L’Occupation d’Istanbul : le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National

L’occupation d’Izmir a encore accéléré la campagne d’indépendance anatolienne et lui a fourni davantage de partisans. Le congrès d’Erzurum de juillet-août 1919 et le congrès de Sivas de septembre 1919 ont été les premières plates-formes où sont apparus les groupes représentatifs de la nation turque. Des groupes de résistance se formaient dans presque toutes les villes anatoliennes qui se sont ensuite rassemblés sous une même organisation appelée Union pour la Défense des Droits de l’Anatolie et de la Roumélie. Entre-temps, la campagne pour l’indépendance a pris un nouveau nom : le Kuva-yi Milliye (Forces nationales). En décembre 1919, des élections ont eu lieu dans la Chambre des députés du Parlement ottoman, conformément au protocole d’Amasya du 22 octobre 1919. Les personnes supportant les idées des Forces nationales étaient élues membres du Parlement tandis que Mustafa Kemal était devenu député d’Erzurum.

Le 12 janvier 1920, le Parlement, récemment élu, s’est réuni à Istanbul : c’était la dernière réunion du Parlement ottoman. Après l’occupation d’Istanbul, le 16 mars, le Parlement avait annoncé le Misak-i Milli (le pacte national), qui avait déjà été accepté lors des congrès d’Erzurum et de Sivas.

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1. Une photo prise pendant les jours où les Forces Nationalistes sont entrées dans Adapazarı
2. Mustafa Kemal Atatürk et ses camarades soldats lors du Congrès de Sivas

Les élections du Parlement ottoman et l’annonce du Pacte national qui a suivi a montré à quel point l’État profond britannique avait sous-estimé la nation turque. Les approches européennes autosuffisantes et la mentalité dégénérée de considérer les Turcs comme des citoyens de seconde zone ont toujours été les points les plus faibles du plan centenaire de l’État profond britannique. L’État profond avait pensé à tort que la nation turque se rendrait sans la moindre résistance. Il aura fallu que l’État profond subisse une lourde défaite et un retrait ultérieur de l’Anatolie pour qu’ils comprennent leur erreur.

Les Britanniques ne s’inquiétaient pas pour les élections du Parlement ottoman. Ils étaient sûrs que le nouveau Parlement se rangerait avec le sultan. Cependant, à la suite des élections, des personnalités du pacte pro-national sont entrées au Parlement. À ce moment, les représentants de l’État profond britannique ont insisté pour que le Parlement se réunisse à Istanbul, ce qui, selon leurs espérances, renforcerait l’influence du Sultan sur le Parlement et que seules les décisions qui correspondent aux intérêts de l’État profond seraient prises. Mais ils avaient encore tort. Les partisans de la liberté du nouveau Parlement ont constitué un groupe du nom de Felâh-i Vatan (Le Salut de la Patrie). Le pacte national avait été élaboré à Ankara et envoyé à Istanbul pour être annoncé. Tous ces évènements étaient inacceptables pour les Alliés occupants.

Le Pacte National et son Importance

Le Pacte National est un Ensemble de 6 Clauses Qui se Résument ainsi :

L’avenir des territoires ayant une population majoritairement arabe, au moment de la signature de l’armistice de Moudros, sera déterminé par référendum. En revanche, les territoires non occupés, à cette époque, par une majorité de turque appartiendront à la nation turque.

Le statut de la Thrace occidentale sera déterminé par le vote de ses habitants.

La sécurité d’Istanbul et de Marmara devrait être assurée. Les transports et le libre-échange sur le détroit du Bosphore et les Dardanelles seront déterminés par la Turquie et les autres pays concernés.

Les droits des minorités seront pris en considération à condition que les minorités musulmanes des pays voisins soient protégées.

Pour pouvoir se développer dans tous les domaines, le pays doit être indépendant et libre, toutes les restrictions liées au développement politique, judiciaire et financier seront supprimées.

Conformément aux Congrès d’Erzurum et de Sivas, le Pacte national a déclaré les frontières ciblées et l’objectif de la campagne pour l’indépendance. Le Pacte national était le 2ème document, après le protocole d’Amasya, à légitimer la campagne pour l’indépendance.

Le Parlement avait pris sa dernière décision juste avant sa fermeture : l’annonce du Pacte national.

L’occupation d’Istanbul a déclenché des rassemblements massifs à travers le pays. En guise de représailles pour les membres du Parlement arrêtés, des officiers des puissances alliées en Anatolie ont été arrêtés. Après l’occupation, la communication avec Istanbul se faisait clandestinement. Les liaisons ferroviaires entre l’Anatolie et Istanbul avaient été coupées autour de Geyve et d’Ulukisla et l’envoi d’argent ou de ressources n’était plus autorisé.

Alors que l’occupation d’Istanbul créait un sentiment d’union et de solidarité à l’échelle nationale, les flagorneurs de l’État profond britannique accueillaient énergiquement les forces britanniques. Ils seront remémorés avec honte pour cet acte. La rive de Sirkeci, le pont de Galata, la jetée de Galata, Tophane, Salipazari et la rive de Dolmabahçe étaient remplis de ces flagorneurs de l’État profond britannique. Des drapeaux britanniques, français et grecs ont été pendus sur certains des bâtiments du littoral. Les soldats des forces d’occupations ont été accueillis sous les applaudissements de ces flagorneurs.

Patrick Balfour, dit Lord Kinross, avait écrit à propos de ces Turcs anglophiles qui étaient présents pendant les jours d’occupation :

Certains ont même prétendu qu’ils n’étaient pas du tout Turcs, ils ont jeté leurs fez et ont essayé de trouver du travail avec les forces alliées qui s’étaient installées dans la ville.1

Le seul mouvement indépendant capable de représenter le peuple turc était le Kuva-yi Milliye (Forces nationales). La première chose que l’Administration d’Ankara avait faite était de créer l’Agence de presse Anadolu le 6 avril 1920 afin que le monde entier puisse être correctement informé de la résistance légitime en Anatolie. Ensuite, le 23 avril 1920, le premier Parlement qui constituerait les fondations de la nouvelle République a été créé à Ankara dans un vieux bâtiment d’école.

À présent, le seul pouvoir législatif représentant les Turcs était à Ankara. Le plan de la guerre d’indépendance, qui durerait plus de 2 ans, a été préparé et mis en œuvre dans cette ville.

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1. Un jeune Turc des Forces Nationalistes âgé de 15 ou 16 ans, arrêté par les Britanniques (juillet 1920)
2. Forces Nationalistes prises comme prisonniers par les Britanniques
3. L’ouverture du Parlement Turc avec des prières. Le vendredi a été délibérément choisi pour la cérémonie d’ouverture.

Les Lieux Stratégiques pour l’Occupation : la Tour de Galata et l’Importance du district de Galata

Tout au long de l’occupation britannique, l’État profond britannique s’était fixé sur une notion : Les Turcs étaient restés en Europe pendant des siècles et avaient causé des troubles. Istanbul appartient aux Grecs. Les Turcs doivent donc être expulsés de là. D’ailleurs, les projets actuels de l’État profond britannique pour la Turquie ne sont pas très différents. Les plans élaborés 100 ans auparavant sont toujours appliqués mais sous des formes différentes. Aujourd’hui, avec la contrainte des États profonds, les États-Unis et l’Union européenne sont les instruments de ce plan. Des efforts sont également déployés pour que la Russie en fasse partie.

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1. Une vue de la Corne d’Or de Galata. La tour de Galata était importante pour l’Etat Profond Britannique, car elle constituait un point de vue idéal pour la ville.
2. Un sous-marin Britannique déployé devant le pont de Galata était voulu par l’Etat Profond Britannique pour manifester sa puissance.
3. Forces d’occupation Françaises sur le pont de Galata

Il y a environ 100 ans, pendant l’occupation du 16 mars 1920, le plan avait atteint son point culminant et les Britanniques entrèrent à Istanbul avec 27 419 soldats.2 La ville d’Istanbul sous occupation était un spectacle qui réjouissait les cercles profonds de Londres. Juste après, une politique de violence visant à maintenir l’occupation de la ville allait être inaugurée.

Les puissances alliées avaient décidé que le vieil Istanbul serait contrôlé par les Français tandis que Beyoglu et les détroits seraient contrôlés par les Britanniques. L’Italie maintiendrait le contrôle de Kadiköy et d’Üsküdar. Cependant, les Britanniques ont rapidement revendiqué des droits sur ces zones car ils ne trouvaient pas les Italiens assez fiables. En tout cas, le haut-commissaire britannique était chargé du contrôle et de la surveillance de la ville.

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Orchestre militaire des forces Alliées sur le Pont de Galata

Les forces françaises à Istanbul n’avaient qu’une seule prison, à Kumkapi, alors que les Britanniques construisirent un total de 5 prisons ; sous la tour de Galata, dans Arabian Han, Sansarian Han, à l’Hôtel Kroecker et à l’Hôtel Sahin Pacha. Cette zone était le centre où des milliers de personnes avaient été inscrites sur liste noire et avaient été torturées et où le mouvement nationaliste avait été espionné. La tour de Galata était devenue le symbole de l’État profond britannique, car elle s’était avérée extrêmement utile à des fins d’observation. Cette tour a été également utilisée à la fois comme quartier général de renseignement et comme centre de torture.

Pendant les années d’occupation, tous les points du district de Galata étaient utilisés comme des postes britanniques individuels. Par exemple, les forces britanniques ont utilisé la rue de la tour de Galata pour pouvoir espionner constamment les nationalistes tandis que la tour de Galata s’est révélée très utile comme tour de guet. Avec un drapeau britannique, la tour de l’époque avait un hangar sur son toit en plusieurs couches. Les Britanniques avaient ajouté cette partie à des fin de renseignements, les soldats britanniques surveillant constamment la ville. Le sommet de la tour avait une vue large qui surplombait la Corne d’Or et une grande partie d’Istanbul et aidait donc les Britanniques à détecter le moindre mouvement suspect.

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Un drapeau Britannique flotte sur la tour de Galata pendant les années d’occupation alors que les troupes Britanniques occupantes se tiennent devant l’entrée de la tour.
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Le bâtiment à côté de la tour de Galata, appelé la maison de Galata et construite en 1904, a également été utilisé comme poste britannique. Ce bâtiment a été témoin d’horribles scènes de torture infligées par les interrogateurs professionnels de l’État profond britannique aux partisans de la Guerre d’Indépendance turque. C’est dans ce bâtiment que les renseignements apportés par les traîtres travaillant pour les forces de l’occupation britannique ont été évalués et c’est là que les personnes occupant des postes clés ont été interrogées et torturées pour des informations. De nombreux patriotes ont été martyrisés dans ce bâtiment et ont été enterrés sous la tour. Des années plus tard, de nombreuses fosses ont été découvertes au fond de la tour de Galata et des crânes humains ainsi que des os ont été découverts dans les canaux de la tour. L’espace au milieu de la tour servait de cachot. Pendant les années d’occupation, des milliers de personnes dans cette tour ont été inscrites sur la liste noire et ont été torturées.

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(1). Le bureau de poste Britannique est situé juste en face de l’hôpital naval Britannique à Galata. Les Britanniques avaient utilisé ce bâtiment à des fins de renseignement pendant les années d’occupation
(2). Un commissariat de police Britannique installé dans la rue de la tour de Galata. Pendant les années d’occupation, des milliers de Turcs ont été inscrits sur la liste noire et torturés dans ce bâtiment utilisé pour l’espionnage contre les forces nationalistes. Construit à l’origine comme une prison Britannique, il a ensuite été transformé en commissariat de police après l’occupation d’Istanbul par les forces Britanniques.
(3 et 4) Hôpital naval Britannique. La petite tour, située à gauche de la tour de Galata, était la tour d’observation de l’hôpital naval Britannique. Pendant l’occupation d’Istanbul, les Britanniques ont utilisé la tour pour espionner les navires qui se rendaient à Istanbul et recueillir des renseignements.

La tour de Galata était au centre des opérations de l’État profond britannique. Elle était connue à la fois comme étant le centre de l’ordre Mevlevi, le centre britannique de récolte d’informations ainsi que le centre de la violence et de la torture infligées par les Britanniques. La région a également été utilisée comme tribunal britannique. En d’autres termes, le district de Galata était utilisé comme base, comme centre de torture, comme prison, comme tribunal, sans parler du point de rencontre des espions britanniques. Tout comme Pharaon l’avait fait avec sa tour de guet, l’État profond britannique observait le peuple turc de la tour de Galata. La première maison Mevlevi d’Istanbul à Galata était aussi utilisée par les Britanniques pour la récolte d’informations.

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(1) Derviches à la maison Mawlawi de Galata
(2) L’hôtel Kroecker était utilisé comme quartier général par les membres de l’Etat Profond Britannique. Les étages inférieurs de l’hôtel servaient de chambres de torture.

La 2ème base importante utilisée par les Britanniques pour opprimer les habitants d’Istanbul pendant l’occupation était l’hôtel Kroecker (qui est actuellement utilisé comme local pour les enseignants). Les pièces du sous-sol avaient été utilisées comme chambres de torture et des centaines de nationalistes s’opposant à l’occupation y avaient été torturés. John Bennett, un officier des services de renseignements britanniques, utilisait l’hôtel Kroecker comme quartier général en raison de son emplacement central à Beyoglu. Un fouet en main, Bennett interrogeait des personnes dans des chambres de torture en pleine nuit. Bennett, également soufi et mevlevi, n’a jamais coupé ses liens avec l’Empire ottoman et le monde islamique, même après l’occupation. Il a même ouvert la 1ère maison Mevlevi/Soufi en Grande-Bretagne et est devenu lui-même un Cheikh. Utilisant ce nouveau personnage, il s’est employé à faire du mal au peuple turc et aux Musulmans en utilisant le soufisme comme déguisement. En conséquence, beaucoup de gens n’ont pas réussi à voir la tromperie dans sa rhétorique et, à la place de l’Islam, ont adopté à tort la philosophie de Djalâl ad-Dîn Rûmî qui est, en réalité, contre l’Islam. Après cette étape, les plans de l’État profond britannique visant à détruire le monde musulman de l’intérieur continueraient d’une manière essentiellement basée sur la philosophie de Rûmi.

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la maison Mawlawi de Galata
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Une illustration de la maison Mawlavi de Galata

Soulignons le fait que les maisons soufies constituaient les principales sources de renseignements des Britanniques pendant l’occupation.

Les forces de l’occupation qui voulaient garder Istanbul sous contrôle ne se sont pas empêchées de faire pression sur des civils. En plus de la flotte de l’occupation ancrée dans le Bosphore, un sous-marin britannique était stationné devant la tour de Galata. Les armes de la flotte, visant la ville, étaient prêtes à tirer. Les troupes de l’occupation faisaient le tour de la ville avec leurs chars et leurs escadrons pour faire une démonstration de leur puissance. Les chars étaient placés autour de points stratégiques sur la place de Taksim. Les officiers ottomans devaient saluer les soldats des forces alliées, quel que soit leur rang, sans s’attendre à être salués en retour. Le Sultan avait été contraint de promulguer un décret confirmant l’occupation afin d’empêcher toute conscience nationaliste de se développer et des fatwas similaires (avis juridiques faisant autorité sur des questions relevant de la loi islamique) avaient été déclarées par le Cheikh al-Islam (le grand mufti) et par quelques autres érudits religieux. Des caisses de boissons alcoolisées importées d’Angleterre remplissaient les tavernes d’Istanbul, ceci était une autre tentative pour affaiblir les gens et dégrader leur moralité.3

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Marines Britanniques sur le pont de Galata
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Forces d’occupation sur le pont de Galata

Les espions britanniques étaient partout à Istanbul. Un des espions, avec le pseudonyme RV5, a ouvert un magasin de couture en 1921 et a réussi à être le tailleur des « Jeunes Turc » et des proches de Mustafa Kemal. Il a même réussi à se rendre au Ministère des Affaires étrangères turc. Il transmettait toutes les informations recueillies aux Britanniques. Un autre espion sous le pseudonyme de JQ6 tenait, à Istanbul, un café fréquenté généralement par des personnes proches de Mustafa Kemal. Les partisans de ce dernier tenaient toutes leurs réunions dans ce magasin et toutes les informations secrètes qu’ils s’échangeaient étaient directement transmises aux Britanniques. Entre-temps, les habitants d’Istanbul continuaient à vivre leur vie sous l’occupation de l’État profond britannique.4

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Un sous-marin Britannique s’est tenu devant le pont de Galata dans l’intention d’intimider la population, un effort qui a échoué.
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Note Importante sur l’Ordre Mevlevi

Rûmi est un mystique du 13ème siècle. Il a écrit le Mesnevi et bien que ce livre contienne des déclarations louables sur la foi et l’Islam, il contient également de graves contradictions avec l’Islam et le Coran. L’ordre Mevlevi a pris forme autour de ce livre et en raison de parties du Mesnevi qui sont en contradiction avec la foi islamique, cette philosophie s’est transformée en un mode de vie prôné par certains cercles cherchant à infliger des sérieux dommages à l’Islam. En fait, cette culture a largement été valorisée et promue par les athées, les milieux anti-islamiques, les homosexuels et les darwinistes. Plus particulièrement, certaines personnes souhaitant répandre des actes interdits par le Coran parmi les Musulmans, comme l’homosexualité ou des dogmes irréligieux comme le darwinisme, ont toujours utilisés la philosophie de Rûmi et de l’ordre Mevlevi pour atteindre leurs objectifs. Sans surprise, l’État profond britannique a utilisé cette culture dangereuse à plusieurs reprises pour manipuler les Musulmans.

Il convient de garder à l’esprit que la critique ne vise pas ici Rûmi, l’auteur du Mesnevi, comme il est possible que le Mesnevi ait été sûrement modifié considérablement depuis sa parution au 13ème siècle. Il est fort possible que les remarques en question aient été ajoutées au Mesnevi que plus tard, dans le but de nuire aux sociétés islamiques. Par conséquent, nos critiques ici ne concernent pas Djalal ad-Dîn Rûmi mais l’étrange philosophie élaborée à partir du contenu du Mesnevi

Les chapitres suivants traiteront davantage de la philosophie de Rûmi.

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La Censure des Médias Pendant l’Occupation Britannique

L’historien turc Atilla Oral raconte les jours de l’occupation comme suit :

La flotte ennemie ancrée dans le détroit du Bosphore avait des tâches très importantes. Ils ne sont pas restés à Istanbul pendant cinq ans seulement pour maintenir des apparences. C’était une partie d’un plan d’intimidation sinistre et soigneusement conçu.5

Les tactiques d’intimidations avaient pour but de réprimer les gens et de briser leur esprit. La propagande visant le peuple était considérée comme importante parce que l’État profond britannique voulait empêcher le peuple de soutenir le mouvement nationaliste.

Comme expliqué précédemment, l’État profond britannique cherchait à nuire depuis le début aux valeurs nationalistes et patriotes des peuples. La raison principale en est que lorsqu’une société s’éloigne de ces valeurs, sa chute devient inévitable. L’État profond britannique a supposé qu’un mouvement n’étant pas soutenu par le public ne serait plus national et s’est donc concentré sur une anti-propagande psychologique.

Pour l’État profond britannique, l’un des moyens de le faire était de censurer les médias. Par conséquent, pendant l’occupation, la presse turque avait été lourdement censurée. Les journaux étaient d’abord examinés par les censeurs travaillant pour l’État profond britannique avant d’être publiés et tout contenu ou autre image n’étant pas jugé approprié n’était tout simplement pas autorisé à être imprimé. Si l’État profond britannique n’approuvait pas une certaine photo ou un certain article, ces derniers étaient supprimés. Par conséquent, de nombreux journaux de cette époque ont dû être imprimés avec des colonnes vides. C’était un crime majeur que de publier des images ne portant pas la mention « Censure par les Autorités Alliées – le Censeur ».

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Flotte Alliée dans les eaux d’Istanbul

Toutes les preuves visuelles des crimes commis par l’État profond britannique étaient ainsi presque complétement effacées. Pendant longtemps, il n’a pas été possible de trouver des images prouvant qu’Istanbul avait été occupée à cause de la mainmise de l’État profond britannique sur toutes les photos de guerre. Lorsque ces photos ont, par la suite, été retrouvées dans les archives britanniques, le peuple turc était frappé de stupeur. Atilla Oral raconte comment il a pu mettre la main sur ces images :

Les archives britanniques recèlent un grand nombre de preuves visuelles importantes concernant la guerre d’indépendance en Turquie et les années de l’occupation. Il est dit que l’Angleterre a mis ses archives à la disposition des chercheurs après un certain temps, mais ce n’est vrai que pour les documents écrits. C’est différent pour les enregistrements visuels ou audio. J’ai collectionné des documents et des photographies depuis 20 ans pour pouvoir écrire ce livre. Presque toutes les images que j’ai utilisées provenaient de sources britanniques et de ventes aux enchères. Les photographies conservées par les forces d’occupation pendant des décennies sont maintenant vendues par leurs arrière-petits-enfants, révélant ainsi de nombreuses parties de l’histoire qui étaient restées dans l’ombre jusqu’à maintenant.6

La censure a effectivement empêché le peuple turc de voir la tyrannie, les secrets, les injustices et l’occupation de l’État profond britannique qui n’ont été révélés qu’après la guerre. Ce n’est que maintenant, au 21ème siècle, que nous pouvons mesurer l’ampleur de la violence et de la tyrannie qui ont eu lieu. Néanmoins, malgré tous les efforts pour la contrer, la campagne nationaliste s’est développée d’une manière qui a déconcerté l’État profond britannique. Les espions et les censeurs n’ont pas réussi à entraver la prévoyance du peuple turc et les complots de l’État profond britannique ont échoué un à un.

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Le 16 mars 1920, les forces Britanniques occupantes ont effectué une descente au poste de police de Mızıka à Şehzadebaşı, ils ont martyrisé quatre de nos soldats et en ont blessé de nombreux autres.

Les Partisans de l’État Profond Britannique Pendant l’Occupation

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Damat Ferid Pasha, qui voulait le mandat Britannique pour l’Empire Ottoman

Les pages précédents ont traité de la manière dont l’État profond britannique s’y est pris pour mettre son plan d’occupation d’Istanbul à exécution, pour réussir à obtenir le soutien du public grâce à sa propagande anti-turque, pour forger des alliances militaires avec d’autres pays, pour manipuler les gouvernements et les clauses des accords en les rendant compatibles avec l’occupation, pour supprimer les dissensions potentielles pour finalement commencer l’occupation le 16 mars 1920. Pour une occupation réussie, il devait y avoir non seulement un pouvoir militaire, économique ou politique mais également des partisans locaux. Cette partie révélera les noms et les organisations qui étaient activement impliqués dans l’occupation, sciemment ou non.

Saïd Molla, qui était le rédacteur en chef d’un quotidien pro-britannique du nom de Yeni Istanbul publié pendant les années de l’occupation, avait écrit un article le 9 novembre 1918 intitulé « Britain and Us », montrant clairement l’approche de certaines autorités ottomanes envers les Britanniques:

[… ] Puisque notre peuple d’Anatolie a développé une grande admiration et un grand respect pour les Britanniques, il est clair que toute aide britannique envers la Turquie, aussi minime soit-elle, sera extrêmement fructueuse. […] Les Ottomans, les vieux Turcs, ne peuvent atteindre la prospérité et le bien-être qu’avec l’aide sincère du noble peuple britannique.7

Après l’occupation, l’État profond britannique avait construit un vaste réseau d’espions, tous nourris par des sentiments anti-Musulmans, dans le but de combattre la résistance anatolienne. Alors que certains de ces espions figuraient sur la liste des employés britanniques, d’autres se sont portés volontaires. Apparemment, le pouvoir des Britanniques émerveillait certains.

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Les troupes Britanniques dans la Tour de Galata

Les officiers de l’occupation utilisaient certains pavillons de derviches pour la récolte de renseignements et la maison de l’ordre Mevlevi à Galata était la plus fréquemment utilisée. John Bennett, le chef de la division « B » du renseignement militaire, comme mentionné précédemment, fréquentait habituellement cette maison de l’ordre Mevlevi. Il écrit à propos de son quotidien comme suit :

On m’a demandé de savoir ce que les derviches faisaient. … Tout derviche peut être un agent secret déguisé ou un missionnaire fanatique de la part d’une fraternité politico-religieuse. Un autre point important était les fraternités de derviches, dont on pensait que le plus influent était les Frères Mevlevi.8

L’État profond britannique choisissaient et formaient des agents du renseignement un par un pour assurer leur loyauté. Pour certains habitants d’Istanbul, un peu de flatterie, un peu d’argent et la promesse d’un avenir prometteur semblaient avoir suffi. Apparemment, pour eux, des petits gains étaient plus importants que le salut de leur pays. Comme l’ont précisé par la suite les occupants britanniques, certains habitants d’Istanbul ont pactisé avec l’État profond britannique, prétendant avoir un faible pour les Britanniques. Néanmoins, rien de tout cela ne peut changer le fait que les complots et la trahison des espions sont toujours voués à l’échec et que le destin de Dieu prévaudra toujours et c’est exactement ce qui s’est passé.

Et Je leur accorderai un délai, car Mon stratagème est solide! (Coran 7 : 183)

La Société des Amis de l’Angleterre – Les Groupes Britanniques dans l’Administration Ottomane

La Société des Amis de l’Angleterre était une organisation regroupant des personnalités telles que Damat Ferid Pacha et Saïd Molla et supportait avec ferveur l’idée du mandat britannique. Elle a été fondée le 20 mai 1919 dans le but principal d’introduire des troubles en Anatolie afin de mettre fin au mouvement d’indépendance nationaliste et a reçu, pour accomplir cet objectif, le soutien financier des Britanniques. Toute manifestation locale déclenchée contre la Guerre d’Indépendance turque était en quelque sorte liée à cette société. Une autre méthode de ce groupe était d’utiliser diverses publications pour discréditer le gouvernement d’Ankara aux yeux du public d’Istanbul, tout en manipulant l’opinion publique en faveur de l’État profond britannique.

Saïd Molla, l’un des cofondateurs, a lancé une guerre de propagande à Istanbul avec son quotidien Yeni Istanbul. Plus tard, il devint évident qu’il recevait 300 lires par mois de l’ambassade britannique.9 La déclaration de fondation fut rédigée par le Dr. Abdullah Cevdet qui avait des idées étranges telles le fait qu’il fallait améliorer la race turque avec des hommes supérieurs d’Europe parce que les Turcs étaient, soi-disant, primitifs (la noble nation turque est au-dessus de ce genre de déclarations). La société a réussi à engager 53 000 membres au cours des trois premiers mois suivant sa création. Le 23 mai 1919, Saïd Molla a envoyé un télégramme à tous les maires, affirmant que le seul moyen d’être sauvé était d’accepter le mandat britannique.10

Mustafa Kemal Atatürk a mentionné l’objectif de cette société et de ses membres dans son célèbre Nutuk (Le Grand Discours) :

L’une des plus importantes d’entre elles, la « Société des amis de l’Angleterre » mérite une mention spéciale. Il ne s’ensuit pas de son nom que ses membres étaient nécessairement des amis de l’Angleterre. À mon avis, les fondateurs de cette société étaient des personnes qui pensaient avant tout à leur sécurité et à leurs intérêts personnels et pour pouvoir assurer cela, ils avaient incité le gouvernement de Lloyd George à leur offrir la protection anglaise. Je me demande si ces personnes égarées ont vraiment imaginé un instant que le gouvernement anglais avait la moindre idée de maintenir et de préserver l’État ottoman dans son intégrité ?
[…] Certains aventuriers anglais, comme par exemple un membre du clergé nommé Frew, appartenaient également à cette société. À en juger par l’enthousiasme dont ce dernier faisait preuve, il en était probablement le président. La Société affichait un double visage et un double caractère. D’une part, elle chercha ouvertement à protéger l’Angleterre par des méthodes civilisées. De l’autre, elle travaillait en secret et montrait que son objectif réel était de pousser le peuple à se révolter en formant des organisations intérieures, de paralyser la conscience nationale et d’encourager les pays étrangers à participer. C’étaient les desseins perfides sous-tendant le travail de la section secrète de la Société. Nous verrons plus loin comment Saïd Molla a joué un rôle aussi actif, voire plus important, dans ce travail secret que dans les entreprises publiques de la Société. Ce que je viens de dire à propos de cette société deviendra beaucoup plus clair pour vous lorsque j’entrerai plus tard dans les détails et que je vous présenterai certains documents qui vous étonneront.11

Le pasteur Frew, mentionné par Atatürk dans son Grand Discours, était le chef des services de renseignements britanniques à Istanbul. Il détenait des codes de communication britanniques qu’Ali Rıza Bey de la Karakol Society (une société secrète du gouvernement d’Istanbul appartenant à l’Empire ottoman et dont le but était de soutenir les forces nationalistes) a volés et a déchiffrés. Cela a dévoilé le soulèvement prévu à Diyarbakir par la tribu des Bedirhan sous la direction de Damat Ferid Pacha. Mustafa Kemal Pacha, après avoir été informé directement des détails qui se trouvaient dans le dossier de Frew, a pu prendre les précautions nécessaires.

La propagande britannique à Istanbul ne provenait pas uniquement de la Société des Amis de l’Angleterre. Le quotidien Alemdar de Refi Cevat Ulunay avait publié un éditorial intitulé « Qui Voulons-Nous » le jour où Atatürk était arrivé à Samsun. On pouvait lire : « Au lieu de nous déchirer un membre par jour, remettons notre corps à un médecin et sauvons-nous. Les Anglo-saxons émettent une telle puissance, où qu’ils soient, qu’ils ne peuvent que renforcer cette communauté pour l’avenir. »

Le grand vizir Ahmet Tewfik Pacha, qui a succédé à Damat Ferid Pacha, dès son entrée en fonction le 11 novembre, a accordé une interview au The Daily Mail et a déclaré que « leur but était de ramener la vieille amitié avec l’Angleterre et qu’il était essentiel que les puissances alliées devraient confier les Ottomans entre les mains de personnes expérimentées ».12

Des Romans ont été Écrits sur les Collaborateurs des Britanniques pendant l’Occupation d’Istanbul

Sami Bey, dans le célèbre roman de Yakup Kadri Karaosmanoğlu intitulé Sodom ve Gomore (Sodome et Gomorrhe), était un personnage cosmopolite qui avait perdu le lien avec ses valeurs nationales, avait oublié son identité et avait supposé qu’une fraternisation avec les étrangers augmenterait son statut. Sami Bey était convaincu que les Britanniques étaient capables de tout faire et s’était donc opposé au mouvement nationaliste en Anatolie. Le grand vizir Damat Ferid et le journaliste Ali Kemal figuraient parmi les personnalités représentées par Sami Bey dans le roman.

Il est clair que beaucoup de gens se sont alliés aux Britanniques pendant la période de l’occupation et se sont aussi liés entre eux. Ils ont causé d’immenses difficultés aux habitants d’Istanbul et d’Anatolie avec leur espionnage et les renseignements qu’ils ont fournis. La Guerre d’Indépendance a commencé dans ce contexte difficile mais a néanmoins abouti à une victoire mémorable.

Saïd Nursi a Rejeté les Fatwas contre les Forces Nationalistes

L’État profond britannique, juste après l’occupation d’Istanbul, a désigné certains soi-disant hommes religieux comme hommes de main. Ces soi-disant religieux qui ont collaboré avec les Britanniques ont publié une fatwa en 1920 affirmant que l’occupation britannique était légitime et que les forces nationalistes n’étaient pas compatibles avec l’Islam. Le savant musulman Bediüzzaman Saïd Nursi fut le premier à refuser cette fatwa :

Une fatwa émise par un gouvernement et par le bureau de Şeyhül-Islam dans un pays sous occupation ennemie, sous le commandement et la contrainte des Britanniques, est défectueuse et ne doit pas être écoutée. Ceux qui opèrent contre l’invasion ennemie ne sont pas des rebelles. La fatwa doit être annulée.13

Saïd Nursi a aussi partagé des informations importantes à propos de l’État profond britannique :

La qualité distinctive de la politique des Anglais [État profond britannique] est source de discorde et de troubles, bénéficiant des conflits, orchestrant toutes sortes de maux imaginables pour atteindre leurs objectifs, ils mentent, ils détruisent et répandent la négativité. Comme ils utilisent la corruption et la dégénérescence pour leurs politiques, ils encouragent aussi la dégénérescence partout.14

Saïd Nursi, avec sa forte position intellectuelle contre l’occupation d’Istanbul et sa propagande néfaste, était la personnalité religieuse la plus importante de l’époque. Hutuvat-i Sitte, imprimé secrètement en arabe et en turc et circulant dans la clandestinité, était une publication importante qui renforçait l’esprit nationaliste contre les Britanniques. Il n’est pas surprenant que, suite à cette publication, les Britanniques avaient ordonné que Saïd Nursi soit tué. Cependant, malgré leurs nombreuses recherches à Istanbul, par la grâce et la protection de Dieu l’État profond ne put le localiser.

Abdülhamid II veut l’internement de Saïd Nursi dans un asile psychiatrique

Saïd Nursi était un fidèle serviteur de Dieu qui avait remarqué et attiré l’attention sur les plans malsains de l’État profond britannique depuis sa jeunesse. Il n’a pas fallu longtemps avant que les membres de l’État profond britannique ne découvrent l’intelligence et le talent de cet homme dévoué et tentèrent donc de le combattre. L’une de ces tentatives a eu lieu lorsque Saïd Nursi était venu à Istanbul pour rendre visite au sultan Abdülhamid II.

En 1907, Saïd Nursi demanda audience au sultan Abdülhamid II pour lui faire part de ses idées sur la fondation d’une université à Van, qu’il nomma « Madrasah al-Zahra », où les sciences islamiques et physiques seraient enseignées ensemble. Cependant, lorsqu’il s’est rendu au palais, il a été arrêté pour le prétendu « crime » de porter des vêtements traditionnels et un turban et a été envoyé à l’asile psychiatrique d’Üsküdar Toptaşı. Cette pratique injuste, autorisée par les ordres d’Abdülhamid II, était un exemple clair de la peur et de la préoccupation qu’inspirait Saïd Nursi à l’État profond britannique, avec son courage sans précédent.

Le Dr Hamid Uras, l’un des médecins les plus estimés de Gaziantep, était à l’asile au moment où Saïd Nursi avait été amené. Il a rappelé l’incident avec les mots suivants :

C’était pendant la deuxième période constitutionnelle et nous étions étudiants à la faculté de médecine. Nursi était également à Istanbul à l’époque. […] Il était très connu, sa renommée s’était répandue partout. […] Ils l’ont envoyé pour être examiné par un médecin du gouvernement, un Grec. Le médecin a interrogé Saïd et, au cours de leur conversation, il a pris un manuel d’anatomie dans la bibliothèque et a lu quatre ou cinq pages, puis a demandé au médecin de le faire passer à l’épreuve. Le médecin le fit et resta stupéfait lorsque le patient lui relit les pages mot par mot. Il s’est excusé auprès de Saïd et a rédigé un rapport favorable à envoyer au palais par l’intermédiaire du chef de la police. 1

Après qu’il ait été appris que Saïd Nursi n’avait pas de problèmes mentaux, il a été libéré et renvoyé au siège de la police. Cela a incité Abdülhamid II à proposer de l’argent à Saïd Nursi pour qu’il retourne dans sa ville, ce que Saïd Nursi a immédiatement refusé.

1. Şükran Vahide, Islam in Modern Turkey: An Intellectual Biography of Bediuzzaman Said Nursi, State University of New York Press, New York, 2005, p. 39
L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
Femmes Turques courageuses portant des munitions au front, sur le dos et munies de charrettes tirées par des boeufs au cours de la Guerre d’Indépendance Turque

L’État Profond Britannique n’a pas Pu Arrêter le Mouvement d’Indépendance National Turc

Certaines personnes qui voulaient récolter les faveurs de l’État profond britannique leur ont rapportés les agissements des patriotes courageux qui soutenaient le mouvement pour l’indépendance en fournissant des armes et de l’aide à l’Anatolie. Les patriotes qui ont été capturés ont été impitoyablement martyrisés par les pelotons d’exécution britanniques sans aucun procès. Avant l’exécution, ils étaient conduits dans les chambres de torture de John Bennett à l’hôtel Kroecker et étaient torturés de la manière la plus cruelle qui soit pour obtenir des informations.

Inutile de dire que de tels traîtres ne constituaient qu’une minorité au sein de la nation turque. La plupart des habitants d’Istanbul risquaient la torture et la mort en portant secrètement des armes et des munitions dans des meules de foin, des sacs d’alimentation et de grands paniers de légumes jusqu’à la périphérie du détroit de la mer Noire et en les chargeant sur des barques pour les envoyer à Inebolu. Ces patriotes, pleinement conscients de la perspective d’être des martyrs aux mains d’un peloton d’exécution, s’ils étaient capturés, vidèrent sans peur les arsenaux de Selimiye et de Maçka. Les forces d’occupation s’étaient déjà emparées de tous les bateaux dans les ports turcs. Par conséquent, les barques aménagées dans la mer et les charrettes à bœufs sur terre constituaient le seul moyen de transport disponible.

Les habitants d’Istanbul avaient été appauvris pendant les années d’occupation car les villes qui nourrissaient et habillaient Istanbul ne pouvaient plus exercer correctement leurs fonctions. En dépit de toutes ces difficultés, les désintéressés parmi le peuple turc envoyèrent tous leurs biens en Anatolie pour soutenir le mouvement indépendantiste. Les dames utilisaient la laine de leurs lits et de leurs oreillers pour tricoter des vêtements et des chaussettes pour les soldats en Anatolie.

Les Organisateurs de l’Occupation et leurs Liens avec l’État Profond

Churchill, le Premier ministre britannique de l’époque, avait déclaré : « Celui qui ne peut pas voir qu’un grand projet est en cours sur cette planète, qu’un plan important est en cours, sur lequel nous sommes autorisés à collaborer en tant que serviteurs fidèles, doit certainement être aveugle »15

Öcalan, le chef des terroristes du PKK, explique également comment l’État profond britannique contrôle en réalité le groupe terroriste qu’il a créé et que de telles politiques fondamentales sont toujours planifiées par ces puissances cachées:

La Grande-Bretagne est le pays qui a l’approche la plus pertinente par rapport à notre problème. Ils ont accordé une licence à MED TV. La Grande-Bretagne élabore les politiques et oblige les États-Unis à les appliquer. Je pense que la Grande-Bretagne est celle qui élabore les politiques principales et qui obtient ses collaborateurs en Europe, mais ce sont, en particulier, les États-Unis qui appliquent ces politiques. Aucun document ne le prouve, ce qui est impossible de toute façon. Mais il faut voir de toute façon que tout ce qui se fait en Europe trouve son point de départ en Grande-Bretagne. Cette dernière à une attitude très stricte vis-à-vis des problèmes.16

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
L’État Profond Britannique a répandu des idées de sectarisme et de tribalisme pour créer une division entre les Musulmans.

En avril 2008, Öcalan a fait la déclaration suivante à İmralı concernant l’État profond britannique :

Depuis le 16ème siècle, les Britanniques ont planifié à Londres ce qui se passera dans le reste du monde. Ils manipulent aussi l’opinion publique. Marx vivait à Londres : ils l’ont délibérément gardé là. Marx y a façonné ses idées et les a répandues dans le monde entier. …La reine Elizabeth surveillait Marx de près. Marx, Lénine, Mao ; ils ont tous été dupés par les Britanniques.17

L’État profond britannique a besoin de personnes pour gérer et mettre ses plans à exécution. Dans les pages suivantes, les lecteurs vont se familiariser avec ceux qui ont géré et mis en œuvre le plan de partitionnement de l’Empire ottoman, basé sur l’occupation d’Istanbul.

Lloyd George

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
Lloyd George

Lloyd George était le Premier ministre britannique lors de la mise en œuvre du plan de partitionnement de l’Empire ottoman. Voici comment Churchill avait décrit les perspectives de Lloyd George et ses projets pour l’avenir des Turcs et du territoire turc :

Les Grecs [affirmait Lloyd George] sont des gens de la culture de la Méditerranée orientale. […] Une plus grande Grèce sera un avantage inestimable pour notre Empire britannique. […] Ils posséderont toutes les îles les plus importantes de la Méditerranée orientale. Ces îles sont les bases sous-marines potentielles du futur ; ils se trouvent sur le flanc de nos communications à travers le canal de Suez avec l’Inde, l’Extrême-Orient et l’Australie.

Le 22 décembre 1920, Lloyd George déclarait l’importance de l’amitié des Grecs d’Asie mineure comme « essentielle pour la Grande-Bretagne, plus que pour aucun autre pays du monde »18

Ce que Lloyd George voulait dire, c’était qu’une soi-disant « Grande Grèce » incorporant l’Anatolie, serait un atout majeur qui protégerait les frontières de l’Empire britannique. À cette fin, George avait aidé les Grecs à lancer une offensive sur la Thrace de l’Est et à Izmir. Les Britanniques avaient supposé que de cette manière, ils ne risqueraient pas la perte de soldats britanniques alors qu’ils tentaient de vaincre les Turcs chez eux et préféraient plutôt l’utilisation du Premier ministre grec Venizelos, qui rêvait d’une « Grande Grèce ». Au moyen de l’offensive grecque, George voulait détruire les derniers vestiges de la résistance turque et faciliter le processus de distribution des terres turques aux Alliés. Il a en effet mis ce plan à exécution et a complètement abandonné les Grecs après leur défaite humiliante, en dépit de son soutien indéfectible aux Grecs.

Le Premier ministre britannique ne s’est pas abstenu d’afficher clairement son approche raciste envers les Turcs en disant « Vous ne pouvez pas leur faire confiance… et c’est une race décadente ».19 Afin d’obtenir l’approbation nécessaire de son cabinet et du Parlement britannique pour commencer l’occupation d’Istanbul, il avait déclaré que les Turcs ne pouvaient être ramenés à la raison que par la force.20

Les remarques de Lloyd George à propos de Mustafa Kemal Atatürk, prononcées à la Chambre des communes le 19 octobre 1922, montrent clairement qu’il a déjoué les plans de l’État profond britannique :

Les siècles produisent rarement un génie. […] Le grand génie de notre époque a été conféré à la nation turque.21

Après l’échec de ses plans de démantèlement de la Turquie, Lloyd George n’avait pas eu d’autre choix que de démissionner. Dans les années 1930, il était déjà tombé dans l’oubli et n’avait plus le soutien du public ni aucune influence politique.

Lord Curzon

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
Lord Curzon

George Curzon, dit Lord Curzon, était le secrétaire d’État aux Affaires étrangères du gouvernement Lloyd George. C’est lui qui a eu l’idée que « L’Euphrate constitue la frontière occidentale de l’Inde ».22 Il était convaincu que, pour maintenir la politique de l’État profond britannique et assurer le plein contrôle de l’Inde, les régions arabes et kurdes situées à l’intérieur des frontières ottomanes devaient être placées sous mandat britannique.

Tout ce que nous voulons, vous les rejetez. Pour l’instant, nous les gardons pour nous, mais vous êtes un pays pauvre venant de sortir de la guerre. Vous aurez besoin d’argent pour votre développement. Quand vous viendrez chez nous pour cela dans le futur, nous étaleront l’argent devant vous et nous aurons enfin ce que nous voulons.23

Lord Curzon a prononcé ces mots à Ismet Inönü au cours des négociations à Lausanne. Même aujourd’hui, tous les droits récupérés à Lausanne sont évoqués à différentes occasions dans une tentative apparente de les récupérer. En réalité, le fait que l’UE persiste pour que la Turquie modifie sa législation antiterroriste en échange de la libre circulation sans visa n’est rien d’autre que la réincarnation de la menace de Curzon.

Curzon a exprimé ses points de vue déplorables sur notre peuple honorable dans ses notes du 4 février 1920 :

Les Turcs doivent être chassés d’Europe. Comme l’a dit le sénateur américain Lodge, Istanbul devrait être totalement enlevée aux Turcs, ce nid fétide, créateur de guerres et de blasphèmes pour les voisins, devrait être rayé de l’Europe. Les Turcs sont les Peaux-Rouges de l’Asie et ils finiront donc comme eux.24 (L’honorable nation turque est au-dessus de telles déclarations)

Somerset Arthur Gough-Calthorpe

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
Somerset Arthur Gough-Calthorpe

Le Haut-commissaire britannique, l’Amiral Calthorpe, en poste à Istanbul, a écrit dans plusieurs de ses télégrammes à Londres qu’un moyen d’affaiblir l’Empire ottoman était d’opposer les Kurdes et les Turcs.

Lors des négociations sur l’Armistice de Moudros, l’amiral Calthorpe a promis que tout serait mis en œuvre pour que les Turcs ne soient pas offensés. Il a déclaré qu’il pensait que les navires grecs ne seraient pas envoyés à Istanbul ou à Izmir, mais a ajouté qu’une clause indiquant qu’ « Istanbul ne serait pas occupée » ne pouvait pas être incluse dans l’armistice.25 Seulement 13 jours après ces déclarations, les navires des marines grecques et britanniques se sont ancrés dans le détroit du Bosphore.

Calthorpe a également été informé de l’occupation imminente d’Izmir par la Grèce. Le 14 mai 1919, à 9 heures, il envoya une note diplomatique à Ali Nadir Pacha, commandant du 17ème Corps, l’informant que les forts d’Izmir et le territoire doté de mesures de défense seraient occupés par les forces alliées conformément à la 7ème clause de l’armistice. Le même jour, il envoya une 2ème note indiquant qu’Izmir serait occupée le 15 mai 1919 par les Grecs au nom des Alliés et que la flotte du port constituerait la plus haute autorité pour assurer l’ordre pendant l’occupation.

John Michael de Robeck

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
John Michael de Robeck

L’amiral Robeck était convaincu que l’alliance kurde-arménienne serait politiquement bénéfique pour les partis respectifs et la Grande-Bretagne. Dans son télégramme du 11 décembre 1919 à Lord Curzon, il a répété qu’une telle alliance serait dans l’intérêt de l’Angleterre dans la région et que les revendications des Kurdes et des Arméniens devraient être soigneusement soutenues et promues. Dans sa réponse datée du 20 décembre, Lord Curzon a ordonné au Commissariat d’encourager les deux parties.26

Il est parfaitement normal que les revendications du peuple kurde et arménien soient satisfaites. Mais, ce qu’il faut souligner ici, c’est le fait que les membres de l’État profond britannique n’ont voulu le faire que pour leur propre intérêt. Dès que les conditions adaptées à leurs intérêts ont cessé d’exister, ils ne se sont pas abstenus de bombarder des villages kurdes, comme au lendemain du Traité de Lausanne.

De Robeck, l’un des responsables de l’occupation d’Istanbul, tenta de justifier l’occupation en affirmant que si les alliés voulaient imposer la paix, ils devaient vaincre les Turcs à Istanbul et affaiblir leur résistance.27

George Francis Milne

L’Occupation d’Istanbul : le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
George Francis Milne

George Milne, un officier supérieur de l’armée britannique, fut nommé commandant en charge de l’occupation d’Istanbul. Il a déclaré ce qui suit sur le peuple caucasien et les Turcs :

Je suis pleinement conscient du fait que le retrait des troupes britanniques mènerait probablement à l’anarchie, mais je pense que le monde ne perdrait pas beaucoup si tous les habitants du pays s’égorgeaient. Ils ne valent certainement pas la vie d’un seul soldat britannique. Les Géorgiens ne sont que des bolchéviques déguisés… Les Arméniens sont ce que les Arméniens ont toujours été, une race méprisable. Les meilleurs sont les habitants de l’Azerbaïdjan, bien qu’ils ne soient pas civilisés.28 (Tous les peuples mentionnés ci-dessus se trouvent au-dessus de ces remarques)

George Milne était extrêmement mal à l’aise avec le mouvement nationaliste que Mustafa Kemal avait fondé en Anatolie. Il avait écrit au Ministère ottoman de la Guerre le 6 juin 1919 pour demander aux autorités de le rappeler à Istanbul :

Je considère que la présence du général Kemal Pacha et de son état-major dans les provinces n’est pas souhaitable. Il est troublant pour l’opinion publique à ce stade de voir un général et des états-majors distingués voyager dans le pays, et je ne vois aucune nécessité dans leurs travaux d’un point de vue militaire. Je vous demande d’ordonner le retour immédiat à Constantinople du général Kemal Pacha et de son état-major.29

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
1. Espions envoyés par l’Etat Profond Britannique pour organiser des révoltes dans l’Empire Ottoman: Gertrude Bell et T. E. Lawrence
2. Bell et Lawrence, vus avec Churchill, en Egypte pour assister à la Conférence du Caire

Mustafa Kemal était indigné par le ton condescendant de Milne à l’égard du peuple turc et du gouvernement d’Istanbul, ainsi que par les réponses désespérées du ministère de la Défense. Il a expliqué ses sentiments avec les mots suivants :

[…] Mais cela ne semble pas blesser la fierté du ministre de la Guerre, qui, dans toutes ses transactions avec l’organisation nationale, fait toujours référence aux questions de respect de soi et évoque à peine la dignité du gouvernement qui a accepté la responsabilité de sauvegarder l’indépendance de l’Empire ottoman. Ils ne veulent pas voir que leur dignité ait déjà été atteinte et que l’indépendance de l’État est menacée. Ils ne protestent même pas contre cette attaque. Ils n’osent même pas affirmer qu’ils refusent de se faire l’instrument de ce coup porté contre notre indépendance.30

La vérité est que les déclarations dédaigneuses citées ne sont qu’une petite partie des remarques de ces individus contre les Turcs. Leur cœur était plein de haine et de rancune envers le peuple turc et ils ne se sont pas abstenus d’afficher clairement cette haine avant et après la Guerre d’Indépendance de la Turquie. Ils ont saisi chaque occasion pour écraser et humilier les nations ottomanes, qui, selon leur mentalité dégénérée, étaient des races inférieures. Aujourd’hui, la même mentalité perdure. Certaines personnes, croyant à tort, qu’elles peuvent trouver une amitié ou un avenir dans une alliance avec les États profonds, feraient bien de s’en souvenir.

L’Occupation d’Istanbul, le Dernier Parlement Ottoman et le Pacte National
(1) Sir Charles Harington Harington
(2) İsmet İnönü à la fête d’adieu de Sir Charles Harington Harington, commandant en chef de l’armée d’occupation Alliée à Istanbul
(3) Sir James Marshall-Cornwall

Des Espions sur le Territoire Ottoman Rapportent au Gouvernement d’Istanbul

Les espions présents sur tout le territoire ottoman ont joué un rôle important dans la mise en œuvre du plan de dissolution de l’Empire ottoman. Les espions ont fondé des États, divisé des pays, nommé des rois et tracé des frontières. Ce vaste réseau d’espions était géré par les Britanniques, via le centre d’opérations d’Istanbul qui relevait des services de renseignements militaires. L’occupation d’Istanbul offrait donc une logistique indispensable à ce réseau d’espionnage. Des dizaines d’espions ont été envoyés en Anatolie, déguisés en « officiers de l’occupation ».

Alors que le mouvement d’indépendance national prenait de l’ampleur, ce réseau d’espionnage reprenait pour cible les plans militaires des Turcs. En 1921, Sir James Marshall-Cornwall fut nommé officier spécial du renseignement relevant de Sir Charles Harington, commandant en chef de l’armée d’occupation alliée basée à Istanbul. Marshall-Cornwall a mis en place une équipe restreinte mais opérationnelle pour surveiller Mustafa Kemal Pacha et le mouvement nationaliste. Parlant couramment le turc, il fut à nouveau envoyé à Istanbul en 1941 pour convaincre Ismet Inönü de rejoindre la Seconde Guerre mondiale en tant qu’allié britannique, mais il revint les mains vides.

NOTES :

  1. Patrick Kinross, Atatürk: The Rebirth of a Nation, Phoenix Press, London, 2003, p. 134
  2. Gary Jonathan Bass, Stay the Hand of Vengeance: The Politics of War Crimes Tribunals, Princeton University Press, s. 121
  3. « Yeşilay Tarihçesi », Yeşilay, http://www.yesilay.org.tr/tr/kurumsal/tarihce
  4. « İngiliz casuslar terzi ve kahveci ile Atatürk’ü izledi » [British spies monitored Atatürk with tailor and coffee maker], T24, 22.09.2010, http://t24.com.tr/haber/ingiliz-casuslar-terzi-ve-kahveci-ile-ataturku-izledi,100045
  5. Ali Dağlar, « 90 yıllık sır perdesini kaldıran kitap: İşgal altındaki İstanbul » [The book that removes the 90-year-old mystery: Istanbul under occupation], Hürriyet, 07.10.2013, http://www.hurriyet.com.tr/90-yillik-sir-perdesini-kaldiran-kitap-isgal-altindaki-istanbul-24859602
  6. Ali Dağlar, « 90 yıllık sır perdesini kaldıran kitap: İşgal altındaki İstanbul »
  7. Kerrar Esat Atalay, « Milliyetçiler İngiliz taraftarlığı propagandalarını nefretle karşılıyordu » [Nationalists received British propaganda with hatred], Yeniçağ, 24.01.2014, http://www.yenicaggazetesi.com.tr/milli-mucadelede-zararli-dernekler-ve-isyanlar-93885h.htm
  8. John Bennett, Witness: The Story of a Search, USA: Bennett Books, 1997
  9. Mehmed Demiryürek, « Kıbrıs’ta Bir 150’lik: Said Molla (1925-1930) » [150 in Cyprus: Said Molla], Mustafa Kemal Araştırma Merkezi Dergisi, No. 57, Vol: XIX, November 2003
  10. « Ankara Milletvekili Mustafa Kemal Paşa’nın Ateşkesten Meclisin Açılmasına Kadar Geçen Süre İçindeki Siyasi Durum Hakkındaki Meclis Konuşmaları » [Parliamentary speeches of Mustafa Kemal Pasha, Ataturk delegate, from ceasefire to opening of the parliament regarding the political situation], Atatürkiye, http://www.ataturkiye.com/nutuklari/1d1yy.html
  11. Mustafa Kemal Atatürk, Nutuk [The Great Speech]
  12. Nurullah Çetin, « Harici ve Dahili Bedhahları Tanımak [Knowing the internal and foreign vicious] », Öncevatan, http://www.oncevatan.com.tr/m/?id=29925&t=makale
  13. Şükran Vahide, Islam in Modern Turkey: An Intellectual Biography of Bediuzzaman Said Nursi, p. 140
  14. Bediüzzaman Said Nursi, Eski Said Dönemi Eserleri [Works of the Old Said Period], Istanbul: Yeni Asya Neşriyat, 2010, p. 537
  15. « New World Order », http://www.littlebookofjohn.com/quotes/n/new-world-order/8
  16. Arslan Tekin, İmralı’daki Konuk [Guest at Imrali], Istanbul, Bilgeoğuz Yayınları, 2009, pp. 57-435
  17. Komünar, Nov. 2008, no. 36, http://www.arsivakurd.org/images/arsiva_kurd/kovar/komunar/komunar_36.pdf
  18. Isaiah Friedman, British Miscalculations: The Rise of Muslim Nationalism, 1918-1925, p. 233
  19. Isaiah Friedman, British Miscalculations: The Rise of Muslim Nationalism, 1918-1925, p. 233
  20. Gotthard Jaeschke, Kurtuluş Savaşı İle İlgili İngiliz Belgeler [British Documents regarding Turkish War of Independence], trans. Cemal Köprülü, Ankara: Türk Tarih Kurumu Basımevi, 2011, p. 8
  21. Shelly Culbertson, The Fires of Spring, p. 92
  22. Habibollah Atarodi, Great Powers, Oil and the Kurds in Mosul, University Press of America, 2003, p. XV
  23. Hasan Saygın and Murat Çimen, Turkish Economic Policies and External Dependency, Cambridge Scholars Publishing, p. 48
  24. http://armenians-1915.blogspot.com/2006/11/1219-what-did-they-think-about-us.html, « George Curzon », Wikiquote, https://tr.wikiquote.org/wiki/George_Curzon
  25. Mustafa Turan, « İzmir’in İşgali Üzerine » [On the occupation of Izmir], ATAM, http://www.atam.gov.tr/dergi/sayi-36/izmirin-isgali-uzerine
  26. Selçuk Ural, « Mütareke Döneminde İngiltere’nin Güneydoğu Anadolu Politikası » [England’s Southeastern Anatolia Policy in Armistice Period], Ankara Üniversitesi Türk Inkılâp Tarihi Enstitüsü Atatürk Yolu Dergisi, no. 39, 2007, pp. 425-463
  27. Gotthard Jaeschke, Kurtuluş Savaşı İle İlgili İngiliz Belgeler
  28. Artin H. Arslanian, Britain and the Transcaucasion Nationalities During the Russian Civil War, Conference on « Nationalism and Social Change in Transcaucasia », 1980, pp. 10-11, https://www.wilsoncenter.org/sites/default/files/op104_britian_transcaucasia_arslanian_1980.pdf
  29. Stanford Jay Shaw, From Empire to Republic: The Turkish War of National Liberation, 1918-1923: a Documentary Study, Vol. 3, Turkish Historical Society, 2000, p. 670
  30. Mustafa Kemal Atatürk, Nutuk [The Great Speech]

Vous pouvez aussi consulter

La Libération d’Istanbul

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Le 9 septembre 1922, après le sauvetage d’Izmir de l’occupation ennemie par les troupes turques, …