7. Les flagorneurs de L’Etat Profond Britannique

7. Les Flagorneurs de l’État Profond Britannique

Tout au long de son histoire, l’État profond britannique a considéré les hypocrites comme son outil le plus efficace dans sa quête incessante pour contrôler différentes régions, inciter aux révoltes, fomenter des coups d’État, renverser des gouvernements et propager des idéologies perverses. Après avoir identifié un pays comme cible, l’État profond britannique recherche activement des individus cupides ayant des problèmes d’estime de soi pour alimenter les rangs de ses adeptes flagorneurs. Ces personnes, en raison de leur complexe d’infériorité, sont généralement prêtes à adopter une attitude anglophile au point d’être servile. La plupart du temps, des promesses de postes insignifiants, d’argent ou d’autres promesses formelles qui seront oubliées plus tard, suffisent à convaincre ces personnes de faire n’importe quoi. Ces gens sont des hypocrites qui vendent leurs pays, abandonnent leur religion et sont capables de commettre un acte malveillant inconcevable pour des gains personnels.

Ces flagorneurs se sont révélés très utiles pour l’État profond britannique, lors de son opération pour prendre le contrôle de l’Inde et pour provoquer les Arabes contre l’administration ottomane. Sans surprise, ils ont joué un rôle important dans la chute de l’Empire ottoman. Cependant, la menace des hypocrites traîtres ne s’est pas terminée avec la chute de l’Empire. Au contraire, de tels hypocrites sont encore présents aujourd’hui et continuent d’être choisis par l’État profond britannique pour leur caractère cupide, influençable et servile. Ces personnes sont la principale raison derrière les développements horribles qui ont eu lieu dans des pays comme l’Irak et la Syrie. Il convient de rappeler que la Turquie n’est certainement pas à l’abri de cette menace. Il y a beaucoup d’hypocrites en Turquie qui cherchent à créer des liens avec l’État profond britannique et à le servir, au détriment de leurs pays. Par conséquent, il est crucial de tirer des leçons du passé et d’identifier correctement les personnes ayant de tels caractères traitres.

Les Admirateurs Ottomans de l’Angleterre

L’État profond britannique a activement soutenu les mouvements dans l’empire qui pourraient affaiblir l’unité de la société ottomane. Par exemple, il a créé et soutenu les fameux « Jeunes-Turcs » et le « Parti Union et Progrès ». En outre, de nombreux développements destructeurs au sein de l’Empire, tels que la révolte d’Ali Pacha de Janina visant à affaiblir le gouvernement central et le coup d’État organisé par Midhat Pacha le 31 mars, ont également été planifiés et dirigés par l’État profond britannique.

L’État profond britannique a également utilisé des éléments locaux. Certains ottomans « anglophiles » ont placé leurs intérêts personnels au-dessus de ceux du monde islamique et de l’Empire et sont devenus des exécutants des complots sournois de l’État profond britannique concoctés dans les donjons et les caves sombres de Londres. Tout au long de son histoire, l’État profond britannique n’a jamais rencontré de difficulté à trouver de tels hypocrites traîtres dans les pays ciblés, et à les manipuler. La situation n’était pas différente dans l’Empire ottoman.

Examinons quelques espions qui ont travaillé pour l’État profond britannique dans l’Empire ottoman :

Said Pacha « l’Anglais »

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‘English’ Said Pasha

Connu sous le nom de Said Pacha « l’Anglais » pour sa profonde admiration pour tout ce qui est anglais, Said Pacha a joué un rôle important dans les guerres qui ont été dévastatrices pour l’Empire au 19ème siècle.

Après son retour de sa formation militaire en Grande-Bretagne, il gravit rapidement les échelons et devient ministre de la Marine. Il était responsable de la marine ottomane pendant la Guerre russo-turque (1877-78). Cependant, à cause d’une négligence grave de la part du commandement de la marine, la capitale a été confrontée au risque d’invasion en seulement cinq mois. La guerre s’est terminée avec des résultats désastreux pour les Ottomans, qui ont dû céder la Bulgarie, la Grèce du Nord, la Macédoine et la Serbie à la Russie et ses alliés.

Les principales erreurs commises par la flotte turque sur le Danube ont également joué un rôle dans la défaite ottomane. Il est intéressant de noter qu’un officier britannique, Hobart Pacha, était responsable de la flotte à l’époque, alors que Said Pacha « l’Anglais » était le vizir. Le Danube était la seule ligne de défense capable d’empêcher l’armée russe de se rendre à Istanbul. Cependant, l’armée ottomane sur le Danube a été lourdement vaincue parce que l’amiral britannique ne servait pas l’Empire ottoman mais l’État profond britannique.

En conséquence, l’armée russe est arrivée à Yeşilköy (San Stefano) et a failli capturer Istanbul. Entre-temps, la Roumanie et la Serbie ont déclaré leur indépendance et le royaume de Bulgarie a été fondé. Les Russes annexèrent Kars, Ardahan et Batum, ce qui mit définitivement fin à la gouvernance turque dans le Caucase. En conséquence, environ 1,5 million de Circassiens ont dû fuir en Turquie. La Grande-Bretagne est également parvenue à obtenir Chypre en tant que protectorat, qui sera utilisée plus tard comme centre logistique pour les révoltes arméniennes.

Saïd Pacha l’Anglais s’est également vu confier la tâche de reconstruire la région à la suite de la rébellion (arménienne) de Zeitun. Les développements dans la région seront expliqués plus en détail dans le chapitre sur l’État profond britannique et les Arméniens.

Abdullah Cevdet

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Abdullah Cevdet

Abdullah Cevdet était vraisemblablement le plus ardent partisan du darwinisme et de sa promulgation dans l’Empire. Bien que religieux quand il était jeune, il a été initié à l’idéologie matérialiste-darwiniste à la faculté de médecine. À cette époque, le matérialisme biologique se répandait rapidement parmi les étudiants en médecine et a également affecté Cevdet. Avec ses articles, il a essayé de prouver son idée erronée selon laquelle « le matérialisme biologique remplacerait à terme la religion ».

Cevdet était également l’un des fondateurs de la « Société des amis de l’Angleterre ». Pendant les années où Istanbul était sous occupation, il informa les Britanniques au sujet de nombreux patriotes impliqués dans le mouvement indépendantiste et causa leur arrestation. Il a également joué un rôle important au sein de la Société pour l’émergence du Kurdistan, qui a collaboré étroitement avec les autorités britanniques. Abdullah Cevdet a affirmé que le peuple kurde aurait dû se séparer de l’Empire ottoman et qu’il est donc généralement considéré comme l’un des artisans de l’idée de « l’autonomie de l’Anatolie du Sud-Est ». Il a été manipulé par l’État profond britannique pour son intention de diviser l’Empire ottoman et de créer un conflit entre Kurdes et Turcs.

C’est Abdullah Cevdet qui a commencé à autoriser les femmes à se prostituer dans des maisons closes. À propos de la bataille de Gallipoli, il a déclaré de façon choquante : « La civilisation est arrivée à nos portes, mais nous l’avons repoussée ».143

Au cours de ses études à la faculté de médecine, sur les conseils d’Ibrahim Temo et agissant de concert avec Hikmet Emin de Konya, İshak Sükuti de Diyarbakır et Mehmet Reşid du Caucase, Abdullah Cevdet fonda le Comité de l’Union Ottomane, qui deviendrait plus tard le Parti Union et Progrès . En 1908, il traduisit et publia le livre en deux volumes de Reinhart Dozy intitulé Essai sur l’histoire de l’Islamisme en Égypte, qui était alors sous le contrôle de l’évolutionniste britannique Lord Cromer. Ce livre, qui était plein de calomnies sur notre religion et notre prophète bien-aimé (psl), a provoqué une énorme vague de protestations dans la société ottomane [notre prophète bien-aimé (psl) est au-dessus de telles calomnies]. Dans les articles qu’il a écrits au début des années 1900, il affirmait que l’Empire ottoman devait être gouverné par les Britanniques et affirmait que la Grande-Bretagne avait le gouvernement le plus civil et le plus honnête au monde.144

Le journaliste et éditeur Zekeriya Sertel a déclaré qu’Abdullah Cevdet était un espion britannique et qu’il avait une fois divulgué des informations sur une réunion qu’il avait eu avec ses amis.

Abdullah Cevdet, citant les relations de l’impérialisme britannique avec l’Espagne, a déclaré : « Puisqu’il va être inévitable d’être incorporé dans les sphères d’influence que les grands États tentent de créer, il sera opportun de choisir les Britanniques parmi les options ».145

En outre, il propagea la religion bahá’íe soutenue par les Britanniques (le journal du Kurdistan était imprimé dans une imprimerie bahá’íe soutenue par certains cercles du Caire).

Midhat Pacha

Midhat Pacha, influencé par l’État profond britannique, a plongé l’Empire ottoman dans une guerre contre la Russie. Il était également l’un des trois conspirateurs du coup d’État qui a détrôné le sultan Abdülaziz et a causé son martyre. Fait intéressant, il était également derrière la révolte qui a conduit au coup d’État. On sait également qu’il avait planifié le coup d’État avec l’ambassadeur britannique Elliot.146

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Kamil Pasha

Au cours de son premier mandat en tant que grand vizir, il a signé un décret autorisant l’Égypte à recevoir des emprunts étrangers, ce qui a finalement amené l’Égypte à se soumettre à la domination britannique. Ármin Vámbéry, connu comme l’espion britannique de l’époque Abdülhamid II, était le professeur de français de Midhat Pacha.

Il est également connu que pendant son mandat de gouverneur de Bagdad, il a cherché à soumettre l’Émirat du Koweït à la domination britannique.

Kamil Pacha

Après avoir passé 9 ans en tant que grand vizir, Kamil Pacha était un autre officier ottoman surnommé « l’Anglais » en raison de sa nature anglophile. Sa visite à Londres en 1851 pour une exposition laissa en lui une admiration pour l’Angleterre toute sa vie. Cette admiration était si notoire qu’elle s’est manifestée dans les rapports d’espionnage jusqu’aux notes de l’ambassade. Lorsqu’il a été affecté à Rhodes alors qu’il était gouverneur d’Izmir, il s’est réfugié au consulat britannique. Seulement après que le sultan lui ait donné une garantie personnelle, il revint à Istanbul.

Lorsqu’il était gouverneur d’Izmir, Kamil Pacha travailla avec les Britanniques pour créer une région autonome à Izmir, tout comme en Égypte. De nombreux historiens pensent qu’Abdülhamid II l’a secrètement soutenu dans cette tentative.

Son dernier mandat en tant que grand vizir a pris fin lorsqu’il a dû démissionner sous la menace d’une arme de la part d’Enver Pacha. Il a ensuite cherché refuge auprès de son ami proche, Lord Kitchener, consul général britannique chargé de l’Égypte à l’époque.

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Kamil Pasha, dit Kamil l’Anglais, rend visite au Roi du Royaume-Uni, George V et à la Reine Mary, avant leur voyage en Inde.

Damad Ferid Pasha

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Damad Ferid Pasha

Damad Ferid Pacha gravit les échelons très rapidement et obtient un poste à l’ambassade ottomane à Londres malgré ses postes relativement insignifiants au sein du Bureau des affaires étrangères. En tant que signataire du traité de Sèvres au nom de l’Empire ottoman, il ordonna la destruction de 90 000 conteneurs de munitions conservés dans des entrepôts militaires ottomans à Istanbul, conformément aux instructions des Britanniques. Il a ensuite envoyé une armée de voyous comprenant des personnes comme Ahmet Anzavur en Anatolie pour combattre les Forces nationalistes du gouvernement d’Ankara.

Un des cofondateurs de la Société des amis de l’Angleterre, il ordonna à Dürrizade Abdullah Efendi de publier une fatwa pour l’exécution de Mustafa Kemal et de ses camarades le 11 avril 1920.147

Selon le dernier grand vizir Tewfik Pacha, Ferid Pacha était plus dévoué au monde occidental que les occidentaux eux-mêmes. Un article du quotidien Tevhid-i Efkâr le décrit comme suit :

Après son retour de Londres, il est devenu occidental et presque hostile à l’Islam. Il citait toujours des proverbes, des superstitions et des mythologies grecques et latines dans ses discours, ses conférences et ses écrits. (…) En résumé, il est devenu complètement occidental, mais il est resté un homme cosmopolite dépourvu de sens patriotique.148

Mahmud Raif Efendi

Il fut le premier diplomate à occuper le poste de secrétaire général à l’ambassade ottomane à Londres. En raison de sa nature anglophile, il obtint le surnom de « Mahmut l’Anglais ». Il a été l’instigateur de la rébellion Kabakçı Mustafa de 1808, qui lui a également valu la mort. Cette rébellion a provoqué la destitution et l’assassinat du sultan Selim III, à la suite duquel Istanbul est devenue une ville sans loi contrôlée par des voyous pendant près d’un an et demi. Pendant ce temps, la révolte wahhabite a éclaté en Arabie mais les Ottomans n’ont pas réussi à la maîtriser rapidement à cause de ses problèmes intérieurs. Les effets de cette rébellion se font sentir à ce jour. Le livre de Raif Efendi sur son voyage en Grande-Bretagne montre clairement sa profonde admiration pour ce pays.

Les Jeunes Ottomans ou les Nouveaux Ottomans

Les opposants au sultan Abdülaziz se sont organisés en Jeunes Ottomans, sous la direction de Midhat Pacha, qui était derrière le coup d’État de 1876. Ali Suavi a tenté un autre coup quelques années plus tard avec la complicité de son épouse, qui était également un espion britannique. Ce groupe était le début des Jeunes-Turcs et du Parti Union et Progrès. Les Jeunes Ottomans croyaient que l’Empire ottoman ne pourrait être sauvé qu’avec l’aide des Britanniques.

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Mustafa Kemal Atatürk a mis en garde à plusieurs reprises le pro-Britannique Damad Ferid
et a précisé que le mandat Britannique ne serait pas accepté

Les Jeunes-Turcs, Ismail Kemal Bey et Damad Mahmud Celaleddin Pacha

Dans la continuité des Jeunes Ottomans, ce groupe est devenu plus tard le Parti Union et Progrès. La plupart des Jeunes Turcs ont été soutenus par l’État profond britannique. Quand en 1899, İsmail Kemal Bey, Damad Mahmud Celaleddin Pacha et leurs fils se sont enfuis en Europe, le mouvement des Jeunes-Turcs a commencé à adopter une position pro-britannique. Les Jeunes-Turcs qui croyaient en la nécessité d’une intervention britannique sur les terres ottomanes se séparèrent ensuite du noyau de la société et fondèrent la « Société Ottomane des Promoteurs de la Liberté », et ont essayé d’organiser un coup d’État avec l’aide des Britanniques, mais ils ont échoué.

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Une affiche des Jeunes Turcs, qui ont été utilisés par l’Etat Profond Britannique.
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Une image du 1er Congrès des Jeunes Turcs à Paris.

Le prince Sabahaddin, qui était considéré comme l’un des auteurs de l’incident du 31 mars, était le fils de Damad Mahmud Celaleddin Pacha. Il a soutenu l’idée que le système d’État ottoman devrait être modelé sur le système britannique. Un autre Jeune-Turc, Ahmed Rıza, qui était le fils de Ali Rıza Bey « l’Anglais », rencontra un jour un ambassadeur britannique qui se rendait à Sarayburnu ; il a délié les chevaux en tirant la charrette de l’ambassadeur et s’est attaché à leur place. C’était l’étendue choquante de l’anglophilie de ces flagorneurs.

Néanmoins, lorsque le Parti Union et Progrès est finalement arrivé au pouvoir, il n’a pas réussi à obtenir le soutien qu’il attendait de la Grande-Bretagne. Parce que la véritable intention des Britanniques avait été de soutenir l’opposition et les mouvements anti-étatiques radicaux afin de créer une atmosphère de conflit autour de l’Empire, ce qui a été réalisé dans une large mesure.

Derviche Vahdeti et l’incident du 31 mars

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Dervish Vahdeti

Dervish Vahdeti, l’un des principaux leaders de l’incident du 31 mars, était en réalité un espion chypriote travaillant pour les Britanniques. Avant les révoltes, il avait fait des déclarations provocantes telles que « la religion a été perdue » dans son journal Volkan. Il convient de noter que le Grand Vizir Kamil Pacha « l’Anglais », écrivait également dans le même journal. Au cours de la révolte, Vahdeti a prononcé de longs discours enflammés pour provoquer les gens sur la place Sultanahmet. En scandant le slogan « nous voulons la charia », Vahdeti a divisé le pays en deux et a provoqué un coup d’État militaire. La vérité est qu’il n’avait jamais été un religieux.

Dans son journal, il a souvent parlé de son attachement aux Britanniques et a déclaré que Chypre, sous la gouvernance britannique, était devenue une petite Suisse.

Ahmet Yemin (Yalman), jeune journaliste turc de l’époque, a écrit sur les relations de Derviche Vahdeti avec les Britanniques et sur le rôle qu’a joué la Grande-Bretagne dans l’incident du 31 mars :

… En réalité le pétitionnaire chypriote, Derviche Vahdeti, avait été choisi par les services de renseignement britanniques, avait reçu une formation d’agent provocateur et avait pour mission de fonder le Journal Volkan, le Parti de l’Union des Mohammédiens et de provoquer les gens. Même si Volkan semblait poursuivre une politique islamiste, libérale et humaniste, il s’agissait en fait d’une façade pour dissimuler sa ligne pro-britannique, qui avait toujours été sa tâche principale. C’était une méthode classique utilisée par les espions britanniques149

Vahdeti était, en vérité, un darwiniste qui n’était pas du tout religieux. Cependant, il avait une mission confiée par l’État profond britannique et, fidèle à son devoir, il parvint à avoir de l’influence en utilisant la religion, il dirigea un mouvement pro-charia et incita à une révolte à grande échelle. L’auteur Sina Akşin explique les qualités fondamentales de Vahdeti avec les mots suivants :

Qualités islamistes, points de vue libérales, approche favorable à la constitution, opinions humanistes et pro-occidentales… Vahdeti connaissait bien les intellectuels occidentaux, allant même jusqu’à citer Dreyfus, Zola et Darwin dans ses écrits. Il protégeait les anciens fugitifs et les exilés, il était farouchement opposé aux dirigeants civils du Parti Union et Progrès, notamment Ahmed Rıza. Néanmoins, il soutenait Sabahaddin Bey et Kamil Pacha. Par conséquent, il avait une position pro-britannique. Derviche croyait que la meilleure politique serait la politique britannique.150

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Personnes rassemblées devant le Palais lors de l’incident du 31 mars
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L’Armée du Mouvement du 31 mars

L’incident du 31 mars a été planifié conjointement par Vahdeti et ses alliés britanniques. Le véritable objectif était de créer des troubles dans le pays dans le but d’affaiblir davantage les Ottomans. Ci-dessous un compte-rendu du soutien des agents britanniques à Vahdeti :

Derviche Vahdeti, qui a joué un rôle actif dans le déclenchement de la révolte, a tout mis en œuvre pour enflammer le soulèvement. Son Comité de l’Union des Mohammédiens et son journal, le journal Volkan, agissant avec d’autres partis de l’opposition, ont réussi à provoquer les médias contre le Parti Union et Progrès. Dans sa révolte, il a bénéficié du soutien du Chypriote Kamil Pacha et des espions britanniques151

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L’incident du 31 mars a été planifié conjointement par Derviche Vahdeti et l’Etat-Profond Britannique.

Les Amis de l’Angleterre pendant l’occupation d’Istanbul

La Société des Amis de l’Angleterre est le reflet de l’attitude pro-britannique adoptée par certains hommes d’État ottomans. Cette organisation a été fondée alors qu’Istanbul et l’Anatolie étaient sous occupation et a contribué aux efforts britanniques contre le mouvement indépendantiste. Le livre examinera plus tard les activités particulières de cette société. Cependant, voyons pour l’instant les politiciens qui étaient membres de ce groupe et le rôle qu’ils ont joué dans l’arène politique d’« Istanbul occupée ».

Tewfik Pacha, qui a succédé à Damad Ferid Pacha, un autre co-fondateur, en tant que Grand Vizir, était également anglophile. Lors de sa première intervention, il a clairement indiqué que son objectif était de « reconstruire notre ancienne amitié avec la Grande-Bretagne ».

Le 22 novembre 1919, quand il était à Londres en tant qu’Ambassadeur ottoman, il expliqua son projet de créer une alliance ottomane-britannique sur les questions de défense et poursuivit en affirmant que : « la nation turque, du sultan au peuple, fait confiance à la Grande-Bretagne et ne serait pas capable de montrer cette confiance à une autre nation ». Au moment où il prononçait ces mots, la Grande-Bretagne rédigeait le Traité de Sèvres lors de la Conférence de Paix de Paris et préparait des plans pour partager les terres ottomanes.

Tewfik Pacha a même dit une fois à Lord Curzon, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères : « Sa Majesté impériale [le sultan] était profondément convaincue que le seul espoir pour son pays et son trône résidait dans la renaissance des anciennes relations entre la Turquie et la Grande-Bretagne, avec laquelle il était prêt à se mettre d’accord de la manière qui lui conviendrait le mieux … » 152

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Société des Amis d’Angleterre – 1919, Fondateurs et dirigeants d’Istanbul: Memduh Pasha, ancien ministre de l’Intérieur, Şehremini Cemil Pasha, Ahmet Zülüfkül Pasha, Ali Rüştü Efendi Carte de membre de la Société des Amis de l’Angleterre

L’offre de paix de Tewfik Pacha était comme suit :

La Grande-Bretagne et l’Empire ottoman vont signer un traité, selon lequel, les Ottomans laisseront la protection de la liberté de circulation dans les détroits à la Grande-Bretagne, pour être en faveur de toutes les nations. À cette fin, la Grande-Bretagne pourrait utiliser ses propres soldats ou les forces de sécurité turques. Le gouvernement turc mettra les gendarmes turcs à la disposition des Britanniques. En outre, il transférera la gestion de la bande de terre nécessaire à la protection de la liberté de circulation dans les détroits, à la Grande-Bretagne.

Une telle alliance dissipera pour de bon toute idée répandue en Inde et dans d’autres régions selon laquelle la Grande-Bretagne est hostile au califat et qu’elle souhaite détruire la Turquie. L’accord sera une preuve solide que le contraire est vrai et montrera à l’ensemble du monde islamique que la Grande-Bretagne est le défenseur et l’allié du califat.153

Ahmed Izzet Pacha, qui a formé le premier gouvernement à Istanbul après l’armistice de Mudros, n’a pas pu fournir le soutien nécessaire aux forces nationalistes, et malgré ses promesses antérieures au gouvernement d’Ankara, il a continué à siéger au gouvernement d’Istanbul. Lors de sa rencontre avec John Godolphin Bennett, l’un des officiers des forces d’occupation britanniques à Istanbul, il a déclaré que s’il était convaincu que le Royaume-Uni avait des intentions amicales envers la Turquie, il pourrait demander à Mustafa Kemal de rencontrer le commandant en chef britannique et ferait tout ce qui était en son pouvoir pour trouver un terrain d’entente concernant l’évacuation d’Anatolie par les Grecs et qu’il tenterait de persuader Mustafa Kemal. Il est clair que l’occupation de l’Anatolie par les Grecs était un projet de l’État profond britannique, et ses membres auraient pu y mettre fin s’ils le souhaitaient. Ce fait sera examiné plus en détail dans les chapitres relatifs au Traité de Sèvres et au Traité de Lausanne.

Les Fidèles Serviteurs de l’Impérialisme Britannique sur la Scène Politique Ottomane

Au cours des années qui ont précédé la chute de l’Empire ottoman, le gouvernement d’Istanbul était principalement composé d’hommes politiques qui pensaient que le salut reposait sur une alliance avec la Grande-Bretagne. Ces personnes croyaient que leur avenir dépendait de la miséricorde de l’impérialisme britannique. Par exemple :

Mustafa Resid Pacha, qui était ministre des Affaires étrangères, a affirmé qu’il ne parlait pas seulement pour lui-même, mais également pour ses collègues du gouvernement, le sultan et la plupart des gens, et a déclaré au haut-commissaire britannique Webb que le désir général était d’aller vers une domination britannique.154

Ali Kemal, ministre des Affaires intérieures, a déclaré à l’Amiral britannique Calthorpe qu’il croyait que le salut résidait dans la domination britannique, quelle que soit la manière pour y arriver.

Ahmed Reşid (Rey), qui a brièvement occupé les postes de ministre de l’Intérieur et de membre du Comité de la Paix, a souhaité l’acceptation du leadership britannique au nom de Damad Ferid Pacha et a déclaré que la politique du gouvernement actuel était basée sur la confiance du gouvernement turc dans le soutien britannique.

Ali Kemal, qui a occupé les postes de ministre de l’Éducation et ministre de l’Intérieur au sein du gouvernement Damad Ferid Pacha, était l’arrière-grand-père de Boris Johnson, l’actuel Secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Royaume-Uni. Abdülhamid II payait Ali Kemal pour espionner les Jeunes Turcs. De toute évidence, cela ne suffisait pas pour l’empêcher de manigancer l’incident du 31 mars, qui avait conduit à la déposition d’Abdülhamid II.

Ali Kemal a affirmé que la Turquie aurait dû accepter un mandat britannique. Ennemi juré d’Atatürk, il s’est également employé activement à arrêter les Forces nationalistes. Voici certaines des remarques qu’il a faites sur Atatürk et les Forces nationalistes :

Serrer la main à Mustafa Kemal revient à tendre la main aux voyous. Ils continuent à se battre avec une armée de fortune [faisant référence aux Forces nationalistes]. Ces fous n’arrêtent pas de dire qu’ils veulent l’indépendance. Rappelez-vous ce vieux proverbe arabe : « Ce que le vainqueur veut, il l’obtient ». C’est tout.

[Se référant à l’Armée turque qui combat pendant la Guerre d’Indépendance] Ils sont bloqués de toutes les manières, ils ont le moral bas, la plupart d’entre eux sont pieds nus, ils manquent d’armes, ils ont quelques camions mais ils sont tous inutiles. Ils n’ont ni carburant ni pièces de rechange. Ils n’ont que des bœufs pour le transport. [Les gens comme] Mustafa Kemal ne font jamais rien d’utile. Heureusement, ils sont rares. Ils devraient être coupés comme des membres malades.155 (Mustafa Kemal Atatürk et ses courageux compagnons sont au-dessus de telles remarques)

Ali Kemal était également l’un des fondateurs de la Société des Amis de l’Angleterre.

7. Les flagorneurs de L’Etat Profond Britannique
1. Boris Johnson, secrétaire d’État Britannique aux Affaires Etrangères, est l’arrière-petit-fils d’Ali Kemal (2). 3. Ali Kemal et son épouse Anglo-Suisse Winifred Brun

Mustafa Kemal Atatürk, dans son célèbre Nutuk (Le Grand Discours), a écrit ce qui suit au sujet de la Société des Amis de l’Angleterre, présidée par Shaykh al-Islam Mustafa Sabri Efendi, opposé au mouvement nationaliste :

L’un des plus importants à cet égard, la « Société des Amis de l’Angleterre » mérite une mention spéciale. Ne veut pas dire, comme sont nom l’indique, que ses membres étaient nécessairement des Amis de l’Angleterre. À mon avis, les fondateurs de cette société étaient des personnes qui pensaient avant tout à leur sécurité et à leurs intérêts particuliers et qui essayaient de les protéger en incitant le gouvernement de Lloyd George à leur offrir la protection anglaise. Je me demande si ces personnes égarées ont vraiment imaginé un instant que le gouvernement anglais avait la moindre idée de maintenir et de préserver l’État ottoman dans son intégrité ?

A la tête de cette société se trouvaient : Vahdettin, qui portait le titre de sultan et calife ottoman, Damat Ferit Pacha, Ali Kemal, ministre de l’Intérieur, Adil Bey, Mehmet Ali Bey et Sait Molla. Certains aventuriers anglais, par exemple un pasteur nommé Frew, appartenaient également à cette société. À en juger par l’énergie dont ce dernier faisait preuve, il en était pratiquement le président.156

Manifestement, Atatürk était parfaitement conscient des espions de l’État profond britannique et des anglophiles au sein de l’Empire ottoman et a immédiatement reconnu que leur véritable objectif était de démembrer l’Empire. Conscient de l’ampleur du danger, Atatürk a commencé à élaborer ses plans pour défendre et sauver le pays aux côtés de vrais patriotes et a lancé la Guerre d’Indépendance.

Footnotes:

143. Bekir Hazar, “Aramızda Çok Cevdet Var” [A Lot of Cevdet Among Us], Takvim, November 12, 2015, http://www.takvim.com.tr/yazarlar/bekirhazar/2015/11/12/aramizda-cok-cevdet-var

144. Sinan Tavukçu, “Dr. Abdullah Cevdet’le İstiklal Harbi Üzerine 1922 Yılında Yapılan İlginç Bir Mülakat” [An Interesting Interview with Dr. Abdullah Cevdet on Turkish War of Independence in 1922], SDE, February 6, 2012, http://www.sde.org.tr/tr/authordetail/dr-abdullah-cevdetle-istiklal-harbi-uzerine-1922-yilinda-yapilan-ilginc-bir-mulakat/1043

145. “Çok Okunanlar” [Popular Pages], Açık İstihbarat, 12 October 2011, http://www.acikistihbarat.com/Sayfalar/haberdetay.aspx?id=9783

146. George Washburn, Fifty Years in Constantinople and Recollections of Robert College, 1909, p. 106

147. Baki Öz, Atatürk’ün Anadolu’ya Gönderiliş Olayının İç Yüzü [Low-Down on Ataturk’s Being Sent to Anatolia], Can Press (Ali Adil Atalay), 1995

148. “Damat Ferit Paşa”, Wikipedia, https://tr.wikipedia.org/wiki/Damat_Ferit_Pa%C5%9Fa#cite_note-8

149. “Derviş Vahdeti”, Wikipedia, https://tr.wikipedia.org/wiki/Dervi%C5%9F_Vahdeti

150. Cihan Dura, “Bir Dincinin Portresi: Derviş Vahdetî” [Portrait of a Religionist: Derviş Vahdeti], March 1st, 2011, http://www.cihandura.com/tr/makale/-BIR-DINCININ-PORTRESI-DERVIS-VAHDET

151. Cihan Dura, “Bir Dincinin Portresi: Derviş Vahdetî”

152. Gotthard Jaeschke, Kurtuluş Savaşı ile ilgili İngiliz Belgeleri I [British Documents regarding Turkish War of Independence I], Yeni Gün Haber Ajansı Basın ve Yayıncılık, April 2001, p. 95

153. Baki Öz, Atatürk’ün Anadolu’ya Gönderiliş Olayının İç Yüzü

154. Baki Öz, Atatürk’ün Anadolu’ya Gönderiliş Olayının İç Yüzü

155. Yılmaz Özdil, “Ali Kemal’in Oğlu Boris” [Boris, the son of Ali Kemal], Sözcü, July 15, 2016, http://www.sozcu.com.tr/2016/yazarlar/yilmaz-ozdil/ali-kemalin-torunu-boris-1314618/

156. Mustafa Kemal Atatürk, Nutuk [The Great Speech], Istanbul: Yapı Kredi Yayınları, 2015

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