociations de paix était égal à être le parti qui ne voulait pas la paix et il était clair qu’une telle administration serait punie non seulement par son propre public, mais aussi par d’autres pays. L’Europe n’encourerait pas un tel risque.

En outre, l’Union soviétique, qui avait signé un traité d’amitié avec la Turquie en 1921, a déclaré que si une nouvelle guerre éclatait, elle se battrait aux côtés de la Turquie. Cette situation a complètement fait pencher la balance.

Voyant la position décisive de la Turquie, les pays Occidentaux se mobilisèrent pour reprendre les pourparlers et la deuxième partie de la conférence de Lausanne commença le 23 avril 1923. Lord Curzon et les anciennes «célébrités» n’y assistèrent pas. Horace Rumbold, Haut-Commissaire à Istanbul, dirigeait la délégation Britannique et la conférence.

Les capitulations constituaient le plus grand obstacle pour conclure la conférence de Lausanne. Les Occidentaux ne voulaient pas les abandonner, surtout sous la pression de divers groupes économiques. D’autre part, la Turquie était catégorique sur le refus de toutes sortes de limitations à son indépendance. Par conséquent, aucun accord n’a pu être trouvé dans les négociations et les pourparlers se sont poursuivis jusqu’au 4 mai. D’autres problèmes financiers ont également continué à poser problème.

Les Capitulations au Traité de Lausanne
Lord Curzon et son épouse  entreprennent une visite sur un ‘éléphant’, l’un des symboles les plus importants de l’état profond britannique, même aujourd’hui.

Après de longues discussions, il a été décidé d’ajouter la clause suivante au traité en ce qui concerne les capitulations:

Article 28: Chacune des Hautes Parties Contractantes accepte par la présente, en ce qui la concerne, l’abolition complète des capitulations en Turquie à tous égards.437

En attendant, les autres partis ont exigé la continuation des capitulations sanitaires à Istanbul sous la forme d’une commission de médecins, mais la partie Turque l’a également rejetée. En fin de compte, il a été décidé que pendant cinq ans, trois médecins Européens seraient autorisés à travailler en quarantaine en qualité de consultants. Cela a également mis fin aux capitulations sanitaires. Cinq ans plus tard, ces trois médecins étrangers ont été licenciés et l’industrie médicale est devenue complètement natinale. Atatürk a mentionné dans son célèbre Nutuk (le grand discours), «ce n’était pas une capitulation. Nous avons convenu que quelques médecins étrangers exercent pendant cinq ans».438

Autrement dit, l’attitude inflexible de la délégation Turque a sauvé la nouvelle République Turque des capitulations, des entraves du passé. Ainsi, non seulement la Turquie a atteint son indépendance, mais elle a aussi complètement anéanti les rêves de «colonisation» de l’Etat Profond Britannique. L’Etat Profond Britannique n’a pas réussi à réitérer son projet d’infiltration sournoise des États et établir son hégémonie économique et juridique en nouvelle Turquie. C’est pourquoi les concessions de la délégation Britannique dans les négociations de Lausanne a été considérée comme une défaite majeure. The Time, dans son numéro du 14 avril 1924, a fait le commentaire suivant sur ce développement:  » Le traité de Lausanne a été le premier échec flagrant de la diplomatie Britannique depuis plus d’un siècle. » L’article a poursuivi avec la remarque intéressante suivante qui a montré que les plans scandaleux de l’Etat Profond Britannique s’étaient retournés contre lui: « En réalité, la décision de Lausanne a fait sortir les armes et bagages de l’Europe hors de la Turquie au lieu de faire sortir les armes et les bagages de la Turquie hors d’Europe.« 439

Les Plans de Capitulation de l’Etat Profond Britannique

En étudiant les capitulations, nous devons garder à l’esprit que l’Etat Profond Britannique fait des plans profonds qui s’étendent aux siècles suivants. C’est ce qui s’est passé avec les capitulations et l’Etat Profond Britannique a réussi à étendre la portée des concessions initiales accordées à la Grande-Bretagne au fil du temps, abusant de la gentillesse et de la faiblesse de l’Empire Ottoman pour construire une structure distincte au sein de l’Empire Ottoman. En fin de compte, des tribunaux étrangers opéraient sur le territoire Ottoman, des étrangers se partageaient, achetaient et vendaient les terres Ottomanes; et même les meilleurs services médicaux étaient prodigués par des médecins étrangers à des étrangers. Ces étrangers en question, devenus plus privilégiés que les Turcs sur les terres Turques, pillaient en réalité l’État et menaient une vie totalement indépendante des lois Ottomanes. Comme ces personnes avaient plus de droits que les commerçants Turcs, elles ont commencé à dominer le commerce dans le pays. Ce système était l’application du plan sournois de l’Etat Profond Britannique, concocté depuis longtemps. Ce système insidieux, que l’on peut encore voir dans de nombreux pays colonisés ou dans d’autres pays infiltrés par l’Etat Profond Britannique, a profondément pénétré l’Empire Ottoman, a pris le contrôle de son système et construit sa propre hégémonie. Cette infiltration a aussi permis à l’Etat Profond Britannique de déployer facilement ses agents dans les pays concernés. Le processus est tellement systématique que la nouvelle République Turque s’est battue avec acharnement pour se débarrasser de ce virus.

Aujourd’hui, au Moyen-Orient et en particulier en Afrique, l’Etat Profond Britannique continue d’exploiter certains pays et devient plus riche alors que les populations des pays respectifs meurent de faim et sont pauvres. C’est la politique habituelle de l’Etat Profond Britannique. C’était aussi ce qui  a été planifié pour l’Empire Ottoman avec les capitulations. Mais Dieu Tout-Puissant n’a pas permis à ce plan de fonctionner et a fait du grand commandant Mustafa Kemal Pacha et du brave peuple Turc un moyen pour mettre fin l’hégémonie de l’Etat Profond Britannique. Les capitulations n’étaient qu’un autre moyen inventé pour exploiter l’Empire Ottoman de l’intérieur. La fin de ce fléau, qui devait être écarté, représentait une victoire importante lors des négociations de Lausanne.

Sont-ils à l’abri du stratagème d’Allah? Seuls les gens perdus se sentent à l’abri du stratagème d’Allah. (Coran, 7:99)

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Comme par le passé, les pays exploités, en particulier ceux d’Afrique, s’appauvrissent tandis que les exploiteurs s’enrichissent.
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Adnan Oktar Dit :

Adnan Oktar: Nous sommes à la fin des temps, la période du Mahdi. Dieu a façonné le monde en fonction de cela. Le monde est créé pour être un lieu d’épreuve pour les gens. Il a été créé pour que nous soyons les serviteurs de Dieu, pour que nous puissions prier. Dieu a donné vie au monde pour que l’Union Islamique puisse être établie, ce qui est la raison de la vie actuelle. L’heure du jour du jugement est en effet venue, mais elle a été prolongée pour permettre à Hazrat Mahdi (psl) d’apparaître et à l’Union islamique d’être établie. La chose qu’ils appellent maintenant le « Nouvel Empire Ottoman » ou le modèle Ottoman se réfère en fait au mouvement du Mahdi. L’Union Islamique est l’un des noms du mouvement du Mahdi. Les noms ne font aucune différence. Le système qui en résultera produira des États indépendants, indépendants dans les affaires intérieures, indépendants dans les affaires étrangères; mais c’est un système où règnent la fraternité, l’amour, l’amitié et la paix; dans lequel l’enthousiasme, les bonnes intentions, la charité, l’art et la science règnent dans le monde et où le monde sera comme une famille liée par un lien unique. Tout le monde aime tout le monde; il n’y a pas d’oppression, pas d’intimidation, pas de violence, pas de guerre et pas de course à l’armement. Le monde entier deviendra riche. Imaginez ce qui arriverait si les usines d’armement étaient transformées en usines pour fabriquer de l’électroménager, comme les réfrigérateurs et les machines à laver. Imaginez qu’ils fabriquent des maisons préfabriquées. Le monde se transformerait en paradis. Quelle est l’utilité des armes? Ils essaient d’améliorer le pouvoir destructeur des armes. Mais nous souhaitons un monde sans défense, sans défense antimissile, sans missile capable d’abattre des missiles mortels dans les airs. Nous souhaitons que les ressources consacrées à ces armes soient plutôt dépensées pour la santé, la nourriture, l’eau et les logements. (Extrait de l’interview de M. Adnan Oktar sur A9 TV du 29 novembre 2012)

Adnan Oktar: Les musulmans ont toujours un idéal: c’est l’Union Islamique. Le plus grand idéal est le règne des valeurs morales islamiques dans le monde. C’est l’idéal, le rêve de chaque musulman que le monde entier soit libéré de la guerre, de la terreur, de l’anarchie, des troubles, de l’oppression, des armes et de l’horreur, que nous soyons tous des frères et vivons en paix, et le monde sera comme le paradis. Le paradis nous est présenté comme objectif principal. Nous viserons le paradis sur terre et nous le viserons aussi dans l’Au-delà. Par conséquent, nous embrassons tous ceux qui sont sur le vrai chemin avec amour et affection profonde. (Extrait de l’interview de M. Adnan Oktar sur A9 TV du 3 février 2013)

Le Pieux Peuple Turc a Rejeté l’Hégémonie Britannique

Les Capitulations au Traité de Lausanne
British Diplomat, Nevile Meyrick Henderson

Les dirigeants Britanniques, sous le choc de la victoire Turque à Lausanne, ont fait plusieurs commentaires pour se sentir mieux face à leur perte, tandis que l’Etat Profond Britannique a profité de chaque occasion pour affirmer son rêve que la Turquie finirait par être détruite même si cela ne s’était pas produit à Lausanne.

Lord Curzon, le Ministre Britannique des Affaires Etrangères qui a longtemps dirigé les pourparlers de Lausanne, a envoyé une instruction aux ambassadeurs Britanniques de Paris et de Rome, neuf jours seulement après la signature du Traité de Lausanne. Il a déclaré que la Turquie était un petit pays et que les Alliés ne devraient pas envoyer d’ambassadeurs en Turquie, car un fonctionnaire de bas niveau comme un ambassadeur par intérim serait plus approprié.440

Seulement 21 jours après la signature du Traité à Lausanne, Sir Nevile Meyrick Henderson, le diplomate Britannique à Istanbul, a formulé le commentaire suivant dans sa lettre envoyée à Londres:

La Turquie a perdu des terres, est devenue pauvre et dépeuplée. Ce serait beaucoup plus que nécessaire d’envoyer un ambassadeur dans un pays insignifiant comme la Turquie en termes de taille, de richesse et de population… Si le gouvernement Turc actuel ne peut pas perdurer – je crois qu’ils ne dureront pas longtemps –, le gouvernement Turc viendra à cette ville où se trouve l’Ambassade Britannique. Il va inévitablement dériver avec notre appui. Dans ce contexte d’anarchie, le gouvernement actuel va être renversé et un autre gouvernement qui s’alliera avec nous arrivera au pouvoir.441

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Les Turcs font la queue pour avoir de l’eau pendant les années d’occupation

Il y avait bien sûr une raison pour laquelle Henderson avait l’air si confiant. L’État Profond Britannique avait déjà appliqué la même stratégie à de nombreux pays auparavant. Et comme Henderson l’a souligné, ces pays ont finalement commencé à évoluer dans la direction indiquée par l’État Profond Britannique. Cependant, Henderson ne tenait pas compte de la détermination et de la foi inébranlables de Mustafa Kemal Atatürk et du peuple Turc. Personne n’avait le pouvoir d’aliéner l’État Turc alors qu’il avait un si grand dirigeant et une nation si pieuse. Les représentants de l’Etat Profond Britannique, qui faisaient ces commentaires arrogants avant et après Lausanne, ont compris avec le temps qu’ils ne seraient pas en mesure de vaincre cette nation dévote. En fait, le commentaire de Gladstone dans les années 1800 selon lequel le Coran devait être enlevé aux Turcs si jamais ils étaient vaincus, a montré que, depuis le 19èmesiècle, les Britanniques savaient que cette nation loyale ne pourrait jamais être vaincue.

La Turquie est un pays sacré d’où le Mahdi (psl) émergera et Istanbul est une ville sainte qui verra cette apparition bénie. Le Mahdi (psl) et cet endroit sacré seront toujours sous la protection de Dieu. Par conséquent, il n’est pas dans la destinée de la Turquie de tomber dans les complots sournois des États Profonds, ou d’être divisée ou de s’effondrer. Aucun complot insidieux contre la Turquie n’a réussi dans le passé, et aucun ne réussira à l’avenir. Les membres de l’Etat Profond Britannique, qui conçoivent des plans contre la Turquie, devraient garder cette vérité à l’esprit.

Allah prend la défense de ceux qui croient. Allah n’aime aucun traître ingrat. (Coran, 22:38)

Footnotes:

420. “Fransız Dışişleri Bakanlığı Gizli Belgeleri” [Confidential Documents of the French Foreign Affairs Ministry] E-Levant (1918-1929) Kurdistan Caucase Service, Vol. 101, p. 25; Uğur Mumcu, Kürt-İslam Ayaklanması [Kurdish-Islamic Riot], Tekin Publishing, 19th edition, 1995, Istanbul, p. 168

421. Taha Akyol, Bilinmeyen Lozan, pp. 267-268; Şevket Pamuk, 100 Soruda Osmanlı Türkiye İktisadi Tarihi [Economic History Ottoman-Turkish in 100 Questions], Gerçek Publishing, Istanbul, 1988, p. 200

422. Şevket Pamuk, 100 Soruda Osmanlı Türkiye İktisadi Tarihi, p. 200

423. Yerasimos, 1977: 547; Azgelişmişlik Sürecinde Türkiye [Turkey During the Development Process], Belge Publishing, Istanbul 1986, p. 462

424. İsmail Özsoy, “1838 Balta Limanı Ticaret Antlaşması’ndan Gümrük Birliği’ne” [From the Treaty of Balta Liman of 1838 to the Customs Union], Çerçeve Journal, Issue 15, October 1995, p. 134

425. Bilal Eryılmaz, Tanzimat ve Yönetimde Modernleşme [Reform Edict and Modernization in Administration], İşaret Publishing, Istanbul, 1991, p. 86

426. Ali Nejat Ölçen, Karl Marx ve İngiliz Emperyalizmi [Karl Marx and British Imperialism], Ekin Publishing, Ankara, 1992, p. 114

427. Tahir Taner, Kapitülasyonlar Nasıl İlga Edildi [How the Capitulations were Abolished], İsmail Akgün Publishing, Istanbul, 1956, p. 34

428. “Düstur, Tertibisani 6. Cilt s. 1273 “naklen Ozan Arslan” (Dustur, Tertibisani vol. 6, p.1273) “I. Dünya Savaşı Başında Kapitülasyonların İttihad ve Terakki Yönetimi Tarafından Kaldırılması ve Bu Gelişme Karşısında Büyük Güçlerin Tepkileri” [Committee of Union and Progress Abolishes Capitulations during the WWI and the World Powers React], Sakarya University, Science and Literature Journal, Vol. 10 (1), 2008, p. 265

429. Şerafettin Turan, Türk Devrim Tarihi II, İmparatorluğun Çöküşünden Ulusal Direnişe [History of Turkish Revolutions II, From the Fall of the Empire to the National Resistance], Bilgi Publishing, Istanbul, 1998, pp. 82-91; Zeki Arıkan, “1536 Kapitülasyonları ve Cumhuriyet İdeolojisi” [1536 Capitulations and Republican Ideology], Ataturk University, Journal of the Department of Language, History and Geography, Vol.24, Issue.37, 1963, pp. 11-28

430. Mahmut Goloğlu, Türkiye Cumhuriyeti, V. Kitap [Republic of Turkey, Book V], Başnur Publishing, Ankara, 1971, p. 8

431. Afet İnan, “Türk İstiklali ve Lozan Muahedesi” [Turkish Independence and Lausanne Treaty] Belleten, Vol. II/7-8, pp. 277-291; Salahi Sonyel, “Lozan’da Türk Diplomasisi”, Belleten, Vol. XXXVIII, Issue, 149, pp. 41-115; Yusuf Hikmet Bayur, pp. 116-130

432. Salahi Sonyel, “Lozan’da Türk Diplomasisi”, p. 76

433. Salahi Sonyel, “Lozan’da Türk Diplomasisi”, p. 77; Şevket Süreyya Aydemir, Tek Adam [One Man], Vol. 3, Remzi Publishing, Istanbul, 1966, p. 112

434. Afet İnan, “Türk İstiklali ve Lozan Muahedesi”, p. 293; Ahmet Yavuz, Lozan Barış Konferansı Tutanakları [Minutes of the Lausanne Peace Conference], Vol. II, Foreign Ministry Publications, Ankara, 1972, pp. 48-50

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