3.12 – La calomnie de la supériorité masculine et les superstitions sur le fait de battre les femmes

Certaines personnes cherchent à produire des preuves du Coran à propos de la soi-disant supériorité des hommes sur les femmes, sur la maltraitance des femmes et citent les versets suivants à ce sujet :

Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs que Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont dévotes, et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection de Dieu. et quant à celles dont vous craignez l’hostilité, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles vous obéissent, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Dieu est certes, Haut et Grand ! Si vous craignez le désaccord entre les deux [époux], envoyez alors un arbitre de sa famille à lui, et un arbitre de sa famille à elle. Si les deux veulent la réconciliation, Dieu rétablira l’entente entre eux. Dieu est certes, Omniscient et Parfaitement Connaisseur. (Coran, 4 : 34-35)

1. L’idée Erronée de la Supériorité Masculine :

Le mot “ba`dahum” dans le verset 34 de la Sourate an-Nur “des faveurs que Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci”, s’adresse à une société mixte composée d’hommes et de femmes. Par conséquent, le vrai sens ici est “Dieu a fait exceller certains hommes et femmes sur d’autres hommes et femmes”. Cela signifie que Dieu a donné à chacun des capacités et des caractéristiques différentes.

Le passage interprété en français comme “Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs que Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens” se réfère non à la supériorité des hommes sur les femmes mais seulement aux différences physiques. Les mots “… à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens” nous rappellent la responsabilité des hommes de pourvoir les femmes au sens matériel comme nous l’avons déjà vu en détail. Le passage “Les hommes ont autorité sur les femmes” est « Ar-Rijālu Qawwāmūna `Alá An-Nisā » en arabe.

La réelle signification de cette sentence arabe est “Les hommes veillent sur les femmes” ou “Les hommes sont responsables de la subsistance des femmes”.

Le mot “qawwam” dans le verset est traduit comme “dominateur ou maître” par de nombreux commentateurs. Cependant, dans tous les autres versets où ce mot apparaît, il n’a qu’une seule signification : “veiller et protéger”. Vous vous rappellerez que nous avons déjà vu comment il est nécessaire de comprendre l’utilisation et la signification des mots en arabe – une langue très riche – dans les versets en regardant comment ils sont employés dans d’autres versets. Cela vaut aussi pour le mot “qawwam”.

Le mot “qawwam” est dérivé de la racine “qwm”. En regardant tous les versets dans lesquels les formes de cette racine apparaissent, vous ne la trouverez nulle part employée pour signifier “dominateur ou maître”. En effet, le mot “hukkam” est utilisé dans le Coran pour désigner les gouverneurs et les dirigeants. En partant d’ici, nous pouvons aisément conclure que le vrai sens du mot dans le verset en question est “veiller et protéger”.

Nous pouvons mieux le constater lorsqu’on regarde le Coran en général. Comme nous l’avons souligné, les femmes ont généralement une position supérieure dans le Coran et elles sont libres mais elles sont aussi protégées contre toute possible difficulté. Défendre les femmes, les protéger au sens matériel et empêcher qu’elles soient exposées à des difficultés sont toutes des responsabilités qui appartiennent aux hommes (cela a été décrit dans les sections précédentes). Par conséquent, comme il apparaît clairement du terme “qawwam” dans le verset en question, les hommes ont le devoir de protéger les femmes continuellement et en toutes circonstances. Ce verset que certains fanatiques cherchent à utiliser comme preuve pour la supériorité masculine est un verset très important qui décrit la supériorité des femmes.

2. L’idée Erronée de “Frapper Les Femmes”

Malala Yousafzai, âgée de 16 ans, a été victime de tirs de balles dans la tête et le cou sur le chemin de l’école en raison de son blog dans lequel elle décrit l’oppression exercée par les talibans sur la population. Heureusement, Malala a été rétablie en pleine santé après un long traitement. Actuellement, elle se bat toujours pour les droits des jeunes filles à l’éducation.

Le mot d’origine arabe dans le verset 34 de la Sourate an-Nisa qui se lit “quant à celles dont vous craignez l’hostilité, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les” qui est traduit par “frappez” dans de nombreux textes est “adribūhunna”. la racine est le verbe “daraba” et celui-ci est peut-être le mot le plus polysémique en arabe. En plus du sens “frapper”, il est également employé pour “battre monnaie” et “se mettre en grève”. Prenons un exemple comparable en français. Lorsque quelqu’un dit “fais marcher la radio”, cela ne signifie pas que la personne attend que la radio soit déplacée. Quand des mots (ou des expressions) polysémiques sont utilisés, il est donc très important d’analyser de manière rationnelle et logique leur utilisation, le contexte et le vrai sens.

Un des sens les plus utilisés du mot “daraba” est voyager et sortir. En effet, le verbe “daraba” est utilisé dans les versets du Coran se référant au voyage, à partir en expédition ou aller quelque part pour une période de temps. Par exemple ;

Et quand vous parcourez (darabtum) la terre, ce n’est pas un péché pour vous de raccourcir la salat (la prière), si vous craignez que les incroyants ne vous mettent à l’épreuve… (Qur’an, 4:101)

Aux nécessiteux qui se sont confinés dans le sentier de Dieu, ne pouvant parcourir (darbaan) le monde… (Qur’an, 20:77)

O les croyants ! Ne soyez pas comme ces incroyants qui dirent à propos de leurs frères partis en voyage (darabū)…  (Qur’an, 2:273)

Et quand vous parcourez (darabtum) la terre…  (Qur’an, 3:156)

Le mot “daraba” n’est clairement pas utilisé au sens de “frapper” dans ces versets. la même chose s’applique au verset 34 de la Sourate an-Nisa que nous étudions ici. Lorsque nous analysons le mot “daraba” à la lumière de ce verset, nous retrouvons trois significations différentes qu’il y a lieu d’examiner : 1) Sortez-les de la maison, 2) Forcez-les à aller à l’extérieur du lieu où elles se trouvent ou 3) Frappez-les.

Afin de comprendre le sens dans lequel le mot daraba est utilisé dans le verset 34 de la Sourate an-Nisa, nous devons revenir aux mots “quant à celles dont vous craignez l’hostilité” au début du verset. Le mot “nushuz” est traduit par “rébellion et désobéissance” dans de nombreux textes. Certains commentateurs qui profitent de chaque occasion pour essayer d’inclure une idée dénigrante sur les femmes dans les versets, ajoutent soit “obéissance aux hommes” entre parenthèses ou bien, essaient d’apporter cette idée par de nombreuses traductions trompeuses. Cependant, le mot ”nushuz” signifie infidélité d’une femme allant de flirter jusqu’aux relations sexuelles illicites avec un autre homme que son mari. Par conséquent, la suite du verset décrit le comportement que l’époux devrait adopter envers sa femme qui a été infidèle. Il est d’abord dit à l’homme de conseiller à son épouse de ne plus agir ainsi. En cas d’échec, il lui est recommandé de dormir séparément. Mais si la femme persiste dans les relations illicites et commet l’adultère, alors la meilleure attitude à adopter est d’essayer d’éloigner celle-ci de la maison.

Il est bien évident que le Coran, dans lequel les femmes sont particulièrement protégées, ne contiendrait pas une telle pratique comme frapper les femmes. Si nous évaluons logiquement, battre une femme qui persiste à être infidèle malgré tous les avertissements n’apportera d’autre résultat que la colère chez la femme qui dans tous les cas, le trahit. Cela créera de nouveaux problèmes plutôt que de le résoudre. Mais l’éloigner est une solution. Une femme peut réfléchir plus logiquement pendant ce temps d’éloignement, peut éprouver des regrets face à ce comportement et peux évaluer les événements de manière plus saine. Le verset dit aussi que l’époux ne doit pas prendre d’autres mesures contre elle si elle se repent pour ses erreurs.

Dans cette section, le verset traduit ainsi “Si elles vous obéissent, alors ne cherchez plus de voie contre elles”, comporte encore une tentation de modeler le sujet sur la base de “une femme qui obéit à un homme”. Pourtant, dans la bonne traduction, le passage signifie en réalité “si elles suivent vos conseils et agissent fidèlement”. Le critère ici n’est pas l’obéissance ou non à l’homme, mais la “fidélité” qui est une responsabilité qui appartient aux deux parties dans un mariage.

Bien qu’il existe des campagnes de sensibilisation contre la violence envers les femmes dans la presse et les médias de radiodiffusion, à ce jour, il a été impossible d’empêcher cette violence à travers le monde. Cela est dû au fait qu’il n’y a aucune activité contre la mentalité fanatique qui constitue le fondement d’une telle violence sur le plan des idées et fondée soi-disant sur le Coran.

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