3.6 – Sourate An-Nur, Verset 31, 1ère Partie

Sourate An-Nur, Verset 31, 1ère Partie

Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines ; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. et repentez-vous tous devant Dieu, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès.(Coran, 24:31)

On retrouve dans presque toutes les traductions, le verset cité “qu’elles rabattent leur voile (de tête) sur leurs poitrines… ” mais le terme “voile (de tête)” n’apparaît pas en réalité dans le verset original en arabe. Le verset parle de “voile”, c’est-à-dire d’une étoffe, d’un tissu quelconque. Nous pouvons y voir plus clairement en examinant les significations des mots d’origine arabe :

“… rabattent leur voile sur leurs poitrines… ” (Coran, 24 : 31)

Wa Qul Lilmu’umināti Yaghđuđna Min ‘Abşārihinna Wa Yaĥfažna Furūjahunna Wa Lā Yubdīna Zīnatahunna ‘Illā Mā Žahara Minhā Walyađribna Bikhumurihinna `Alá Juyūbihinna Wa Lā Yubdīna Zīnatahunna ‘Illā Libu`ūlatihinna ‘Aw ‘Ābā’ihinna ‘Aw ‘Ābā’i Bu`ūlatihinna ‘Aw ‘Abnā’ihinna ‘Aw ‘Abnā’i Bu`ūlatihinna ‘Aw ‘Ikhwānihinna ‘Aw Banī ‘Ikhwānihinna ‘Aw Banī ‘Akhawātihinna ‘Aw Nisā’ihinna ‘Aw Mā Malakat ‘Aymānuhunna ‘Awi At-Tābi`īna Ghayri ‘Ūlī Al-‘Irbati Mina Ar-Rijāli ‘Awi Aţ-Ţifli Al-Ladhīna Lam Yažharū `Alá `Awrāti An-Nisā’ Wa Lā Yađribna Bi’arjulihinna Liyu`lama Mā Yukhfīna Min Zīnatihinna Wa Tūbū ‘Ilá Allāhi Jamī`āan ‘Ayyuhā Al-Mu’uminūna la `allakum Tufliĥūna

Wa Qul Lilmu’umināti Yaghđuđna Min ‘Abşārihinna Wa Yaĥfažna Furūjahunna Wa Lā Yubdīna Zīnatahunna ‘Illā Mā Žahara Minhā Walyađribna Bikhumurihinna `Alá Juyūbihinna Wa Lā Yubdīna Zīnatahunna ‘Illā Libu`ūlatihinna ‘Aw ‘Ābā’ihinna ‘Aw ‘Ābā’i Bu`ūlatihinna ‘Aw ‘Abnā’ihinna ‘Aw ‘Abnā’i Bu`ūlatihinna ‘Aw ‘Ikhwānihinna ‘Aw Banī ‘Ikhwānihinna ‘Aw Banī ‘Akhawātihinna ‘Aw Nisā’ihinna ‘Aw Mā Malakat ‘Aymānuhunna ‘Awi At-Tābi`īna Ghayri ‘Ūlī Al-‘Irbati Mina Ar-Rijāli ‘Awi Aţ-Ţifli Al-Ladhīna Lam Yažharū `Alá `Awrāti An-Nisā’ Wa Lā Yađribna Bi’arjulihinna Liyu`lama Mā Yukhfīna Min Zīnatihinna Wa Tūbū ‘Ilá Allāhi Jamī`āan ‘Ayyuhā Al-Mu’uminūna la `allakum Tufliĥūna

ya-dribna: :dérivé du verbe daraba, signifie “frapper, battre, laisser (quelque chose), couvrir, fermer”.

khumuri-hin-na: dérivé de khamara. Khamra signifie “vin, enivrant”. Dans ce verset, le mot signifie “voile”. Il est généralement utilisé pour signifier “toutes sortes de couvertures, rideau, paravent, abri, prétexte”.

juyubi-hin-na:Pluriel du mot juyub.  Il signifie « poitrine, sein, poche, cavité, col ».

Voyons maintenant mot par mot la partie du verset “wal-ya-dribna bi-khumuri-hin-na `alá juyūbi-hin-na” traduit par “… et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines”.

“Khimar” / Couvrir

Le mot khumur utilisé comme preuve pour le voile (de tête) couvre un large éventail de sens, et le pluriel du mot khimar signifiant “couverture” est dérivé de la racine khamara signifiant “couvrir”.

Les dictionnaires traduisent généralement le mot khimar au sens de “couverture” suggérant “tout ce qui couvre quelque chose”.

Par conséquent, le mot traduit par “voile” dans le verset signifie en fait juste une “couverture” et le mot “tête” n’apparaît nulle part dans le verset.

“Chercherai-je un autre juge que Dieu, alors que c’est Lui Qui a fait descendre vers vous ce Livre bien exposé ? Ceux auxquels Nous avons donné le Livre savent qu’il est descendu avec la vérité venant de ton Seigneur. Ne sois donc point du nombre de ceux qui doutent.(Coran, 6 : 114)

“Yadribna” / Frapper

Ce verbe dans le verset est traduit comme ceci “qu’elles rabattent, relâchent” par ceux qui souhaitent présenter le voile comme un commandement de Dieu dans le Coran. Leur objectif est de pouvoir utiliser les mots “et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines” afin de justifier leur idée préconçue que le verset se réfère à un voile déjà existant sur la tête. Cependant, la réalité est que le verbe n’a pas une telle signification et est utilisé comme suit :

Le verbe yadribna est dérivé de la racine daraba. Daraba signifie “frapper, battre, laisser, couvrir, fermer”. Quand le verset dit “et qu’elles frappent (walyadribna) leurs seins (juyubihinna) avec leur voile (bikhumurihinna)”, il se réfère à couvrir la partie des seins avec un voile.

Dans le Coran, le verbe yudnina est utilisé pour signifier “allonger, laisser ou faire tomber”. Cependant, ce verbe n’apparaît nulle part dans ce verset.

“Juyub” / Ouverture du col

Le mot juyub est le pluriel du mot jayb qui signifie “poche” (il est utilisé dans les explications comme “ouvrir une poche d’une chemise”, “mettre dans une poche” ou “prendre de sa poche”)

Il est aussi utilisé pour désigner « poitrine, sein, cœur, poche, porte-monnaie, creux, ouverture ».

Le mot juyub apparaît trois fois dans le Coran. Juyub est utilisé dans le verset 31 de la Sourate 24, tandis que le singulier du mot, jayb, apparaît dans deux endroits du récit du Prophète Moïse (psl). Il est utilisé comme suit dans ces deux versets :

et introduis ta main dans l’ouverture de ta tunique (fī jaybika). Elle sortira blanche… (Coran, 27 : 12)

Introduis ta main dans l’ouverture de ta tunique (fī jaybika) : elle sortira blanche sans aucun mal…(Coran, 28 : 32)

Le mot juyub dans ces deux versets est utilisé pour désigner le “sein” du Prophète Moïse (psl). En tenant compte de l’ensemble des faits, il est clair que lorsque le mot juyub est utilisé avec le mot khimar, il signifie couvrir le sein. Le verset ne contient aucune référence à “couvrir la tête”.

Par conséquent, le vrai sens du passage interprété généralement par “… qu’elles rabattent leur voile (de tête) sur leurs poitrines” est en fait “qu’elles couvrent leurs seins avec leur voile (quelconque)”. Le commandement dans le verset se réfère à couvrir les seins et non la tête.

DICTIONNAIRE TURC-ARABE
Le mot juyub dans le verset 31 de la Sourate 24 signifie “sein” et le mot khumur signifie couvrir. Le verset se réfère au voile des seins. Il n’y a rien qui exprime le voile de la tête dans le verset.

Les Traductions Trompeuses Ou Incorrectes Basées Sur des Hadiths Fabriqués

Pour être en mesure de produire un commandement se référant au “voile de tête” à partir du verset 31 de la Sourate 24, diverses interprétations trompeuses ont parfois été employées par les commentateurs lors de la traduction du verset. L’objectif derrière était de pouvoir adapter le verset en fonction des hadiths fabriqués que nous allons bientôt analyser (certainement le verset est au-delà de cela). la principale interprétation trompeuse en cause a été apportée par la mauvaise traduction de “… qu’elles rabattent leur voile (de tête) sur leurs poitrines… ”

Une Fausse Interprétation : “Qu’elles Rabattent Leur Voile (de Tête)”

Il n’y a aucune référence au voile (de tête) dans le Coran. Néanmoins, certains commentateurs ont essayé de produire un commandement forcé à partir du Coran sur le voile de la tête pour faire concorder avec des hadiths fabriqués.

Comme nous l’avons vu à partir de l’analyse de la langue arabe, ce passage interprété dans certaines traductions comme “… qu’elles rabattent leur voile (de tête) sur leurs poitrines… ” ne contient ni une référence au ”voile (de tête)”, ni au fait de “rabattre”. Mais certaines personnes désireuses d’interpréter le verset selon ces lignes, tombent dans de graves contradictions et erreurs concernant le sens car leurs interprétations contredisent le Coran. Beaucoup d’entre eux font des commentaires surprenants comme : “Elles ont rabattu sur leurs poitrines le voile qu’elles portaient déjà sur leur tête”, soutenant que les femmes avaient déjà un voile sur leur tête. Pour que les femmes musulmanes de l’époque “aient déjà un voile sur leur tête”, il faudrait un commandement en ce sens dans le Coran. Cependant, le voile (de tête) ne figure nulle part dans le Coran. Il est donc impossible que les femmes de l’époque aient porté un voile sur la tête en vertu d’un commandement religieux. L’idée du “voile déjà existant sur leur tête” dans certains commentaires est donc une grave erreur de logique. Penchons-nous maintenant sur ces failles de logique :

1. Pour sauvegarder l’idée de “voile (de tête) déjà présent sur la tête”, certains commentateurs suggèrent que la référence jilbab qui est la burqa dans le verset 59 de la sourate 33, a été révélée avant le verset 31 de la Sourate 24 et que les femmes musulmanes portaient donc déjà un voile sur leur tête. Comme nous le verrons en détail, le jilbab est un morceau de tissu qui couvre l’ensemble du corps, de la tête aux pieds ; il vise essentiellement à couvrir l’ensemble du corps. Si nous nous souvenons que le verset 31 de la Sourate 24 commande aux femmes de couvrir leurs seins, nous pouvons voir qu’il n’y a aucune possibilité que la poitrine d’une femme portant le jilbab soit découverte, de sorte que le verset ne s’adresse pas aux femmes qui couvrent leur tête et leur corps. Les gens qui font cette affirmation semblent avoir oublié ce point très important et fondamental.

2. Les femmes dans les sociétés arabes de l’époque se déplaçaient nues et c’est pourquoi ce verset a été descendu. Après ce verset, les femmes musulmanes ont commencé à couvrir leurs seins qui étaient exposés. Rappelons-nous que le mot juyub dans le verset signifie sein, et que le vrai sens du passage en question est “qu’elles couvrent leurs seins avec leur voile (quelconque)”.

3. Selon certains commentateurs qui insistent sur l’idée d’un “voile (de tête) préexistant”, les femmes en question se couvraient déjà la tête avec des voiles mais selon leur mode de pensée, leurs poitrines étaient en quelque sorte complètement découvertes ! Selon cette logique bizarre, les femmes sont parvenues à penser à se couvrir la tête mais pas à couvrir leurs seins (certainement les Musulmans sont au-delà de cela). Elles étaient soi-disant scrupuleuses pour se couvrir la tête mais se promenaient nues. C’est la conclusion inévitable de l’idée de “voile préexistant” de ces commentateurs. Avec cette interprétation, ces personnes soutiennent que les femmes “ayant leurs seins exposés mais leur tête voilée” ont été informées de laisser tomber leur voile jusqu’à couvrir leur poitrine. Cette terrible faille de logique résulte des tentatives d’inclure l’idée de voile (de tête) dans le Coran.

4. Selon cette étrange idée, “le voile (de tête) préexistant” devait être si long qu’il pouvait être tiré vers le bas de manière à recouvrir complètement la poitrine des deux côtés. Par conséquent, chacune des femmes de ce temps qui erraient nues portaient “déjà” le voile (de tête) qui était aussi long pour couvrir complètement le corps. la mauvaise interprétation du verset suivant la ligne “qu’elles devaient replier leur voile (de tête)” a ainsi conduit les partisans de cette idée à une erreur de logique. C’est la conséquence de la tentative d’imputer un autre sens à ce verset explicitement clair.

Les faux hadiths fabriqués pour inclure le voile (de tête) à ce verset aboutissent à de bien pires distorsions logiques. Nous décrirons cela dans les sections suivantes.

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