La Première Guerre Mondiale a été à la fois la phase finale et la phase militaire de la politique centenaire de l’Etat Profond Britannique pour maintenir et développer son système d’exploitation mondial et d’élimination de toute menace à son règne. Les premières étapes de la stratégie ont été économiques, politiques et diplomatiques. Elles visaient principalement les deux grands empires considérés par la Grande-Bretagne comme des rivaux au 19ème siècle. Le premier était l’Empire colonial Allemand. Les Allemands montaient en puissance en Europe et sur les marchés coloniaux du monde, devenant le principal rival de la Grande-Bretagne. Le second était l’Empire Ottoman, qui avait longtemps été la cible d’intérêt Britannique.
Le cas de l’Allemagne n’était pas vraiment complexe. Les progrès et la croissance de l’Empire devaient être stoppés d’une manière ou d’une autre.47 Mais pour l’Empire Ottoman, c’était une autre histoire. L’Etat Profond Britannique avait des intérêts mais aussi des inquiétudes. C’était parce que l’Empire était stratégiquement et économiquement important pour la Grande-Bretagne. Le Moyen-Orient, qui appartenait alors aux Ottomans, comprenait des territoires riches comme la Méditerranée orientale, l’Égypte, Suez et la Palestine, et s’ouvrait vers l’Inde, représentant une grande importance pour l’hégémonie Britannique. Pour cette raison, l’Etat Profond Britannique profond s’est senti obligé de gérer et de contrôler avec soin tout scénario impliquant l’Empire Ottoman.
Si l’Empire Ottoman, qui traversait des jours difficiles, avait trouvé le moyen de se relever, il aurait été le leader incontesté d’une puissance mondiale inégalée ; l’Union islamique. Mais l’Etat Profond Britannique a vu une telle Union islamique dirigée par les Ottomans comme une grande menace et un rival potentiel. D’autre part, si l’Empire Ottoman s’effondrait, il y avait aussi la possibilité que la Russie Tsariste ou l’Empire Allemand, les deux autres puissances importantes de l’époque, s’emparent de celui-ci. Il s’agirait alors de la fin abrupte des rêves ambitieux de l’Etat Profond Britannique pour le Moyen-Orient.
Pour toutes ces raisons, à la suite du traité de Berlin de 1878, l’Etat Profond Britannique a apporté des changements politiques importants à la Sublime Porte, c’est-à-dire, au gouvernement central de l’Empire Ottoman. Bien qu’il ait déjà pris le contrôle de Chypre et de l’Égypte – qui étaient des territoires Ottomans – il ne voulait pas que l’Empire chute de manière incontrôlée. L’Etat Profond Britannique ne souhaitait aucun développement susceptible de menacer ses intérêts, et la préservation de l’intégrité territoriale Ottomane convenait le plus à ses intérêts. Parallèlement, il a intensifié ses pressions économiques et politiques sur l’Empire Ottoman pour le rendre plus dépendant de lui dans le cadre de son processus de prise de contrôle en plusieurs étapes. Pendant ce temps, il a continué à maintenir sa face amicale avec les Ottomans, mais a néanmoins poursuivi sa politique sournoise et vile à huit-clos.
A la fin du 19ème siècle, l’Empire Ottoman était lassé des politiques oppressives, des tromperies et des ruses de l’Etat Profond Britannique et a alors choisi de nouer des relations amicales avec les Allemands. Ce mouvement a tout changé. Ne voulant pas abandonner ses aspirations sur les territoires Ottomans, l’Etat Profond Britannique a abandonné le prétexte de vouloir préserver l’intégrité territoriale de l’Empire Ottoman.
Le démantèlement systématique et l’invasion des territoires Ottomans semblaient désormais être la seule option acceptable pour l’Etat Profond Britannique. C’était le seul moyen d’atteindre son but ultime de règne mondial. Cependant, seule une guerre massive, soigneusement planifiée et conçue du début à la fin, incluant ses belligérants et ses résultats, pourrait justifier une occupation militaire et contribuer à la réalisation de cet objectif. En d’autres termes, la Première Guerre Mondiale était le dernier recours de l’Etat Profond Britannique lorsqu’il a vu que tous les autres moyens stratégiques, économiques et politiques avaient été épuisés pour atteindre son objectif centenaire.
Voyons maintenant dès le début les étapes sordides qui ont mené à cette campagne militaire.
Une Embuscade Économique des Britanniques pour Accélérer la Chute de l’Empire Ottoman : Le Traité de Balta Liman
Au 19ème siècle, l’Empire Ottoman se débattait sous le poids lourd des pressions militaires, politiques et économiques des États européens. En 1827, alors que le soulèvement grec faisait rage, les flottes Britanniques, Françaises et russes attaquèrent et battirent lourdement la marine Ottomane à Navarino, tandis que les Russes annexèrent Edirne et s’approchèrent dangereusement d’Istanbul pendant la guerre russo-Turque de 1828-29. Face à ces développements, le sultan Mahmoud II a décidé de mettre fin à la guerre avec le traité d’Edirne de 1829. La déclaration d’indépendance des Grecs a changé le cours des événements. Au cours du soulèvement grec, Mahmoud II a promis de donner le gouvernement de Mora au gouverneur égyptien d’alors, Méhémet Ali (ou Muhammad Ali Pacha) s’il l’aidait à réprimer le soulèvement. Cependant, lorsque les Grecs ont déclaré leur indépendance, l’accord a été rompu. Lorsque Mahmoud II a également refusé de confier le poste de gouverneur de Damas à Méhémet Ali, le soi-disant « problème égyptien » s’en est suivi. Les Français se sont rangés du côté de l’Égypte, tandis que les Britanniques sont restés neutres. Ces développements ont amené les Ottomans à signer un pacte de non-agression et d’alliance, le Traité de Hünkar Iskelesi, avec les Russes en 1833.
Inquiet de perdre les Ottomans face aux Russes, l’Etat Profond Britannique a demandé l’aide de la France pour protester contre le traité. Il est même allé jusqu’à envoyer une flotte Britannique à Izmir. Avec l’aide de l’Autriche, il a réussi à convaincre le tsar de se retirer du traité et a promis aux Ottomans son soutien contre les Russes et Méhémet Ali. Mais ce service ne serait certainement pas sans contrepartie. Le service de l’Etat Profond Britannique a été offert en échange d’un nouvel « accord de libre-échange » (le traité de Balta Liman) visant à élargir les capitulations précédemment accordées. Le grand vizir anglophile Moustapha Reschid Pacha a également joué un rôle important en convainquant le Sultan, qui était sur son lit de mort à l’époque, de signer le traité.
Ce traité, conçu comme un fait accompli par les Britanniques au milieu des slogans d’ « occidentalisation », de « libéralisation » et de « développement », proclamait la chute de l’Empire. Avec ce traité, la Grande-Bretagne entraînait fondamentalement l’Empire Ottoman, qui était déjà à mi-chemin de devenir une colonie, dans une fosse économique dont il ne pourrait plus sortir. Avec le traité de Balta Liman, les États occidentaux, en particulier la Grande-Bretagne, ont bénéficié de nombreux privilèges et concessions allant bien au-delà des limites des capitulations. Cela a effectivement fait de l’Empire Ottoman un marché ouvert pour les Britanniques et les autres Européens.
Le traité était rempli de clauses unilatérales et contraignantes contre les intérêts des Ottomans. En plus des capitulations existantes, les sujets et les navires de la Grande-Bretagne ont reçu de nouveaux privilèges, qui seraient effectifs « pour toujours ». La situation était si étrange que, alors que les commerçants Turcs payaient 12% de taxes, les commerçants Britanniques ne payaient que 5% pour leur commerce intérieur. Si un commerçant Britannique ou son agent achetait un produit turc pour l’exportation, ces derniers ne seraient soumis à aucune limitation commerciale et pourrait faire du commerce librement.
Henry Palmerston, alors secrétaire d’État Britannique aux Affaires étrangères, qualifia le traité de Capo d’Opera (un chef d’œuvre) en raison des avantages inédits qu’il offrait aux Britanniques.1 Entre-temps, l’Etat Profond Britannique poursuivait son hypocrisie classique et sa fausse attitude amicale envers l’Empire Ottoman, louait le pays – qu’il avait sournoisement poussé au bord de l’effondrement – avec des compliments comme « le pays qui applique le libre-échange de la manière la plus étendue parmi tous les pays du monde ». Par conséquent, compte tenu des événements du passé, il est essentiel d’adopter une approche prudente à l’égard de louanges similaires, ou des promesses faites par des représentants modernes de l’Etat Profond Britannique.
Avec le Traité de Balta Liman, les barrières tarifaires contre les marchés étrangers ont été supprimées et tous les enregistrements et registres du commerce intérieur ont été levés sans aucune mesure de protection. Ce développement a porté un coup sérieux à la jeune industrie Turque, pas encore prête à la concurrence étrangère. Les industries qui dépendaient de la production locale comme le coton, la soie, la laine, les produits angora, la transformation du cuir, les mines et l’agriculture ont été sérieusement touchées et n’ont pu être sauvées. Après un certain temps, ces produits n’étaient plus traités et ont été vendus aux étrangers comme matières premières à des prix très bas. De nombreux produits de l’industrie locale, qui avant 1838 répondaient facilement à la demande intérieure et étaient également exportés, ne pouvaient être obtenus que par l’importation dans les années 1850.
D’autre part, la baisse des recettes fiscales provenant du commerce extérieur due aux nouveaux privilèges accordés aux Occidentaux, combinée à l’effet des déficits budgétaires de l’État, a lourdement pesé sur l’Empire Ottoman, entraînant une crise économique majeure. Déjà aux prises avec le coût écrasant de la guerre de Crimée de 1854, l’Empire Ottoman, pour la première fois de son histoire, a eu recours à la dette extérieure afin de remettre son économie sur pied. La Grande-Bretagne a soutenu le mouvement avec enthousiasme. En conséquence, les Ottomans ont emprunté un total de 3 millions de livres à Palmer à Londres et à Goldschmidt à Paris le 24 août 1854. Le prêt était garanti contre les taxes égyptiennes.
Ce mouvement a marqué le début d’emprunts successifs, qui n’ont pu être payés longtemps après la chute de l’Empire Ottoman. En seulement vingt ans après le premier emprunt en 1854, l’Empire déclara un défaut de paiement total et fit faillite. A l’approche de la Première Guerre Mondiale, l’Empire Ottoman avait emprunté 243 millions de lires Ottomanes, soit un montant total de 409 millions de lires Ottomanes de dette extérieure.
L’incapacité à rembourser les prêts a permis aux créanciers de prendre le contrôle des plus grandes sources de revenus de l’Empire. L’Administration de la Dette Publique Ottomane (Düyun-u Umumiye) a été créée sous le règne du sultan Abdülhamid II. Même si son nom suggère qu’il s’agissait d’un institut Ottoman, son administration était entièrement étrangère et composée de sept personnes représentant les créanciers : Britannique, hollandaise, Française, Allemande et italienne entre autres. Cette commission chargée de surveiller la dette extérieure de l’Empire Ottoman a saisi la totalité des recettes provenant des taxes sur le tabac, le sel, la soie, le timbre et le poisson, qui représentaient plus d’un tiers du budget de l’État. Une autre raison du choix de ces éléments particuliers était que ces taxes étaient les plus faciles à percevoir et les plus fiables.
Des officiers de l’Administration de la Dette Publique Ottomane sous contrôle Britannique allaient s’emparer des produits des agriculteurs et percevoir des taxes avec l’aide des forces de la gendarmerie. Dans les récits historiques, on trouve de nombreux cas de traitements cruels de la part des agents de l’Administration de la Dette Publique Ottomane qui ont utilisé des gendarmes à leurs fins.
La République de Turquie, née des cendres de l’Empire Ottoman, a hérité ces dettes massives qui ont marqué la fin de l’Empire. Et ce n’est qu’un siècle plus tard que la jeune république a été en mesure de les payer complètement. Il convient de noter qu’en 1838, lorsque le traité de Balta Liman fut signé avec les Britanniques, l’Empire Ottoman n’avait aucune dette extérieure. Cependant, les plans sinistres de l’Etat Profond Britannique ont non seulement lourdement endetté les Ottomans mais ont aussi faits de ses nombreux anciens alliés, des adversaires, notamment la Russie.
La première dette étrangère que les Ottomans ont obtenue de la Grande-Bretagne au moyen des ruses de l’Etat Profond Britannique a marqué le début de la fin. Le traité de libre-échange imposé à l’Empire Ottoman, la crise et la faillite qui en ont résulté montrent clairement les plans sinistres, complexes, à plusieurs étapes et à long terme de l’Etat Profond Britannique lorsqu’il souhaite amener les pays au bord de l’effondrement.
Comment l’Etat Profond Britannique a Comploté la Période Menant à la Guerre
Selon de nombreux historiens, la vraie date de la chute de l’Empire Ottoman est le 20 décembre 1881, date de la fondation de l’Administration de la Dette Publique Ottomane. Curieusement, même si cela avait pu être le cas, l’Etat Profond Britannique n’a engagé aucune action militaire contre l’Empire Ottoman pendant 37 ans jusqu’à l’éclatement de la Première Guerre Mondiale. La seule raison était son non-désir de partager les territoires Ottomans avec d’autres puissances de l’époque telles que la France, l’Allemagne et la Russie, qui réclamaient un droit sur ces territoires.
Pour cette raison, l’Etat Profond Britannique a décidé d’attendre un moment plus opportun, de se débarrasser de ses concurrents et d’engager un processus d’invasion des territoires Ottomans, qui seraient exclusivement sous son contrôle. La date fixée était la Première Guerre Mondiale. Dans la période qui a précédé la Grande Guerre, l’Etat Profond Britannique a réussi à faire entrer les Allemands dans les Empires centraux et à financer la révolution bolchévique pour écarter les Russes de son chemin. Ce n’est pas un hasard si le Britannique Alfred Milner était l’un des plus gros financeurs de la révolution bolchévique. Comme les lecteurs se rappelleront du chapitre précédent, Milner était le chef et l’organisateur du groupe « La Table Ronde », l’un des pouvoirs profonds de l’Etat Profond Britannique. Lord Rothschild a également soutenu ce groupe.2
Comme mentionné précédemment, avant la Première Guerre Mondiale, presque tous les pays du monde considéraient l’Empire Ottoman comme un État défaillant. L’Etat Profond Britannique a cependant jugé que la préservation de l’intégrité territoriale Ottomane était plus à l’avantage des intérêts Britanniques jusqu’à ce que le coup final lui soit porté. Pour cette structure profonde, une rupture lente et progressive, ainsi qu’une dépendance continue de l’Empire vis-à-vis de la Grande-Bretagne, était préférable car les territoires Ottomans étaient essentiels aux intérêts stratégiques et économiques de la Grande-Bretagne. D’autre part, la découverte de riches réserves de pétrole en Mésopotamie et en Iran à la fin du 19ème siècle attisait encore plus la soif de la Grande-Bretagne, qui possédait une industrie avancée.
Quand les Russes se sont emparés des Balkans et sont descendus dangereusement à Yeşilköy, entraînant le traité de Berlin qui a suivi le 13 juillet 1878, la politique Britannique visant à préserver l’intégrité territoriale a soudainement changé. A partir de ce moment, la Grande-Bretagne a retiré son masque d’allié et d’ami et a commencé sa campagne militaire, ne voulant manquer aucune partie des terres Ottomanes. Elle a commencé par envahir l’île de Chypre le 25 mai 1878 en prétendant l’utiliser comme base contre les Russes et aider les Ottomans dans le processus, elle a déployé ses troupes sur l’île et a pris son contrôle. Le sultan Abdülhamid II, sous la pression de l’Etat Profond Britannique, a sans hésitation obligé et livré Chypre aux Britanniques, qui ont prétexté aider les Ottomans contre les Russes.
Le cadeau d’Abdülhamid II à la Grande-Bretagne : Chypre
L’officier Britannique, le capitaine J. M. Kinneir a ainsi écrit sur l’importance de Chypre pour la Grande-Bretagne après avoir visité l’île en 1814 :
La possession de l’île de Chypre donnerait à l’Angleterre une influence prépondérante dans la Méditerranée, et la rendrait maîtresse des destinées futures du Levant. L’Égypte et la Syrie deviendraient bientôt ses tributaires, elle répandrait la terreur dans l’Asie Mineure, par où l’on peut tenir la Porte en échec, et les empiétements de la Russie de ce côté en seraient retardés, s’il devenait impossible de les prévenir. Le commerce prendrait une activité extraordinaire, cette île deviendrait l’entrepôt des vins délicieux, des soies et autres produits du sol de cette belle île. Ici se réuniraient le riz et le sucre de l’Égypte, le coton, l’opium et le tabac de l’Anatolie.3
L’ancien Premier ministre Britannique Benjamin Disraeli a exprimé des idées similaires et a déclaré que Chypre était « la clé de l’Asie occidentale »4 et a poursuivi en disant que tout État souhaitant contrôler le Moyen-Orient devrait contrôler Chypre.
L’Etat Profond Britannique a toujours voulu Chypre, une île dotée d’une position stratégique importante, et a attendu l’ère du déclin de l’Empire Ottoman pour agir. Il était certain qu’Abdülhamid II, un sultan sous pression, céderait à ses exigences. Alors, au moment opportun, il a mis en œuvre ses plans graduels sournois.
Le 10 mai 1878, Lord Salisbury, secrétaire d’État Britannique aux Affaires étrangères, a chargé l’Ambassadeur Austen Henry Layard à Istanbul de lancer le processus pour Chypre. En réponse, Layard a rencontré le 23 mai le grand vizir Mehmed Rushdi Pacha et lui a assuré que la Grande-Bretagne ignorerait le traité de San Stefano et qu’un nouveau traité serait préparé en faveur des intérêts Turcs où les Britanniques empêcheraient toute nouvelle tentative russe d’envahir tout lieu autres que Kars, Ardahan et Batum. Toutefois, il y avait un point délicat : les Britanniques voulaient prendre en charge l’administration de Chypre.5 L’Ambassadeur Layard a rencontré Abdülhamid II le 25 mai et a affirmé que le Traité de San Stefano était contraire aux intérêts de l’Empire Ottoman, que la Grande-Bretagne voulait aider la Porte mais qu’elle devait envoyer des provisions à la marine depuis Malte et Londres, raison pour laquelle Chypre devrait être temporairement laissée aux Britanniques.53 La persistance s’est avérée utile pour l’Etat Profond Britannique et le 4 juin 1878, avant la signature du traité de Berlin, la Convention de Chypre a été signée entre les Britanniques et les Ottomans. Selon l’accord, la Grande-Bretagne occuperait l’île et la contrôlerait pour le compte du Sultan. Les recettes, après déduction des coûts engagés par les Britanniques, seraient envoyées chaque année au trésor Ottoman, tandis que les autorités Ottomanes continueraient à se charger des instituts de justice, de religion et d’éducation. Cet accord a permis à la Grande-Bretagne d’obtenir le contrôle de l’île, ce qui pourrait être comparé à un cuirassé dans sa quête pour sécuriser le canal de Suez et la route vitale vers l’Inde.
Abdülamid II a permis à l’armée Britannique d’envahir l’île et de la diriger pendant cette période. Cependant, au fil du temps, trois autres ajouts ont été apportés à l’accord. Le premier accord additionnel daté du 1er juillet 1878 donnait au sultan le droit de vendre les terres de l’île qu’il possédait et obligeait les Britanniques à les acheter si celles-ci étaient nationalisées. De cette façon, l’argent pour les terres vendues était directement envoyé à Abdülhamid II. Les ajouts ultérieurs exigèrent que les Britanniques envoient les taxes collectées à Chypre à l’Empire Ottoman, après déduction des frais administratifs nécessaires. De nombreux historiens interprètent cette pratique comme la location de Chypre par Abdülhamid II. Cependant, les Britanniques n’ont jamais payé l’argent et ont déclaré avoir été compensés par les dettes Ottomanes envers la Grande-Bretagne.
Lorsque la Première Guerre Mondiale a éclaté, la Grande-Bretagne a déclaré qu’elle annexait officiellement Chypre. Lors de la conférence de Lausanne, la Turquie a dû accepter officiellement cette situation sur Chypre. Autrement dit, le « cadeau » chypriote du sultan Abdülhamid II aux Britanniques pourrait être considéré comme la première étape du plan Britannique visant à envahir physiquement l’Empire Ottoman.
Fait intéressant, avant et après l’échec de la tentative de coup d’État en Turquie le 15 juillet 2016, l’État Britannique avait intensifié sa présence militaire dans sa base au sud de Chypre. Interrogés, les Britanniques ont expliqué les raisons pour lesquelles ils avaient envoyé des avions de guerre, des hélicoptères, des navires de débarquement et des forces spéciales dans la région avec le prétexte de « sauver des citoyens Britanniques si la Turquie subissait une deuxième tentative de coup d’État ». Les autorités Britanniques ont également affirmé que « si elles le jugeaient nécessaire », les forces Britanniques qui s’introduiraient sur les territoires Turcs seraient également autorisées à tirer.6 Le peuple et les médias Turcs ont tous deux considéré cela comme un « plan d’invasion ».
Comme le montre également cet exemple, la tactique habituelle de l’Etat Profond Britannique consiste d’abord à déclencher des troubles dans un pays par des tentatives de coup d’État, des émeutes ou des guerres civiles dans le but d’affaiblir financièrement, politiquement et militairement le pays. La deuxième étape consiste en une campagne militaire prétendant « protéger ses citoyens », « l’aide humanitaire », « une intervention humanitaire ou un ‘rétablissement de la paix’ ». Un rapide coup d’œil sur les événements historiques révélera clairement des exemples de cette stratégie de l’Etat Profond Britannique.
Curieusement, cent ans plus tard, Chypre était à nouveau au centre des plans de l’Etat Profond Britannique pour envahir la Turquie. C’est une raison de plus de penser que les prochaines étapes de leurs plans secrets seront similaires à celles du passé. En effet, c’est exactement ce qui s’est passé lorsque l’Etat Profond Britannique a pris le contrôle de Chypre puis de l’Égypte en 1882.
Par la grâce de Dieu, le 15 juillet, le président de la République Turque, le gouvernement, les forces de sécurité et surtout le peuple turc ont effectivement bloqué ce sinistre plan de l’Etat Profond Britannique. Cependant, cela ne signifie pas que le danger est écarté et que le plan n’est plus d’actualité. L’Etat Profond Britannique cherche de nouveaux moyens pour mener à bien ses plans néfastes. Pour cette raison, il est essentiel que nous soyons conscients que la menace est toujours présente et que nous soyons sur nos gardes à chaque instant. Avec la permission de Dieu, l’Etat Profond Britannique ne pourra jamais parvenir à ses plans sombres sur la Turquie.
Les Plans de l’Etat Profond Britannique pour Envahir l’Égypte
Le canal de Suez n’était pas seulement devenu un chemin très important qui reliait la Grande-Bretagne à ses colonies en Extrême-Orient ; il avait également multiplié la valeur commerciale de la Méditerranée orientale. Pour cette raison, après l’ouverture du canal en 1869, les Britanniques ont entraîné l’Égypte dans un écueil de dettes par le biais de jeux économiques et politiques, ont provoqué sa faillite et ont ensuite utilisé cette faillite pour justifier l’invasion. C’était un autre plan d’invasion de l’Etat Profond Britannique contre un territoire Ottoman.
La Grande-Bretagne savait depuis le début que la Russie avançait sur les terres Ottomanes pour s’emparer de l’Égypte afin de pouvoir prendre le contrôle de la Méditerranée orientale. En effet, le tsar Nicolas avait proposé à l’ambassadeur Britannique Hamilton Seymour le partage de l’Empire Ottoman, qualifiant la Porte de « homme malade » et souhaitait que la Crète et l’Égypte leur soient laissées. Pour cette raison, l’Etat Profond Britannique savait qu’il devait agir rapidement et faire le premier pas. Il a donc commencé à semer des graines de sédition et de séparatisme parmi le peuple égyptien et, par le biais de la provocation et de la propagande, a réussi à convaincre une partie du peuple égyptien à se révolter contre l’Empire Ottoman. Le chef ostensible du soulèvement était le colonel Ahmed Urabi, également connu sous le nom d’Urabi Pacha, qui était membre de l’Etat Profond Britannique.
Urabi Pacha a assiégé Alexandrie, où résidait également des centaines de Britanniques, et à l’instigation de l’Etat Profond Britannique, a massacré des milliers de personnes dans la ville et incendié leurs maisons. Cela faisait partie du plan, car l’Etat Profond Britannique avait besoin d’une justification pour envahir le pays. À la suite du massacre planifié par Urabi Pacha, la Grande-Bretagne et la France ont envoyé des flottes en Égypte pour « sauver leurs citoyens » et ont sans relâche martelé la ville d’Alexandrie pendant six heures et demie, la détruisant complètement. L’Etat Profond Britannique n’a pas hésité à tuer ses propres citoyens sous une campagne soi-disant lancée pour les sauver.
L’Etat Profond Britannique a joué un jeu de contrôle complexe pour le canal de Suez et n’a même pas reculé lorsqu’il a dû sacrifier ses centaines de citoyens. Finalement, après avoir réprimé les rebelles, qui étaient déjà sous son contrôle, l’armée Britannique a organisé un défilé officiel devant l’ancien gouverneur. En surface, l’Égypte était encore Ottomane, mais en vérité, elle était entièrement sous contrôle Britannique. Lorsque la Porte a soulevé des objections, l’Etat Profond Britannique a déclenché des émeutes en Serbie, au Monténégro et en Bulgarie et a finalement provoqué les Arméniens dans le but d’intimider l’Empire Ottoman.
Les Complots de l’Etat Profond Britannique pour Empêcher l’Union Islamique
La plus grande crainte de l’Etat Profond Britannique était que l’Allemagne soutienne la politique Ottomane de « panislamisme ».7 Si cet esprit d’unité que les Ottomans cherchaient à raviver dans les pays islamiques se réalisait, les intrigues centenaires de l’Etat Profond Britannique allaient être ruinées. L’objectif de l’Etat Profond Britannique a toujours été d’empêcher l’émergence d’une Union islamique, conscient qu’elle serait la plus grande menace pour ses intérêts.
Le système de dajjal, qui dirige actuellement le système de tyrannie et d’exploitation mondial de l’Etat Profond Britannique, voit en une éventuelle Union islamique invincible, représentant la vérité et la justice divines, comme la plus grande menace à sa survie. Il est bien conscient que le Mahdi (psl) établira puis conduira l’Union islamique à détruire intellectuellement le système du dajjal. Il y a quatorze siècles, le prophète Mohammad (pbsl) a expliqué comment le Mahdi (psl) sortirait d’Istanbul avec tous les signes de cet événement béni. C’est pourquoi l’Etat Profond Britannique s’est focalisé sur la région au cours des deux derniers siècles ; désintégrer la Turquie et capturer Istanbul est devenu un objectif crucial et la Grande idée pour lui. Cependant, il faut savoir que peu importe à quel point les plans et les stratégies des défenseurs du dajjal peuvent être compliqués, complexes et multi-étapes, ils ne peuvent pas échapper à la destinée qui mène à l’émergence du Mahdi (psl). Au final, par la grâce de Dieu, tous ces développements serviront le Mahdi (psl), dont l’arrivée apportera la paix et la justice au monde entier.
Bien que les partisans du système de dajjal agissent avec des compétences impressionnantes et des ressources immenses, ainsi qu’un soutien direct de satan, ils affichent un niveau d’idiotie tout aussi élevé. De ce fait, ils ne peuvent pas voir la sagesse infinie de Dieu et que les plans de Dieu dominent tous les autres plans. Pour cette raison, le système de dajjal est et sera toujours voué à l’échec. Le mensonge a toujours été vaincu par la vérité et il en sera toujours ainsi.
Il a fait descendre une eau du ciel à laquelle des vallée servent de lit, selon leur grandeur. Le flot débordé à charrié une écume flottante; et semblable à celle-ci est [l’]écume provenant de ce qu’on porte à fusion, dans le feu pour [fabriquer] des bijoux et des ustensiles. Ainsi Allah représente en va, au rebut, tandis que [l’eau et les objets] utiles aux hommes demeurent sur la terre. Ainsi Allah propose des paraboles. (Coran, 13:17)
NOTES :
- Sir Henry Lytton Bulwer, « Palmerston to Bulwer, 13 September 1838 », The Life of Viscount Palmerston, vol. 2, 1870, p. 250
- Gary Allen, None Dare Call It A Conspiracy, New York: Buccaneer Books, 1971, pp. 92-93 50. John MacDonald Kinneir, Journey through Asia Minor, Armenia and Koordistan in the years of 1813 and 1814, London, 1818, p. 185. Also quoted by George Francis Hill, The History of Cyprus, Cambridge University Press, New York, 2010, p. 270
- Ed Rooksby, « Cyprus and the West », Beyond a Divided Cyprus: A State and Society in Transformation, Edited by Nicos Trimikliniotis and Umut Bozkurt, p. 85
- Mehmet Nabi-Fahri Rumbeyoğlu, Kıbrıs Meselesi [Cyprus Issue], State Publishing House, Istanbul, 1334, p. 6; Nejla Günay, « Kıbrıs’ın İngiliz İdaresine Bırakılması ve Bunun Anadolu’da Çıkan Ermeni Olaylarına Etkisi » [Leaving Cyprus to British Rule and Its Impact on Armenian Incidents in Anatolia], Akademik Bakış Dergisi [Academic Outlook Journal], vol. 1, no.1, 2007, p. 117
- Mehmet Hocaoğlu, Sultan Abduülhamit Han ve Muhtıraları [Sultan Abdul Hamid and His Memorandums], Türkiye Publishing House, Istanbul, 1987, pp.166-167; Nejla Günay, « Kıbrıs’ın İngiliz İdaresine Bırakılması ve Bunun Anadolu’da Çıkan Ermeni Olaylarına Etkisi » [Leaving Cyprus to British Rule and Its Impact on Armenian Incidents in Anatolia], Akademik Bakış Dergisi [Academic Outlook Journal], vol. 1, no.1, 2007, p. 117
- Jason Reed /Reuters, « British special forces poised to rescue UK citizens if Turkey suffers 2nd coup attempt », Russia Today, 25 July 2016, https://www.rt.com/uk/353114-sas-turkey-evacuationbritons/
- Sean McMeekin, The Berlin-Baghdad Express, The Belknap Press of Harvard University Press Cambridge, 2010, p. 14